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Guerre commerciale, Syrie, Kim Jong-un... Donald Trump, un adepte de la «politique-surprise»

Fin juin, Donald Trump est devenu le premier président américain en exercice à poser le pied en Corée du Nord, en compagnie de Kim Jong-un, après lui avoir adressé une invitation inattendue via Twitter. Fin juin, Donald Trump est devenu le premier président américain en exercice à poser le pied en Corée du Nord, en compagnie de Kim Jong-un, après lui avoir adressé une invitation inattendue via Twitter. [Brendan Smialowski / AFP]

Depuis son élection en novembre 2016, le président américain Donald Trump s'est fait une spécialité des décisions surprises, qui prennent tout le monde de court, parfois même sa propre administration. A l'image notamment de l'annonce, jeudi 1er juillet sur Twitter, de l'imposition de nouveaux droits de douane sur 300 milliards de dollars d'importations chinoises. Petit florilège de ces gestes que personne n'attendait.

La relance de la guerre commerciale avec la Chine

Les négociations entre les Etats-Unis et la Chine pour trouver une issue à la guerre commerciale entre les deux pays venaient de reprendre, ce mercredi 31 juillet à Shanghaï, après trois mois sans aucune rencontre entre les représentants des deux puissances. Washington avaient même jugées ces discussions «constructives». Mais le lendemain, ce jeudi 1er août, Donald Trump surprend tout son monde en remettant finalement une pièce dans la machine de la guerre commerciale.

Sur Twitter, son canal de communication favori, il annonce que son administration va infliger, à compter du 1er septembre, «de petits droits de douane supplémentaires de 10 % sur les 300 milliards de dollars» d'importations chinoises jusque-là épargnées. Ainsi, à compter de cette date, la totalité des importations chinoises aux Etats-Unis vont être taxées. Le milliardaire républicain avait pourtant confié récemment qu'il n'entendait «pas ajouter» de tarifs douaniers sur les importations venant de Chine, ni en supprimer, «au moins pour le moment».

Selon Donald Trump, sa décision surprise s'explique par le fait que Pékin n'a pas tenu à ses yeux deux engagements très importants : des achats massifs de produits agricoles américains et un coup d'arrêt aux ventes de fentanyl, un opiacé très puissant qui fait des ravages aux Etats-Unis et dont la Chine est l'un des principaux producteurs.

Le retrait des troupes américaines de Syrie

Estimant avoir vaincu Daesh, Donald Trump annonce le 19 décembre sur Twitter, à la surprise générale, le retrait des 2 000 soldats américains présents en Syrie. «Nous avons vaincu Daesh en Syrie, ma seule raison d’y être pendant la présidence Trump», a-t-il affirmé dans un tweet. «Nous avons gagné. (...) Il est temps que nos troupes rentrent à la maison. Nos garçons, nos jeunes femmes, nos hommes, ils rentrent tous, et ils rentrent maintenant», a-t-il ensuite confirmé dans une vidéo publiée sur Twitter.

Une décision prise contre l'avis de sa propre administration. Ces derniers mois, de hauts responsables militaires américains avaient effet multiplié les mises en garde contre un retrait précipité de Syrie, qui laisserait le champ libre aux alliés du régime de Bachar al-Assad, à savoir la Russie et l'Iran. Le président américain n'avait pas non plus prévenu au préalable les autres pays membres de la coalition internationale antijihadiste. La France a notamment condamné ce geste, par la voix d'Emmanuel Macron, qui a déclaré «qu'un allié se doit d'être fiable, de se coordonner avec ses autres alliés».

Mais Donald Trump a depuis été semble-t-il en partie convaincu de la précipitation de sa décision, notamment par certains alliés occidentaux des Kurdes, menacés par cette annonce. Le chef d'Etat américain a en effet accepté que les Etats-Unis laissent 400 soldats américains en Syrie, sans spécifier combien de temps, et ce malgré l'annonce en mars dernier de la fin du «califat» de Daesh dans le pays.

Une invitation surprise à Kim Jong-un

Pour relancer les discussions avec Kim Jong-un au sujet de la dénucléarisation de la Corée du Nord, au point mort depuis l'échec de leur second sommet en février, Donald Trump a adressé directement via un message Twitter une invitation au leader nord-coréen le 29 juin dernier. «Pendant que je serai là-bas [en Corée du Sud], et si le président Kim voit ce message, je pourrais le rencontrer à la frontière juste pour lui serrer la main et dire bonjour (?) !», a écrit sur le réseau social le président américain à Osaka (Japon), où il participait au sommet du G20.

Une invitation acceptée par Kim Jong-un, et qui a conduit à une rencontre historique. Donald Trump est en effet devenu le 30 juin le premier président américain en exercice à poser le pied en Corée du Nord, en compagnie du leader nord-coréen, au niveau de la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées. 

Cette sollicitation du locataire de la Maison Blanche à son homologue nord-coréen avait surpris bon nombre d'observateurs. Elle était selon selon Donald Trump totalement improvisée. «J'y ai pensé ce matin», avait-il lancé après avoir publié son tweet. Mais ce n'était pas vraiment le cas en réalité. Le président américain avait en effet trahi son projet une semaine avant dans une interview à The Hill. Mais le journal avait accepté la demande de la Maison Blanche de taire ses propos pour ne pas compromettre les préparatifs de sécurité de la rencontre.

Selon Nicole Bacharan, politologue spécialiste des Etats-Unis, tous ces exemples de décisions inattendues peuvent s'expliquer par la volonté de Donald Trump de «toujours susciter l'attention» et de «montrer que c'est lui le chef, que c'est lui qui décide». Mais cette politique «n'a pas permis d'obtenir des résultats», affirme la spécialiste, qui cite notamment le dossier nord-coréen. Depuis la rencontre surprise entre Donald Trump et Kim Jong-un à la frontière coréenne, on ne peut pas dire en effet que la Corée du Nord joue l'apaisement. Le pays a effectué en une semaine pas moins de trois tests de missiles, le dernier ayant eu lieu ce vendredi 2 août.

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