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Les 3 enjeux du sommet du G7 à Biarritz

Donald Tusk, Theresa May, Angela Merkel, Donald Trump, Justin Trudeau, Emmanuel Macron, Shinzo Abe, Giuseppe Conte et Jean-Claude Juncker lors du sommet du G7 en juin 2018 à La Malbaie, au Canada. Donald Tusk, Theresa May, Angela Merkel, Donald Trump, Justin Trudeau, Emmanuel Macron, Shinzo Abe, Giuseppe Conte et Jean-Claude Juncker lors du sommet du G7 en juin 2018 à La Malbaie, au Canada.

Du 24 au 26 août prochain, la ville française de Biarritz sera au centre du monde, puisqu'elle accueillera le sommet du G7, réunissant sept des plus grandes puissances mondiales : France, Etats-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, Japon, Italie et Canada. Même si le thème de cette 45e édition est la lutte contre les inégalités, d'autres enjeux seront à surveiller.

la première rencontre entre donald trump et boris johnson

Même tignasse blonde, goût pour les frasques et les provocations, accents populistes... Les médias internationaux et les différents observateurs ont souvent comparé Donald Trump et Boris Johnson. La première rencontre entre le président américain et le Premier ministre britannique, à l'occasion du G7, sera donc scrutée de près. But de cette entrevue, aborder la question du Brexit. Les deux hommes espèrent en effet conclure un accord de libre-échange ambitieux entre leurs deux pays après la sortie du Royaume-Uni de l'UE, prévue le 31 octobre.

Ce face-à-face promet en tout cas d'être chaleureux, Donald Trump n'ayant pas été avare de compliments envers le nouveau dirigeant britannique depuis que ce dernier s'est lancé dans la course au 10 Downing Street. Après avoir déclaré début juin qu'il ferait un «excellent» Premier ministre, il a été l'un des premiers à le féliciter après sa victoire le 23 juillet. «Il sera formidable», a-t-il tweeté.

Mais il n'y a pas que Donald Trump qui compte aborder la question du Brexit avec «BoJo» lors du G7. Ses homologues européens - Emmanuel Macron et Angela Merkel en tête - aussi. En effet, les Européens veulent éviter à tout prix un divorce sans accord, une option que n'exclut pas le dirigeant britannique. Ce dernier agite cette menace pour pousser l'UE à accepter de renégocier l'accord de retrait, ce qu'elle refuse pour l'instant catégoriquement. Les discussions promettent donc d'être tendues.

Emmanuel Macron en organisateur en chef

Emmanuel Macron veut profiter que ce G7 soit organisé en France - grâce au fait que l'Hexagone préside le «Groupe des Sept» cette année - pour y imprimer sa patte. L'Elysée explique ainsi que ce sommet aura «un format renouvelé», notamment dans la composition du groupe de pays y participant. «Le temps où un club de pays riches pouvait définir seul les équilibres du monde est depuis longtemps dépassé», avait en effet déclaré Emmanuel Macron dans son discours à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2018.

Le chef d'Etat français a mis cette annonce à exécution, en invitant à ce G7 plusieurs autres dirigeants étrangers (Inde, Afrique du Sud, Chili, Egypte, Australie, Sénégal...), et en impliquant la société civile aux préparatifs. Une «journée de dialogue» avec des ONG, des associations et des experts sera organisée à l'Elysée à la veille de l'ouverture du sommet, le 23 août. Mais, dans un communiqué, un collectif d’ONG internationales a malgré tout regretté, le 9 août dernier, d’être tenu à l’écart du sommet, soulignant que le gouvernement n'était «prêt à accorder qu’une dizaine d’accréditations aux ONG, soit la plus faible représentation des organisations de la société civile depuis 2005».

Emmanuel Macron a également fait le choix d'intégrer implicitement au sommet la Russie, exclue depuis 2014 à cause de l'annexion de la Crimée. A cinq jours du G7, le président français rencontre en effet ce lundi 19 août son homologue russe Vladimir Poutine au fort de Brégançon, résidence d'été du chef de l'Etat français. Ils y aborderont les principaux dossiers chauds internationaux du moment, des crises en Syrie et en Ukraine à l'accord sur le nucléaire iranien.

But de toute cette démarche selon l'Elysée, favoriser l'émergence de «coalitions de pays acteurs» désireux de «proposer des solutions concrètes sur les grands défis», comme la lutte contre les inégalités, le combat contre le réchauffement climatique ou la coopération avec l'Afrique. Ainsi, la décision a été prise de supprimer la déclaration commune, traditionnellement signée par tous les dirigeants à la fin de chaque G7. Emmanuel Macron a été marqué par l'échec du sommet de l'an dernier, lors duquel Donald Trump avait retiré son soutien au communiqué final, après lui avoir pourtant donné son aval.

Des divergences au menu

C'est le cas lors de chaque G7, mais c'est sans doute encore plus vrai pour celui-ci : les sujets de désaccord entre les pays membres de ce club très fermé semblent nombreux. Sans surprise, ce sont les Etats-Unis de Donald Trump qui concentrent le plus de dossiers qui fâchent.

Emmanuel Macron, fervent partisan du multilatéralisme et hôte du sommet, devrait essayer de convaincre Donald Trump de freiner la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, qui inquiète les marchés financiers internationaux et pourrait à terme avoir un impact sur la croissance mondiale.

Sauf que les relations entre les deux pays se sont refroidies ces dernières semaines, en raison notamment de la création en France fin juillet d'une taxe sur les géants du numérique, qui va concerner en particulier les GAFA américains (Google, Amazon, Facebook, Apple). En réponse, le locataire de la Maison Blanche a menacé de mettre en place des taxes sur le vin français, dénonçant la «stupidité» d'Emmanuel Macron.

Autre dossier qui cristallise les tensions, notamment entre Paris et Washington : la crise entre les Etats-Unis et l'Iran. Les Européens espèrent encore sauvegarder l'accord sur le nucléaire iranien de 2015. En mai 2018, Washington en est sorti et resserre depuis l'étau des sanctions contre la République islamique. Les dirigeants de l'UE devraient profiter du sommet du G7 pour faire du lobbying auprès de Donald Trump, en particulier Emmanuel Macron, qui veut jouer les médiateurs entre les deux pays. Une ambition qui a jusque-là été mal prise par le président américain, qui a reproché à son homologue français le 8 août dernier de parler à Téhéran au nom des Etats-Unis.

Cette crise avec l'Iran va en plus au-delà du seul programme nucléaire du pays. Celui-ci a en effet également provoqué des tensions entre Washington et Téhéran dans le détroit d'Ormuz, passage stratégique pour la circulation du pétrole (30 % du transport maritime mondial de pétrole y transitent), reliant le golfe Persique au golfe d'Oman. Deux pétroliers y ont été saisis par l'Iran (dont un tanker britannique), plusieurs navires y ont été attaqués ou endommagés par des mines et un drone américain y a été abattu par Téhéran.

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