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5 choses que vous devriez faire avant le Brexit

Il est par exemple plus prudent de prévoir votre week-end à Londres avant le 31 octobre, pour éviter quelques désagréments. Il est par exemple plus prudent de prévoir votre week-end à Londres avant le 31 octobre, pour éviter quelques désagréments. [PHILIPPE HUGUEN / AFP]

Mieux vaut s'y préparer. Le 31 octobre prochain, soit dans un peu plus de deux mois, le Royaume-Uni devrait (enfin) quitter l'Union européenne. Avec Boris Johnson désormais aux manettes du pays, le risque d'une sortie sans accord, ou «no deal», se fait de plus en plus menaçant. Voici donc une liste non exhaustive de choses que vous devriez faire avant la fin octobre, au risque sinon de le regretter.

Passer un week-end à Londres

Londres, ses pubs, son palais de Buckingham, Big Ben, ses stades de foot, Hyde Park, son British Museum. Si vous voulez aller faire un tour dans l'excitante capitale anglaise, mieux vaut vous y rendre avant le 31 octobre. En effet, même s'il n'y aura pas besoin de visa pour les séjours courts de moins de 90 jours (même en cas de Brexit sans accord), votre voyage pourrait malgré tout ne pas se faire dans des conditions optimales.

Premièrement, le transport entre la France et le Royaume-Uni ne devrait pas être de tout repos. En cas de «no deal», les touristes devront en effet se soumettre à des contrôles d'immigration supplémentaires. Selon un document confidentiel divulgué par le Sunday Times, cela entraînerait des retards dans les gares côté britannique (notamment Saint-Pancras à Londres) et côté français (à la gare du Nord à Paris notamment), tout comme dans les aéroports. Et ce ne seront pas des retards de cinq minutes. Selon un autre rapport confidentiel du gouvernement britannique, publié par le Financial Times, des files d'attente de 15.000 personnes, longues de 1,6 kilomètre, pourraient se former à la gare Saint-Pancras dans le cas où les fonctionnaires français seraient peu efficaces. Il faudra donc prendre son mal en patience.

Si vous arrivez malgré tout à survivre à cette épreuve, vous ne serez malheureusement pas au bout de vos peines. Une fois à Londres, si vous voulez téléphoner à votre maman pour lui dire que vous êtes bien arrivé, attention à la facture. En effet, si le Royaume-Uni quitte l'UE sans accord, les frais d'itinérance - qui n'existent plus dans l'UE depuis juin 2017 - pourraient être rétablis pour les Européens se déplaçant outre-Manche. Ce qui signifie que vous devrez payer des surcoûts en cas d'utilisation de votre téléphone portable (appels, SMS, MMS, internet) au Royaume-Uni. Même punition si vous souhaitez acheter un petit souvenir bien kitsch avec votre carte bleue : les frais bancaires devraient être plus importants en cas de «no deal».

Acheter une Mini, du whisky et du saumon

On ne pousse pas à la consommation, mais tout de même. Certes, le risque de pénuries de produits de première nécessité est moins grand en France qu'au Royaume-Uni - quoique les experts du secteur de la santé ont récemment alerté contre la possibilité d'un manque de médicaments en Europe. Mais c'est un autre effet néfaste du «no deal» qui fait peur : la hausse des prix des produits venant du Royaume-Uni. Dans ce scénario, des droits de douane seraient appliqués sur les produits britanniques importés dans l'UE (alors qu'ils en sont pour l'instant exonérés), ce qui ferait mécaniquement augmenter leur prix.

Certains produits concernés sont mythiques : plusieurs modèles de voitures de la marque anglaise Mini (appartenant au groupe allemand BMW) assemblés outre-Manche, le whisky anglais et écossais (à consommer avec modération bien sûr), ou encore le saumon d'Ecosse. Seraient également touchés par cette hausse de prix d'autres modèles de voitures (la Honda Civic, l'Opel Astra, les Nissan Juke et Qashqai, les flottes de Land Rover et de Jaguar), tout comme les produits vendus dans les magasins français de la chaîne de grande distribution britannique Marks & Spencer. Il est donc temps de faire des réserves.

