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Ce qu'il faut retenir du sommet du G7 à Biarritz

Giuseppe Conte, Shinzo Abe, Donald Tusk, Donald Trump, Emmanuel Macron, Boris Johnson, Angela Merkel et Justin Trudeau étaient réunis de samedi à lundi à Biarritz pour le 45e sommet du G7. Giuseppe Conte, Shinzo Abe, Donald Tusk, Donald Trump, Emmanuel Macron, Boris Johnson, Angela Merkel et Justin Trudeau étaient réunis de samedi à lundi à Biarritz pour le 45e sommet du G7. [PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP]

Ce lundi 26 août s'est achevé le G7 à Biarritz, après trois jours de réunions entre les dirigeants de sept des principales puissances mondiales. Un sommet marqué par un coup diplomatique sur l'Iran, mais aussi par quelques résultats concrets sur les grands dossiers internationaux.

Un coup de théâtre sur l'Iran

Cela restera l'événement majeur de ce G7 : la venue surprise du ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, à Biarritz, en marge du sommet, dimanche 25 août. Une visite initiée par le gouvernement français, et qui avait pour but de discuter du programme nucléaire iranien, au centre d'une crise diplomatique entre Téhéran et Washington.

A Biarritz, Mohammad Javad Zarif a rencontré Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, ainsi que des représentants des deux autres pays européens - Allemagne et Royaume-Uni - signataires de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015. Mais pas Donald Trump, dont le pays est sorti de l'accord l'an dernier, qui a jugé lundi qu'il était «trop tôt pour le rencontrer».

Même si cette initiative du président français n'a pas provoqué d'avancée concrète sur le dossier iranien, elle aura eu le mérite de réchauffer quelque peu les relations entre Téhéran et Washington. Donald Trump a en effet affirmé qu'il avait validé cette visite, alors même que Mohammad Javad Zarif est sous le coup de sanctions américaines, tout comme son pays, les Etats-Unis mettant une pression économique maximale sur l'Iran depuis quelques mois. Le président américain s'est même dit ouvert à une rencontre avec son homologue iranien Hassan Rohani. Inimaginable il y a encore quelques semaines.

Ce coup diplomatique a également permis à Emmanuel Macron de renforcer sa position de médiateur entre les deux pays, la France se révélant être le pays européen le plus engagé dans ce dossier. Paris est en effet en première ligne pour tenter de convaincre Washington d'alléger les sanctions sur le pétrole iranien, en échange d'un retour de Téhéran à ses engagements sur le nucléaire et de l'ouverture de négociations sur son programme balistique.

quelques avancées majeures

En dehors du dossier iranien, dont les avancées auront été plus symboliques qu'autre chose, ce G7 aura permis d'obtenir des résultats concrets sur certains dossiers internationaux stratégiques. En premier lieu desquels la taxe sur les géants du numérique récemment mise en place par la France. En représailles à cette taxation, qui cible particulièrement les GAFA américains (Google, Amazon, Facebook, Apple), Donald Trump avait dernièrement menacé de taxer les vins français. Lors du sommet à Biarritz, Paris et Washington ont trouvé un compromis, prévoyant la suppression de la taxe française lors de la mise en place d'une telle mesure au niveau international, prévue en 2020. A ce moment-là, la France remboursera aux entreprises la différence entre sa taxation et l'imposition internationale.

Sur les gigantesques incendies qui ravagent actuellement l'Amazonie, les membres du G7 ont également réussi à trouver un terrain d'entente. Emmanuel Macron avait ajouté au dernier moment ce sujet au menu du G7, à la veille de l'ouverture du sommet, vendredi 23 août. Lundi, le «Groupe des Sept» a promis une aide d'urgence de 20 millions de dollars (18 millions d'euros) pour envoyer des avions bombardiers d'eau lutter contre les feux de forêt. Il est aussi tombé d'accord sur un plan d'aide destiné à la reforestation de l'Amazonie, «d'au moins 30 millions de dollars» (27 millions de dollars), a précisé Emmanuel Macron sur France 2, qui doit être finalisé lors de l'Assemblée générale des Nations unies fin septembre.

Des efforts ruinés par le Brésil qui, par la voix du chef de cabinet du président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, a rejeté cette aide d'urgence, en s'attaquant de nouveau à Emmanuel Macron et à son ingérence dans ce dossier. «Nous remercions (le G7 pour son offre d'aide, NDLR), mais ces moyens seront peut-être plus pertinents pour la reforestation de l'Europe», a déclaré Onyx Lorenzoni sur le site G1, tout en invitant le président français à s'occuper de ses «colonies», en référence à la Guyane, frontalière du Brésil et qui comprend une petite partie de la forêt amazonienne.

