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Primaire démocrate aux Etats-Unis : Elizabeth Warren sur une pente ascendante

Les deux derniers sondages placent Elizabeth Warren en première place, devant Joe Biden, qui faisait la course en tête depuis le début de la campagne. Les deux derniers sondages placent Elizabeth Warren en première place, devant Joe Biden, qui faisait la course en tête depuis le début de la campagne. [Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Peut-elle le faire ? Aux Etats-Unis, Elizabeth Warren bouscule la campagne de la primaire démocrate pour l'élection présidentielle 2020. Avec son programme étoffé et après des débats plutôt réussis, elle apparaît aujourd'hui comme la principale rivale de Joe Biden dans la course devant permettre de choisir qui fera face à Donald Trump l'an prochain.

En janvier, Elizabeth Warren plafonnait à seulement 7 % des intentions de vote, selon la moyenne des sondages calculée par The Economist. Aujourd'hui, elle est à 21 %. Elle apparaît de plus en plus fréquemment à la deuxième place (sur 20 concurrents), devant Bernie Sanders, troisième, sénateur du Vermont et candidat malheureux à la primaire de 2016.

Les deux derniers sondages placent même la sénatrice du Massachusetts de 70 ans en première place, devant Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, qui faisait la course en tête depuis le début de la campagne. Elle est créditée de 27 % d'intentions de vote chez les électeurs et sympathisants démocrates par une étude de l'Université américaine Quinnipiac (25 % pour Biden), et par une autre réalisée par The Economist/YouGov (26 % pour Biden), un avantage numérique qui reste tout de même dans la marge d'erreur.

Il est bien sûr trop tôt pour faire des prédictions et affirmer que Elizabeth Warren peut remporter cette primaire (dont les votes s'étaleront de février à juin 2020 dans les cinquante Etats américains), mais la dynamique est clairement avec elle. En dehors des sondages qui lui sont de plus en plus favorables, elle réussit à drainer des milliers de personnes lors de chacun de ses meetings : 12.000 dans le Minnesota et 15.000 à Seattle en août, et plus de 20.000 ce lundi 16 septembre à New York, selon des chiffres donnés par son équipe de campagne. A titre de comparaison, lors du lancement de sa campagne en mai à Philadelphie, Joe Biden n'avait réuni que 6.000 personnes.

Plus pragmatique que Bernie Sanders

La grande force d'Elizabeth Warren se situe dans son programme. Alors que la campagne a à peine commencé, celui-ci est déjà précis et étoffé sur de nombreux points. Parmi ses principales propositions figurent des mesures fortes, comme une taxe sur les fortunes des Américains les plus riches, l'annulation de la quasi-totalité de l'énorme dette étudiante ou encore un plan d'investissement vert de 3.000 milliards de dollars (2.700 milliards d'euros) sur dix ans pour passer à 100 % d'energie propre.

Des idées très progressistes, qui se rapprochent de celles de son collègue Bernie Sanders. Mais cette ex-professeure de droit de Harvard apparaît malgré tout plus pragmatique que le sénateur du Vermont, et donc moins marquée à gauche. Une position qui pourrait l'aider à attirer les électeurs de Joe Biden, le candidat le plus centriste des vingt encore en lice. En effet, contrairement à Bernie Sanders, adepte des déclarations chocs et des attaques frontales contre ses rivaux, Elizabeth Warren adopte un ton beaucoup plus consensuel, que certains reprochent d'être trop rigide voire «professoral».

Lors de chacun des trois débats qui ont déjà eu lieu entre les candidats à la primaire, Elizabeth Warren s'est ainsi échinée à détailler ses nombreuses propositions, se concentrant sur le fond des dossiers, avec son gimmick favori : «J'ai un plan pour ça.» Lors du troisième débat, lundi soir, à Houston (Texas), elle s'est abstenue d'attaquer Joe Biden, et a fait de même avec Bernie Sanders. Mais le front uni qu'elle a affiché avec ce dernier pourrait se craqueler à l'approche du scrutin, les deux candidats - appelés les «frenemies» par les médias américains, mélange de «friends» (amis) et «enemies» (ennemis) - chassant sur le même terrain.

Biden toujours favori

Même si Bernie Sanders n'apparaît pas encore totalement largué dans les sondages, certains experts estiment tout de même que l'on se dirige vers un duel Warren-Biden. Mais de là à remporter la primaire, le chemin est encore long pour la sénatrice, surnommée «Pocahontas» par Donald Trump pour ses lointaines origines amérindiennes. La plupart des électeurs démocrates ne veulent en effet qu'une chose : empêcher l'actuel président américain de décrocher un second mandat, peu importe la manière et le candidat.

Dans ce contexte, Joe Biden, plus modéré qu'Elizabeth Warren, apparaît encore comme un choix plus sûr. D'autant plus que l'ex-vice-président a une grande base d'électeurs au sein des minorités noire et hispanique, alors que la sénatrice du Massachusetts est très en retard à ce niveau-là. Toutefois, Kyle Kondik, politologue à l'université de Virginie, se demande «si les fragilités de Biden, que l'on voit régulièrement, ne risquent pas au final d'entamer l'avantage dont il bénéficie actuellement en tant que candidat perçu par la plupart comme la meilleure option contre Trump», l'ancien sénateur du Delaware, âgé de 76 ans, accumulant les gaffes depuis le début de la campagne, auxquelles s'ajoutent des doutes sur son état de santé.

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