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Partir au royaume-uni en Erasmus

Si vous êtes étudiant ou étudiante et que vous avez toujours rêvé de passer un semestre au Royaume-Uni, c'est le moment ou jamais. En effet, on ne sait toujours pas si le pays fera toujours partie du programme d'échange Erasmus (appelé désormais Erasmus+) après son retrait de l'UE, qu'il y ait un accord ou non.

S'il n'est pas trop tard pour faire les démarches, il faut donc essayer de partir au Royaume-Uni avant la sortie effective du pays de l'UE, le 31 octobre. Ne vous inquiétez pas, vous ne risquez pas de devoir être rapatrié dans deux mois en cas de Brexit sans accord. En effet, même dans ce scénario, les étudiants européens se trouvant sur le territoire britannique ne pourront en être chassés avant la fin de leur séjour, grâce à une mesure d'urgence adoptée par la Commission européenne fin janvier. En revanche, «le Royaume-Uni devient une destination inéligible pour toutes les mobilités Erasmus+ à compter du jour de sa sortie de l’Union européenne sans accord», souligne le site internet du programme Erasmus. Mais tout n'est pas si simple. Les gouvernements écossais et gallois ont récemment envoyé une lettre au ministre de l'Education britannique pour lui demander que le Royaume-Uni reste dans le programme Erasmus même dans l'hypothèse d'un «no deal». A n'y plus rien comprendre.

Dans le cas (improbable) où un accord de divorce est trouvé d'ici au 31 octobre, c'est tout aussi flou. Une période de transition s'ouvrirait alors, qui durera au minimum jusqu'à fin 2020 et au maximum jusqu'à fin 2022, durant laquelle le Royaume-Uni pourrait rester dans le programme Erasmus, en tant que pays partenaire, comme l'Islande, la Norvège ou la Turquie. Mais c'est loin d'être automatique, Boris Johnson semblant bien décidé à couper définivement les ponts avec l'UE. En résumé, mieux vaut partir dès maintenant, ou bien prier pour que le Brexit soit reporté une troisième fois, ce qui vous laisserait plus de temps pour effectuer les démarches nécessaires à votre Erasmus.

changer de travail

Votre patron vous tape sur les nerfs, vous n'en pouvez plus de vos collèges incompétents, vous regardez votre montre toutes les cinq secondes ? Heureusement, il y a le Brexit ! C'est en effet le moment parfait pour changer de job. La sortie du Royaume-Uni va chambouler le marché du travail français, encore plus en cas de «no deal».

La finance devrait être l'un des secteurs les plus touchés positivement par le divorce. De nombreuses entreprises de la City de Londres prévoient en effet de transférer des milliers d'emplois en Europe, certaines ayant même déjà commencé. Selon une étude du cabinet de consultants EY, 9.000 emplois dans la finance ont ou vont être gagnés par les 27 pays de l'UE grâce au Brexit. Et la France - en particulier Paris - devrait être l'une des grandes gagnantes de ce phénomène. «5.000 emplois directs dans les services financiers doivent être transférés [à Paris] et environ un tiers sont d'ores et déjà dans la capitale», assurait en juillet Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace, un organe chargé de promouvoir la place financière de Paris. A l'annonce de ces recrutements, des vocations pourraient donc naître.

D'autant plus si vous travaillez dans l'un des secteurs qui risquent de souffrir en cas de Brexit sans accord. Car il y en a. D'après une étude de l’institut de recherche économique allemand IWH, 50.000 emplois sont menacés dans l'Hexagone dans l'hypothèse d'un «no deal» - 179.000 au total dans l'UE -, à cause de la baisse annoncée de la demande britannique pour les produits étrangers. Les domaines qui sentiraient le plus passer la pilule d'un Brexit «dur» seraient ceux des produits alimentaires, de la fabrication de meubles, de commerce de gros, de fonctions support et de services aux entreprises. Mais pas de panique, ce ne sont que des projections, qui potentiellement pourraient ne pas totalement se vérifier.

