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Israël : Quels scénarios pour Benjamin Netanyahou ?

Cinq mois après, Bibi est dans la même situation. Cinq mois après, Bibi est dans la même situation.[MENAHEM KAHANA / AFP]

Loin de tout arranger, les nouvelles élections israéliennes du 17 septembre ont de nouveau plongé le pays dans une situation politique tendue, cinq mois après la dissolution de la Knesset (le parlement israélien). Si les résultats officiels ne sont pas encore tombés, Benjamin Netanyahou (Likoud), en quête d'une majorité claire, semble se retrouver à égalité avec Benny Gantz (Kahol Lavan). Pour rester en poste, il doit désormais manoeuvrer afin de former une coalition. Mais il n'a pas nécessairement toutes les cartes en main.

Benjamin Netanyahou parvient à former une coalition

Il s'agit de la priorité absolue de Benjamin Netanyahou : se mettre d'accord avec suffisamment de partis pour obtenir les 61 sièges nécessaires à la majorité, et ainsi conserver son poste de Premier ministre. Cependant, l'électorat israélien est morcelé en plusieurs petits partis, dont beaucoup se détestent. Arriver à mettre d'accord autant de monde est difficile, et cela s'est vu en avril dernier. Sûr de lui, et de sa stratégie pour draguer l'extrême droite israélienne, «Bibi» a expliqué qu'il continuait de travailler à un «gouvernement sioniste fort».

Il aura cependant besoin de s'attirer le soutien d'Avigdor Libermann, troisième de l'élection. Or, ce nationaliste laïque refuse de négocier tant que les ultra-orthodoxes sont dans la balance, alors qu'ils représentent l'un des soutiens très importants de Netanyahou. Ce noeud particulièrement résistant, qui n'avait pas été résolu par le Premier ministre en avril 2019, va attirer toute son attention dans les jours qui suivent l'annonce des résultats. 

Un gouvernement d'union nationale voit le jour

Une manière de sauver la face pourrait être d'accepter un gouvernement d'union nationale. Cette stratégie ne serait pas nouvelle dans la vie politique israélienne. Cependant, plusieurs obstacles subsistent à nouveau. Il faudrait que Benny Gantz, Benjamin Netanyahou et Avigdor Lieberman tombent d'accord. Si le premier n'y semble pas opposé, le deuxième refuse, pour l'instant, l'éventualité. 

«À l'heure actuelle, aucun scénario ne semble prendre le pas sur l'autre, mais celui-là pourrait fonctionner», explique Elisabeth Marteu, politologue spécialiste d'Israël. L'une des solutions pour mettre les trois hommes sur la même longueur d'onde serait par exemple d'assurer le poste de Premier ministre de manière tournante. Cette manière de fonctionner ne serait pas totalement inédite. «Le gouvernement d'union nationale formé entre 1984 et 1988 avait été dirigé pendant deux ans par Shimon Peres (travailliste), puis deux ans par Yitzhak Shamir (Likoud)», raconte la chercheuse. Reste à savoir si les responsables des différents partis seront suffisamment réceptifs à ce genre de pratique. 

Une coalition anti-Netanyahou se met en place

Et si Benjamin Netanyahou était tout simplement enlevé de l'équation ? Le Likoud pourrait par exemple désigner un autre chef de file, moins clivant, et s'assurer une domination politique pour ce mandat. Cependant, l'actuel Premier ministre a encore trop de pouvoir dans son camp, et personne ne semble prêt à assumer la relève. L'autre possibilité serait donc que Benny Gantz parvienne à mettre en place une coalition pour contourner purement et simplement le Likoud. 

«Je pense qu'il s'agit du scénario le moins probable», explique Elisabeth Merteu. Et pour cause, il faudrait réaliser une gymnastique politique particulièrement habile. Car s'il est possible de faire cohabiter le parti de Benny Gantz, les ultra orthodoxes, avant tout concentrés sur le fait de garder leur statut particulier, certains partis de gauche et les Arabes israéliens, Avigdor Lieberman refusera tout accord avec les religieux. À moins de lui faire changer d'avis, il n'atteindrait pas non plus les 61 sièges nécessaires.

vers De nouvelles élections ?

Si Benjamin Netanyahou met tout en œuvre pour conserver son poste, ce n'est pas (que) par amour de la politique, sens du devoir ou attirance du pouvoir. Le leader du Likoud est en effet inquiété dans des affaires de corruption, fraude et abus de confiance, et risque depuis plusieurs mois une mise en examen. En cas de victoire, une loi garantissant l'immunité au Premier ministre devrait être rapidement votée par la Knesset, lui achetant ainsi plusieurs années de tranquillité. 

«Benjamin Netanyahou peut avoir intérêt à repousser l'échéance en demandant au parlement de se dissoudre une nouvelle fois», explique Elisabeth Marteu. Si cela venait à arriver, il se maintiendrait en effet au poste de Premier ministre qu'il occupe actuellement, le temps d'organiser, une nouvelle fois, des élections législative. Une technique risquée à moyen terme car il prendrait le risque de polariser encore un peu plus la société israélienne dans cette crise politique.

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