Pour les candidats démocrates à la primaire de la présidentielle 2020 aux Etats-Unis, c'est déjà l'heure du troisième débat. Ils se retrouveront ce jeudi 12 septembre à Houston, au Texas. Plusieurs points seront particulièrement à surveiller.
Le premier débat entre tous les favoris
Pour se qualifier à ce débat, le Parti démocrate avait édicté des règles strictes. Les candidats devaient avoir recueilli au moins 2 % des soutiens dans quatre différents sondages entre fin juin et fin août, et avoir reçu des contributions financières d'au moins 130 000 donateurs avant la fin août.
Sur les vingt candidats encore en lice, seulement dix ont réussi à remplir les conditions : Joe Biden, Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Kamala Harris, Pete Buttigieg, Beto O'Rourke, Cory Booker, Amy Klobuchar, Julian Castro et Andrew Yang. Un nombre restreint, qui va permettre pour la première fois de voir les trois favoris sur un même plateau au même moment : Joe Biden (29,8 % des intentions de vote), Elizabeth Warren (18 %) et Bernie Sanders (17,7 %). En effet, lors des deux précédents débats, les candidats étaient si nombreux (20 à chaque fois) que les discussions étaient scindées en deux soirées.
Le climat et les armes à feu au cœur des débats
La semaine dernière, la chaîne de télévision américaine CNN a organisé une grande soirée sur le thème du climat, durant laquelle les candidats démocrates étaient invités à s'exprimer. Une démarche inhabituelle aux Etats-Unis, où l'environnement n'a pas pour habitude d'être au centre des campagnes électorales.
Dix candidats étaient présents à cette soirée, et ont étalé leurs divergences, notamment sur le nucléaire ou sur le rôle des autorités publiques dans le développement des énergies renouvelables. Le climat devrait donc être l'un des thèmes principaux du débat de jeudi soir. En effet, selon Hans Noel, professeur à l'Université de Georgetown, interrogé par le Time, «la plupart des candidats sont d’accord sur presque tout. Les modérateurs vont donc essayer de trouver les divergences qui existent entre eux». Un sujet dans l'actualité, avec l'ouragan Dorian qui a dévasté la semaine dernière les Bahamas et a longé les Etats-Unis. Il y a fort à parier que ce devrait être l'un des principaux sujets de la campagne, face à un Donald Trump qui n'hésite pas à faire part régulièrement de son climatoscepticisme.
Le contrôle des armes à feu devrait également être abordé par les candidats lors du débat, après un mois d'août particulièrement meurtrier aux Etats-Unis. Rien que sur ce mois, 53 personnes sont décédées dans des tueries de masse, selon le New York Times, dont 22 lors de la fusillade d'El Paso, au Texas, le 3 août dernier. Un thème cher aux démocrates, qui veulent durcir la législation sur les armes à feu, s'opposant frontalement à Donald Trump. Au Congrès, les élus du parti ont lancé un appel au président américain et aux parlementaires républicains ce lundi 9 septembre, les invitant à approuver une loi plus restrictive, déjà adoptée à la Chambre des représentants.
Joe Biden au centre de toutes les attentions
Largement en tête dans les sondages, Joe Biden sera particulièrement scruté lors du débat. Il est en effet attendu au tournant, après un premier débat terne, durant lequel il n'a pas tiré son épingle du jeu, et un deuxième débat où il a passé son temps à défendre ses prises de position passées, face à des adversaires offensifs.
Plus centriste que ses concurrents directs Elizabeth Warren et Bernie Sanders, il devrait de nouveau être attaqué par ces derniers, particulièrement par le sénatrice du Massachusetts, qui vient de doubler le sénateur du Vermont dans les sondages. «Si [Elizabeth Warren] veut se hisser à la première place, elle doit vraiment faire perdre beaucoup de points à Joe Biden», explique au Time Seth Masket, professeur de science politique à l'Université de Denver.
Joe Biden, 76 ans, devra également éteindre les doutes sur sa capacité à tenir la route d'une longue campagne électorale pour la Maison Blanche, après une série de «gaffes» ces dernières semaines. Juste après les fusillades meurtrières d'El Paso, au Texas, et de Dayton, dans l'Ohio, début août, il avait déploré les «tragiques événements à Houston», également au Texas, «et aussi dans le Michigan», un tout autre Etat, avant de rectifier. Peu après, il faisait de nouveau parler de lui en lançant que «les enfants pauvres sont aussi intelligents et talentueux que les enfants blancs». Là aussi, il s'était vite corrigé («que les enfants riches», avait-il repris), mais la phrase avait largement circulé.
L'ancien vice-président de Barack Obama devra également faire disparaître les doutes sur son état de santé. Il est en effet critiqué pour son manque de dynamisme, et est surnommé «Joe l'endormi» par Donald Trump, qui a également mis en doute sa santé mentale.