Devenir supporter d'un club de Ligue 1

On vous voit, les détracteurs de notre chère Ligue 1 de football, ceux qui préfèrent les affiches de Premier League Manchester City-Chelsea et Tottenham-Arsenal aux Nîmes-Metz et autre Toulouse-Dijon. Mais, avec le Brexit, l'attractivité de notre championnat pourrait s'accroître considérablement, au détriment de celui de notre voisin anglais. Il est donc temps de troquer votre maillot floqué Salah ou Agüero pour un jersey angevin ou, si vous avez peur du grand écart, lyonnais ou marseillais.

Notre «ligue des talents», parfois simplement vue par les clubs de Premier League comme un supermarché géant de joueurs talentueux (souvent) bon marché, pourrait, grâce au Brexit, avoir la capacité de garder ses jeunes pépites plus longtemps. En effet, actuellement, les joueurs européens peuvent signer outre-Manche librement, sans visa. Après le Brexit, ils seront dans l'obligation de demander un permis de travail, dont les conditions d'obtention sont très strictes : jouer régulièrement avec son équipe nationale depuis deux ans, celle-ci devant figurer dans le top 50 mondial, ou encore toucher un salaire déjà important.

Selon un calcul de la BBC, réalisé en 2016, 332 joueurs évoluant dans les deux premières divisions anglaises et écossaises ne répondaient pas à ces critères. Par exemple, le champion du monde français N'Golo Kanté n'aurait jamais pu être transféré de Caen à Leicester en 2015 si ces normes avaient été en vigueur. Ce qui aurait peut-être permis à un club français plus huppé (Lyon, Marseille, PSG, Monaco...) de l'engager - ce qui aurait apporté une plus-value non négligeable à notre championnat -, avant de le laisser partir plus tard contre un gros chèque. Idem par exemple pour Anthony Martial, passé de Monaco à Manchester United en 2015 alors qu'il ne comptait aucune sélection en bleu à ce moment-là, ou même pour Tanguy Ndombélé, transféré de Lyon à Tottenham en juillet. Cependant, on voit mal la fédération anglaise de football se tirer une balle dans le pied de la sorte. Certains observateurs imaginent donc que ces règles puissent être assouplies après le Brexit.

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De plus, après le retrait du Royaume-Uni, fini les clubs anglais qui engagent de très jeunes prodiges français mineurs, au grand dam des équipes hexagonales qui n'ont même pas le temps de leur proposer un premier contrat professionnel. Ce procédé est aujourd'hui possible, car le Royaume-Uni fait partie de l'UE. La FIFA interdit en effet tout transfert de joueur de moins de 18 ans, à l’exception des mouvements au sein de l’Espace économique européen (EEE).

Cela sera une vraie perte pour le football anglais, car le pays était en 2016 la première destination des joueurs mineurs ayant migré (180 joueurs contre 78 en Italie, qui arrive à la deuxième place), d’après une étude de l’Observatoire du football CIES. Et une vraie bonne nouvelle pour les clubs français, qui pourront garder plus facilement leurs meilleurs éléments mineurs. Il n'y aura donc vraisemblablement pas de nouveau cas Paul Pogba, recruté par Manchester United en 2009, à l'âge de 16 ans, alors qu'il évoluait au centre de formation du Havre. Ni, plus récemment, de nouvelle affaire Hannibal Mejbri, 16 ans, qui vient de quitter Monaco pour Manchester United contre 10 millions d'euros. De là à rêver qu'un club français gagne la Ligue des Champions à moyen terme ? Il est encore trop tôt pour le dire.

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