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Côme Girschig, représentant français au sommet de la jeunesse sur le climat : «Les jeunes doivent s'emparer du levier politique»

Côme Girschig a lancé l'idée d'une «déclaration de New York de la jeunesse sur le climat», qui regroupera les propositions des jeunes et qui sera transmise aux chefs d'Etat ce lundi. [Capture d'écran CNEWS]

Un événement inédit. Pour la première fois, 500 jeunes leaders venant des quatre coins du monde seront réunis ce samedi 21 septembre à New York, à l'invitation de l'ONU, pour le premier sommet mondial de la jeunesse sur le climat. Parmi eux, la désormais célèbre Greta Thunberg, 16 ans, mais également Côme Girschig, 24 ans, qui y représentera la France. Cofondateur de l'association Jeunes ambassadeurs pour le climat, le jeune homme estime que cette réunion pourra permettre de «casser l'image selon laquelle les jeunes n'ont pas de solutions concrètes à apporter pour lutter contre le changement climatique».

Qu'attendez-vous de ce sommet de la jeunesse sur le climat organisé par l'ONU ?

Cela fait des mois que les jeunes manifestent pour le climat, il est temps maintenant d'avoir des revendications précises, sur des sujets aussi divers que l'agriculture, le commerce international ou la transition industrielle. Il faut casser l'image selon laquelle les jeunes n'ont pas de solutions concrètes à apporter pour lutter contre le réchauffement climatique. J'ai tout de même un bémol, c'est que ce sommet est très court. Je n'aime pas trop l'idée que ce type d'événements soit compacté en une seule journée.

Comment cet événement va-t-il s'articuler avec le «Sommet Action Climat 2019», qui réunira lundi à New York une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont Emmanuel Macron et Angela Merkel ?

La volonté d'Antonio Guterres [secrétaire général de l'ONU, NDLR] est d'avoir une structure qui n'oriente pas les débats. Nous sommes donc très libres dans la forme que va prendre ce sommet. L'ONU ne veut pas reproduire la bureaucratie propre à son organisation. Elle veut laisser la place à l'innovation. De mon côté, j'ai pris l'initative de lancer l'idée d'une «déclaration de New York de la jeunesse sur le climat», qui regroupera nos propositions et sera transmise aux dirigeants internationaux lundi.

Quelles solutions concrètes allez-vous préconiser pour lutter contre le réchauffement climatique ?

Je veux aborder la question des limites planétaires [les limites à ne pas dépasser si l'humanité veut pouvoir se développer dans un écosystème sûr, ndlr], et de l'intégration de ce concept dans le droit international. Les juristes en auraient besoin. Cela permettrait de fixer des limites pour des dizaines de ressources naturelles, par exemple le phosphore ou l'eau douce.

Deuxième chose, je souhaiterai évoquer la question de la «transition rapide». On se concentre beaucoup sur le CO2, mais il faudrait s'intéresser à d'autres gaz, tout aussi polluants, dont les émissions pourraient être plus facilement réduites. Je pense notamment aux gaz utilisés dans les systèmes frigorifiques ou de climatisation, ou encore ceux émis par l'élevage, comme le méthane.

Enfin, un dernier thème me tient particulièrement à cœur : celui du commerce international. Dès que l'on aborde ce sujet, on se fait agresser et taxer de protectionniste. Il faudrait notamment aborder cela avec la jeunesse des pays en développement. Est-il normal par exemple d'importer du soja du Brésil ? On ne parle que des gens concernés positivement par le commerce international, mais jamais de ceux affectés négativement. C'est pour cela que je veux porter la question des droits de l'Homme, qui est liée à celle du climat.

N’avez-vous pas l’impression qu’il y a beaucoup de discours politiques mais encore peu d’actes ?

Je ne serai pas aussi extrême. Bien sûr que les actes sont encore décevants, mais le rôle d'un discours politique est aussi de préparer une vision du futur. Je pense que les choses vont dans le bon sens. Nous sommes en France sur une trajectoire de réduction des émissions de CO2. Mais cela ne va pas assez vite. Par exemple, nous sommes très loin des objectifs fixés en termes de baisse de la consommation d'énergie.

Il ne faut pas oublier que nos objectifs, en France, sont très ambitieux, par exemple sur la rénovation énergétique des logements. Je n'ai donc pas envie d'être négatif. Les choses bougent, mais il manque une véritable impulsion politique.

Que pensez-vous de l’action de Greta Thunberg, instigatrice d'un mouvement de grève scolaire pour le climat ?

C'est bien qu'elle ait insisté sur le fait que l'on n'a aujourd'hui plus de doutes sur le diagnostic du réchauffement climatique, et qu'il faut faire confiance à la science. Elle a été essentielle. Elle a apporté un élan émotionnel nouveau, et a mis un coup de pied dans la fourmilière, après le ronron qui avait suivi la COP21 en France en 2015.

Mais aujourd'hui, le jeunesse doit convertir cela et s'emparer du levier politique. Il ne se passera rien en restant simplement dans la rue à manifester, même si j'estime que cela reste nécessaire.

Pourquoi vous êtes-vous engagé dans la cause climatique ?

Le déclencheur a été la COP21. J'ai entendu beaucoup d'informations sur le climat à ce moment-là. Je me suis rendu compte que le réchauffement climatique était en fait un problème d'ordre civilisationnel. Toutes les disciplines d'étude, de la sociologie à la géopolitique en passant par le droit ou l'économie, sont convoquées par cette crise.

C'est passionnant, et inquiétant en même temps. Il y a une foule de synergies, ce qui rend la tâche monumentale. Il y aura sans doute des tractations pendant des dizaines d'années. Nous sommes arrivés au bout d'un modèle. Il faut être enthousiastes, et ne pas tomber dans les récits collapsologues.

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