Sur la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, des avancées ont également été à noter, mais impossible de savoir si elles peuvent être mises au crédit du G7. En début de sommet, les partenaires des Etats-Unis au sein du Groupe des Sept - notamment les Européens - avaient mis la pression sur Donald Trump pour éviter une escalade dans le conflit, s'inquiétant des potentielles répercussions économiques. Sur le moment, le président américain était resté inflexible, la Maison Blanche déclarant même qu'il regrettait «de ne pas avoir encore plus relevé les droits de douane». Mais coup de théâtre lundi : le chef d'Etat américain a annoncé que son pays allait reprendre «très prochainement» ses négociations commerciales avec la Chine, à la suite d' «un appel» de Pékin. Il a même assuré que les discussions n'avaient «jamais été aussi significatives».

Par contre, sur le Brexit, rien de nouveau. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré qu'il ne voulait pas d'un «no deal», tout en réaffirmant qu'il souhaitait que le «backstop» (ou «filet de sécurité») à la frontière irlandaise soit retiré du traité de divorce. Les diplomates européens ont de leur côté indiqué qu'ils ne connaissaient pas les «nouvelles idées» du Royaume-Uni pour régler la question irlandaise, principal point de blocage des négociations. De son côté, Donald Trump a de nouveau promis au Royaume-Uni un «très grand accord commercial» après la sortie du pays de l'UE le 31 octobre.

Une bonne entente affichée

Oublié le G7 de juin 2018, au Canada, durant lequel Donald Trump avait retiré son soutien au communiqué final, après lui avoir pourtant donné son aval. Cette année, le président américain s'est montré beaucoup plus conciliant, permettant à ce G7 d'afficher une image d'unité. Une bonne entente qui a permis les avancées précédemment citées, sur la crise en Iran ou encore sur les feux de forêt en Amazonie.

Symbole de cette harmonie retrouvée, la conférence de presse commune lundi entre Donald Trump et Emmanuel Macron, dont les relations n'étaient pourtant pas au beau fixe avant le G7, à cause de la taxe GAFA mise en place par la France, mais au sujet de laquelle un compromis a été trouvé lors du sommet. Rentré aux Etats-Unis, le président américain a même publié une vidéo sur son compte Twitter, dans lequel il remercie la France pour l'organisation de ce G7.

Cette unité a également permis la conclusion lundi d'une «déclaration» commune d'une page, portant sur le commerce et les crises internationales (Ukraine, Iran, Libye, Hong Kong), signée par tous les dirigeants de ce G7. Un document qui remplace le traditionnel communiqué final pré-négocié auquel la France a renoncé après la volte-face américaine du sommet de 2018.

Seule ombre au tableau, le désaccord entre les Etats-Unis et ses partenaires sur la participation de la Russie au futurs sommets du G7, dont le pays est exclu depuis l'annexion de la Crimée en 2014. Donald Trump a annoncé qu'il pourrait inviter le président russe Vladimir Poutine au prochain sommet du G7 en 2020, qui aura lieu aux Etats-Unis, alors même que les autres membres du Groupe des Sept excluent toute réintégration de Moscou tant que la crise ukrainienne n'est pas réglée.

Un dispositif sécuritaire (TROP ?) efficace

Pour ce G7, les autorités françaises avaient tout mis en œuvre pour éviter de revivre les mêmes scènes que lors de certaines manifestations de gilets jaunes, où les images de violences entre policiers et manifestants - notamment sur les Champs-Elysées à Paris - avaient fait le tour du monde. Pour ce sommet, plus de 13.000 policiers et gendarmes français avaient été mobilisés, appuyés par l'armée, et la ville de Biarritz avait été entièrement barricadée.

Un dispositif efficace, car aucune violence n'a été à déplorer, et ce malgré l'organisation d'un «contre-sommet» par des organisations altermondialistes et écologistes. Mais les participants de cette manifestation ont dénoncé un «dispositif policier surdimensionné» et un «climat sécuritaire», qui les ont contraints à annuler les «rassemblements pacifiques» prévus lundi près de Biarritz. Des responsables du mouvement anti-G7 ont tout de même tenté lundi de s'approcher du centre de la cité basque, où étaient réunis les dirigeants du G7, mais ont vite été stoppés par les forces de police.

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