En direct
A suivre

Pourquoi la chercheuse Fariba Adelkhah est-elle emprisonnée en Iran ?

La chercheuse n'a plus donné de nouvelles depuis le 5 juin dernier La chercheuse n'a plus donné de nouvelles depuis le 5 juin dernier[©Georges Seguin - Wikipédia]

Un scénario digne du Bureau des Légendes. Fariba Adelkhah, anthropologue franco-iranienne et directrice de recherche à Science Po, est-elle victime de la crise géopolitique ? Elle est emprisonnée depuis début juin à Téhéran alors que l'Iran se livre à une guerre de mots et de sanctions avec les États-Unis, sur fond d'accord sur le nucléaire.

L'annonce de cette arrestation, le 15 juillet, intervient quelques jours seulement après le déplacement du conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron en Iran. Ce dernier devait apaiser les tensions, alors que Téhéran reproche aux Européens de ne pas plus les soutenir dans ce dossier.

L'accord sur le nucléaire devait en effet permettre l'abandon des sanctions américaines et l'ouverture de l'économie iranienne au reste du monde. Cependant, depuis l'élection de Donald Trump, l'accord est tombé à l'eau, les sanctions sont de retour et ont même été amplifiées au point de créer une grave crise économique. L'Europe, sans arme face à la puissance américaine, n'a pas su contrôler le président américain sur ce dossier. 

L'arrestation de la ressortissante française, couplée à l'annonce de l'enrichissement d'uranium au-delà des normes fixées par l'accord de 2015, pourrait ainsi permettre au régime de la République islamique de faire un peu plus pression sur la France et l'Europe. Le tout dans le but d'obtenir des aides afin de se sortir de cette situation économique complexe. 

Les Gardiens de la Révolution au centre du jeu ? 

Une autre possibilité serait l'organisation de l'arrestation par les gardiens de la révolution. Ce bras armé de l'ayatollah Khamenei représente la branche dure du régime. Selon certains observateurs, ils auraient intérêt à voir les discussions entre l'Iran et l'Occident s'effondrer, et auraient monté l'opération dans ce but. 

Ce mystère est d'autant plus épais que le motif de l'arrestation de Fariba Adelkah reste flou. Si certains médias locaux parlent d'accusation d'espionnage, aucune communication n'a été réalisée par l'Iran ou la France sur le sujet. Emmanuel Macron a affirmé sa préoccupation dans cette affaire alors qu'il était en voyage officiel en Serbie. «J'ai exprimé mon désaccord et demandé des clarifications au président Rohani», a expliqué le chef d'État. 

La difficulté pour la chercheuse, qui n'a plus donné de nouvelles depuis un mail le 5 juin dernier, est que sa double nationalité n'est pas reconnue dans le pays. Étant seulement iranienne aux yeux du régime, les discussions consulaires pour obtenir sa protection et entrer en contact avec elle sont plus difficiles, et sa libération pourrait prendre encore plus de temps. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités