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G7 : Les Européens interpellent Trump sur le commerce

Un autocollant sur une vitre accueille les visiteurs à Biarritz pour le G7, le 23 août 2019 [LUDOVIC MARIN / AFP] Un autocollant sur une vitre accueille les visiteurs à Biarritz pour le G7, le 23 août 2019 [LUDOVIC MARIN / AFP]

Les Européens ont interpellé Donald Trump dès son arrivée samedi au sommet du G7 en France en l'avertissant que les guerres commerciales ruineraient l'économie mondiale et qu'ils ne le laisseraient pas s'en prendre à la France sur la taxation des géants du numérique.

Le président français Emmanuel Macron, hôte du sommet qui s'ouvre dans la soirée à Biarritz (sud-ouest), a averti lors d'une brève allocution télévisée «que les tensions commerciales sont mauvaises pour tout le monde».

«Les guerres commerciales conduiront à la récession, alors que les accords commerciaux boostent l'économie», a renchéri le président du Conseil européen Donald Tusk au moment même où le président américain atterrissait en France.

Le président américain a rejoint son homologue français dès son arrivée pour un déjeuner improvisé en tête-à-tête à l'ombre d'une élégante terrasse, l'occasion peut-être d'aplanir certains contentieux avant l'ouverture formelle du sommet samedi soir.

«Le temps est parfait. Nous ferons de grandes choses ce weekend», a promis Donald Trump devant les caméras, alors qu'Emmanuel Macron mettait l'accent sur la gravité des crises du moment.

Le président américain, qui aime à jouer les trouble-fête, avait adopté un tout autre ton avant de partir pour la France, dans une série de tweets tonitruants. Le locataire de la Maison Blanche a brandi la menace de représailles à l'introduction d'une taxe française sur les géants américains du secteur des hautes technologies.

«S'ils (les Français) le font, nous imposerons des droits de douane sur leurs vins», a-t-il lancé. «Des droits de douane comme ils n'en ont jamais vus», a-t-il martelé. L'Union européenne a promis dans ce cas de riposter. «Si les Etats-Unis imposent des taxes, alors l'Union européenne répondra sur le même plan», a averti Donald Tusk.

Le président américain a aussi une nouvelle fois soufflé sur les braises de la guerre commerciale qui oppose les Etats-Unis à la Chine et qui plombe l'économie mondiale.

Pékin a annoncé vendredi de nouveaux droits de douane auxquels Donald Trump a riposté en annonçant que la totalité des 550 milliards de dollars de produits chinois importés aux Etats-Unis seraient frappés de taxes encore plus lourdes d'ici à la fin de l'année.

«L'appel de la forêt»

Le président français a soigné au millimètre la chorégraphie du sommet, avec en toile de fond le décor des palais de Biarritz, prestigieuse station balnéaire et ancien rendez-vous des têtes couronnées, et de l'Atlantique.

Autour de spécialités du Pays basque, les sept dirigeants se pencheront notamment samedi soir sur un sujet qui s'est imposé à la dernière minute, la multiplication des feux de forêt en Amazonie, l'un des poumons verts de la Terre.

«Nous devons répondre à l'appel de l'océan et à l'appel de la forêt qui brûle aujourd'hui en Amazonie de manière là aussi très concrète», a lancé Emmanuel Macron qui a aussi placé le climat au coeur des enjeux du sommet.

Les discussions pourraient être houleuses alors qu'il a accusé le président brésilien Jair Bolsonaro, dont les positions climato-sceptiques sont proches de celle de Donald Trump, d'avoir «menti» sur ses engagements sur le climat et d'«inaction» face à ces incendies qui dévastent depuis des jours le poumon vert du monde.

Le président Emmanuel Macron devant des chefs d'entreprise à la veille du sommet du G7, le 23 aoûte 2019 à Paris [Michel Spingler / POOL/AFP]
Le président Emmanuel Macron devant des chefs d'entreprise à la veille du sommet du G7, le 23 aoûte 2019 à Paris

Berlin a par ailleurs exprimé ses réticences à l'annonce que Paris bloquerait le projet d'accord commercial entre UE et Mercosur, un sujet qui sera abordé lors du tête à tête entre Angela Merkel et Emmanuel Macron dans l'après-midi.

Mais le président du Conseil européen, Donald Tusk, présent à Biarritz, a reconnu qu'il serait «difficile d'imaginer» que l'UE puisse ratifier un tel accord tant que le Brésil «permettra la destruction» de l'Amazonie.

Sur le nucléaire iranien, Emmanuel Macron entend aussi mettre sur la table une autre pomme de discorde avec Donald Trump, l'accord sur le nucléaire iranien, que les Européens tentent de sauver alors que les Etats-Unis s'en sont retirés.

Manifestation «anti» dans le calme

Il informera ses homologues de la teneur de son entretien avec le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif, qui a jugé, dans une interview à l'AFP, encourageantes les propositions de Paris pour débloquer la crise.

Autre rendez-vous très attendu, le tête-à-tête prévu dimanche matin entre Donald Trump et le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson, dont le président américain loue les qualités et les positions, notamment sur le Brexit.

Le président américain Donald Trump dans les jardins de la Maison Blanche, avant son départ pour le sommet du G7 en France, le 23 août 2019 à Washington [Alastair Pike / AFP]
Le président américain Donald Trump dans les jardins de la Maison Blanche, avant son départ pour le sommet du G7 en France, le 23 août 2019 à Washington

Tout juste arrivé en France, Boris Johnson a réitéré sa position : l'UE doit «laisser tomber» le dispositif pour la frontière irlandaise (backstop), si elle veut éviter une sortie sans accord du Royaume-Uni de l'UE.

Emmanuel Macron essaiera aussi de faire avancer des dossiers de fond dont il a fait une priorité comme la lutte contre les inégalités et l'éducation en Afrique. Dans l'espoir de déboucher sur des «initiatives concrètes», partagées avec les autres dirigeants invités, comme l'Indien Narendra Modi ou six chefs d'Etat africains.

Pendant ce temps, l'opposition au G7 continue à se mobiliser dans les villes avoisinantes, Biarritz étant devenu un camp retranché, inaccessible aux plagistes et manifestants.

Plusieurs milliers «d'anti» - anticapitalistes et altermondialistes - ont pacifiquement défilé dans la matinée d'Hendaye à la ville frontière espagnole d'Irun, démentant les craintes des autorités qui redoutent des débordements après la mobilisation sociale des «gilets jaunes» cet hiver.

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