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Russie : pourquoi des milliers d'opposants manifestent chaque samedi à Moscou

Des manifestants dans les rues de Moscou, le 27 juillet dernier, pour exiger du pouvoir qu'il intègre tous les candidats d'opposition au scrutin local du 8 septembre prochain. Des manifestants dans les rues de Moscou, le 27 juillet dernier, pour exiger du pouvoir qu'il intègre tous les candidats d'opposition au scrutin local du 8 septembre prochain. [Kirill KUDRYAVTSEV / AFP]

Pour le cinquième week-end consécutif, des milliers de Russes descendront dans la rue à Moscou, ce samedi 10 août. Un mouvement de contestation majeur, l'un des plus importants depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012, lié aux élections locales de septembre.

Le 8 septembre prochain, les Russes seront appelés aux urnes pour voter pour leurs députés locaux. A Moscou, 45 sièges sont en jeu, les représentants étant élus pour un mandat de cinq ans. Même si ce scrutin a peu d'enjeu, le Parlement de la capitale russe disposant de prérogatives limitées, l'opposition s'était massivement mobilisée, en présentant des dizaines de candidats.

Un siège de député offre en effet de la visibilité - alors que l'opposition est souvent interdite de participer aux élections nationales, notamment présidentielles -, et des moyens d’investigation pour enquêter sur les marchés publics passés par la mairie de Moscou, qui pourraient selon l'opposition permettre de découvrir des circuits de corruption et de détournement de fonds dans la gestion d'une ville au budget annuel faramineux de 38 milliards d'euros.

des candidatures d'opposants invalidées

Mais douche froide pour les opposants le 17 juillet, avec la décision de la commission électorale de Moscou d'invalider 57 candidatures indépendantes, dont celles de proches d'Alexeï Navalny, blogueur anticorruption et adversaire numéro 1 du Kremlin. Selon les autorités, ces candidats n'ont pas recueilli le nombre nécessaire de signatures d'électeurs pour se présenter, prétextant des vices de forme et des irrégularités. Mais l'opposition dénonce quant à elle des manipulations, destinées à avantager les candidats du pouvoir ou tolérés par le Kremlin. Un candidat a notamment raconté s'être vu attribuer un nombre de signatures fausses plus élevé que les signatures réellement présentées.

Après une première manifestation à Moscou le dimanche 14 juillet, alors que les Russes commençaient à avoir vent de l'invalidation des candidatures d'opposants, la mobilisation a réellement pris le samedi 20 juillet, après l'annonce officielle de la commission électorale. Environ 20.000 personnes, dont des figures de l'opposition, se rassemblent dans le centre de Moscou pour une action de protestation autorisée par les autorités, afin de réclamer des élections libres et équitables.

Des centaines d'interpellations

Tous les samedis depuis, les Russes se réunissent dans la capitale russe, pour faire part de leur colère et exiger du pouvoir qu'il intègre tous les candidats d'opposition au scrutin local de septembre. Et ce, malgré l'absence d'autorisation de manifester. En réponse, les deux dernières mobilisations, le 27 juillet et le 3 août, jugées illégales par les autorités, ont été durement réprimées par la police. La première s'est soldée par près de 1 400 arrestations (du jamais vu depuis le mouvement de contestation de 2012 contre le retour au Kremlin du président Vladimir Poutine, selon l'ONG OVD-Info), la seconde par environ 700 interpellations.

En parallèle, les autorités russes mettent la pression sur les manifestants. Après la mobilisation du 27 juillet, des enquêtes pour «organisation de troubles massifs» (une accusation passible de 15 ans de prison) et pour «violences» à l'encontre de la police (un délit passible de cinq ans d'emprisonnement) ont été lancées. Des accusations contestées par les opposants, qui arguent au contraire avoir été victimes de la répression musclée de la police.

Parmi les protestataires, Alexeï Navalny est particulièrement ciblé par le pouvoir. Visé par une enquête pour «blanchiment», il a vu jeudi 8 août les comptes de son organisation (le Fonds de lutte contre la corruption) et de certains de ses collaborateurs être gelés par la justice russe. Le 28 juillet, il avait été hospitalisé, à cause officiellement d'une «grave réaction allergique», mais lui et son entourage n'excluent pas qu'il ait été empoisonné par un «agent toxique».

Mais cele ne refroidit pas les contestataires. Malgré le rejet par la commission électorale, mercredi 7 août, des recours de plusieurs candidats d'opposition interdits de se présenter à Moscou, une nouvelle manifestation - autorisée par la mairie - est prévue dans la capitale russe ce samedi 10 août. Selon le média en ligne indépendant The Moscow Times, des soutiens d'Alexeï Navalny dans 40 villes, de Saint-Pétersbourg à Vladivostok, ont annoncé l'organisation de «piquets de grève en solidarité avec Moscou», ce samedi.

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