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Collision de satellites : un scénario Gravity est-il possible ?

Gravity, un scénario pas si improbable Gravity, un scénario pas si improbable[Capture écran YouTube]

Des satellites qui évitent des collisions de justesse, des missiles qui détruisent des vaisseaux dans l'espace... Jamais dans l'histoire le ciel terrestre n'a été peuplé par autant d'objets en orbite, que ce soit des fusées, des satellites ou des débris. Un amats métallique qui augmente la probabilité d'accidents catastrophiques.

De plus, avec l'arrivée dans le domaine spatial d'entreprises privées capables d'envoyer des satellites à moindre coût, la tendance ne semble pas s'inverser. De là à voir une cascade dramatique, comme cela était imaginé par le film Gravity en 2013 ? Oui... et non selon les experts. 

Une collision qui crée des débris, qui provoquent d'autres collisions et donc de nouveaux débris, en créant la destruction de plusieurs satellites, est un scénario crédible. «La question n'est pas de savoir si ça va arriver, mais quand ça va arriver», explique Christophe Bonnal, spécialiste des débris spatiaux au Centre national d'études spatiales (CNES). Il y a en effet 34 000 objets de plus de 10 cm qui gravitent autour de la Terre, lancé à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres par heure, et prêts à faire des dégâts considérables. L'orbite de 20 000 d'entre eux est connue, ce qui permet de prévoir et éviter certaines collisions, surtout qu'une bonne partie des satellites actifs disposent de propulseurs, permettant de pratiquer des manoeuvres nécessaires.

L'ISS plutôt à l'abri

En revanche, si la cascade de collision est probable, la station spatiale internationale (ISS) ne devrait pas être touchée, comme c'est pourtant le cas dans le film d'Alfonso Cuaron. En effet, celle-ci se trouve à 400 km d'altitude. Une hauteur assez basse en comparaison d'une majorité des satellites, qui se trouvent plutôt entre 700 km et 1000 km. «C'est dans cette fourchette que l'observation satellitaire est optimale, ce qui explique qu'elle soit plus chargée», analyse Christophe Bonnal. 

Pour autant, le risque 0 n'existe pas. Des petits débris de moins d'un centimètre frappent occasionnellement la station. Mais celle-ci étant blindée, les dégâts sont minimes ou inexistants. Les objets plus grands sont en revanche mieux détectés, et des manoeuvres d'évitement peuvent être entreprises, environ 4 fois par ans.

La lutte contre les débris en marche 

«Ce qui est fondamental, c'est de développer des règles pour limiter les collisions, améliorer notre connaissance des orbites (aujourd'hui, on connaît la localisation d'un objet à un kilomètre près, ce qui empêche d'être précis dans le calcul des collisions)», selon Christophe Bonnal, qui estime que l'on devra automatiser les manoeuvres d'évitement dans les années suivantes. À l'heure actuelle, l'équipe en charge de la protection des 26 satellites français reçoit «3 millions de messages par an, soit un toutes les 20 secondes environ, indiquant un risque de collision», une somme de travail colossale que regrette le spécialiste du CNES. 

L'autre solution est, bien entendu, de nettoyer l'espace de ces débris. Des solutions existent, comme ce satellite, RemoveDebris, capable d'harponner des objets spatiaux. En février 2019, la première opération a été menée avec succès grâce à une équipe internationale. Le but étant de faire rentrer les débris dans l'atmosphère afin qu'ils se désintègrent dans l'atmosphère. Mais ces manoeuvres sont très coûteuses et difficiles à réaliser. Que ce soit sur la Terre ou dans le ciel, le problème des déchets continue donc de poser soucis. 

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