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Venezuela : le camp Maduro envisage des législatives anticipées

La président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Diosdado Cabello, brandit un drapeau du Venezuela lors d'une session, le 12 août 2019 à Caracas [Federico Parra / AFP] La président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Diosdado Cabello, brandit un drapeau du Venezuela lors d'une session, le 12 août 2019 à Caracas [Federico Parra / AFP]

L'Assemblée constituante du Venezuela, acquise au président socialiste Nicolas Maduro, a annoncé lundi qu'elle envisageait de convoquer des élections législatives anticipées afin de renouveler le Parlement, seule institution contrôlée par l'opposition.

«Je vais proposer une commission (...) pour évaluer conformément à la loi, à la Constitution et à la situation politique de notre pays, avec des consultations de tous les organismes, du peuple, de la rue, quand sera le meilleur moment de procéder à ces élections», a déclaré le président de l'Assemblée constituante (ANC) Diosdado Cabello lors d'une séance.

«S'il résulte de cette consultation que ce doit être le 1er janvier [2020], nous organiserons ces élections de l'Assemblée nationale le 1er janvier. S'il s'avère que ces élections doivent être effectuées cette année (...), elles se feront comme le dit la consultation», a déclaré le numéro deux du régime chaviste, qui espère donner «cette information au pays dans les prochains jours».

Les élections pour renouveler l'Assemblée nationale, présidée par l'opposant Juan Guaido, sont initialement prévues pour 2020.

Des membres de l'Assemblée nationale constituante (ANC) agitent des drapeaux vénézuéliens lors du discours de son président Diosdado Cabello, le 12 août 2019 à Caracas [Federico Parra / AFP]
Des membres de l'Assemblée nationale constituante (ANC) agitent des drapeaux vénézuéliens lors du discours de son président Diosdado Cabello, le 12 août 2019 à Caracas [Federico Parra / AFP]

L'opposition a remporté la majorité au Parlement en décembre 2015 pour une période de cinq ans, mais peu après son entrée en fonctions, la Cour suprême de justice (TSJ), une institution réputée proche du gouvernement de Nicolas Maduro, a frappé de nullité ses travaux.

La Constituante, dotée des pleins pouvoirs, avait été élue en juillet 2017 lors d'un scrutin contesté afin de contourner le Parlement dominé par l'opposition, après des mois de manifestations anti-Maduro qui avaient fait 125 morts.

Son mandat, prolongé en mai jusqu'à fin 2020, comprenait la rédaction d'une nouvelle Constitution d'ici août 2019, mais aucun projet n'a été rendu public jusqu'à présent.

«Persécution»

Juan Guaido, reconnu président du Venezuela par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis, a réagi sur Twitter : «La dictature est devenue prévisible dans le seul outil qui lui reste : la persécution. Hier (dimanche), nous avions averti d'une nouvelle attaque de la dictature. Aujourd'hui, ils poursuivent illégalement quatre nouveaux députés et menacent d'anticiper illégalement les élections parlementaires».

«Aucune de ces décisions inconstitutionnelles n'a de validité ou de reconnaissance: personne ne reconnaît la fausse TSJ ou la Constituante frauduleuse; il ne leur reste que la répression. Ils empêchent toute solution pacifique afin de défendre leurs affaires et leurs intérêts personnels», a-t-il ajouté.

L'opposant Juan Guaido (g) salue Rafaela Requesens (d), la soeur du député Juan Requesens, lors d'une manifestation demandant la libération du parlementaire incarcéré, le 7 août 2019 à Caracas [Federico Parra / AFP/Archives]
L'opposant Juan Guaido (g) salue Rafaela Requesens (d), la soeur du député Juan Requesens, lors d'une manifestation demandant la libération du parlementaire incarcéré, le 7 août 2019 à Caracas [Federico Parra / AFP/Archives]

La Cour suprême (TSJ) a lancé des poursuites lundi contre trois députés pour haute trahison, dans le cadre du soulèvement militaire raté du 30 avril orchestré par M. Guaido. Les députés José Guerra, Tomas Guanipa et Juan Pablo Garcia s'ajoutent ainsi à la douzaine de parlementaires déjà poursuivis.

«C'est un moyen de continuer à anéantir l'Assemblée nationale, de l'empêcher de faire son travail et d'avancer dans la politique d'intimidation que le gouvernement applique contre ceux qui pensent différemment», a réagi Tomas Guanipa auprès du site Venepress.

La TSJ a transmis l'ouverture des poursuites à la Constituante, qui a levé l'immunité parlementaire des députés visés afin qu'ils puissent être traduits devant des tribunaux ordinaires.

«Contre-attaque révolutionnaire»

Une vingtaine de députés ont déjà été déchus de leur immunité et ont trouvé refuge dans des bâtiments diplomatiques, à l'étranger ou dans la clandestinité.

«Le temps de la défensive est révolu, maintenant place à la contre-attaque révolutionnaire», a lancé Diosdado Cabello lors de la session de l'ANC, également convoquée pour rejeter les sanctions annoncée le 5 août par le président américain Donald Trump, qui avait ordonné un gel total des biens aux Etats-Unis du gouvernement vénézuélien.

L'opposant Juan Guaido (g) et le président Nicolas Maduro (d) [YURI CORTEZ, Juan BARRETO / AFP/Archives]
L'opposant Juan Guaido (g) et le président Nicolas Maduro (d) [YURI CORTEZ, Juan BARRETO / AFP/Archives]

Le Venezuela traverse actuellement la crise politique et économique la plus dure de son histoire récente, marquée par la récession, l'hyperinflation et la lutte pour le pouvoir entre Juan Guaido et Nicolas Maduro.

Après des contacts exploratoires et une première rencontre mi-mai à Oslo sous l'égide de la Norvège, les discussions entre les représentants du gouvernement et ceux de Juan Guaido avaient repris le 8 juillet à La Barbade.

M. Maduro a décidé début août de suspendre la participation de ses représentants à ces pourparlers en réaction aux nouvelles sanctions américaines. Trois jours après, il s'est dit «prêt à parvenir à des accords» avec l'opposition.

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