En direct
A suivre

La Chine célèbre 70 ans de révolutions

Malgré les crises qui touchent Pékin en ce moment, les célébrations s’annoncent majestueuses pour cet anniversaire. Malgré les crises qui touchent Pékin en ce moment, les célébrations s’annoncent majestueuses pour cet anniversaire.[WANG ZHAO / AFP]

Un anniversaire fastueux. La Chine s’apprête à fêter aujourd’hui les 70 ans de l’arrivée de Mao et du communisme au pouvoir, dans une véritable démonstration de force. Les célébrations s’annoncent grandioses pour honorer l’évolution rapide de ce pays complexe et autoritaire, devenu l’une des plus grandes puissances économiques, malgré un contexte difficile de guerre commerciale avec les Etats-Unis et de crise à Hong Kong.

Le miracle économique chinois n’est pas un mythe. Entre 1970 et 2019, le PIB par habitant est passé de 113 dollars à 8 826, soit une évolution de 7 700 % selon les chiffres de la Banque mondiale. Le géant démographique d’1,3 milliard d’habitants a su se rendre indispensable sur l’échiquier économique.

Pourtant, dans les premières années de la République Populaire de Chine, un tel résultat était inespéré. Le Grand Bond en avant voulu par Mao, basé sur une planification et une collectivisation, avait entraîné une famine gigantesque. Quelque 36 millions de Chinois seraient morts de faim jusqu’à la fin du projet en 1961. Pour «s’éveiller», le pays asiatique a alors changé de stratégie. L’économie a progressivement glissé vers un «capitalisme d’Etat», l’industrie a pris une part grandissante dans la production, l’exode rural s’est mis en place et la Chine est devenue «l’usine du monde».

Ce qui reste du régime maoïste, c’est «l’omniprésence de l’Etat et du parti dans la vie de la société», explique Jean-Joseph Boillot, chercheur associé à l’Iris et spécialiste du triangle Chine-Inde-Afrique. Car si l’économie se libéralise, ce n’est pas le cas de la société. Les tentatives visant à obtenir un pouvoir démocratique, comme lors des manifestations de la place Tiananmen, ont été réprimées. Même si le pouvoir central est fortement contesté dans le territoire autonome de Hong Kong, il n’a jamais été aussi puissant et efficace dans le contrôle de la pensée. 

La révolution technologique, développée frénétiquement, permet, pour l’instant, de contrecarrer une révolution politique. Pékin est ainsi passé maître dans l’art de cacher certaines informations à ses citoyens, notamment sur Internet. Les applications locales comme WeChat, remplaçant les traditionnels Facebook ou Twitter, rendent la censure plus aisée. Le tout, couplé à la peur, cadenasse l’expression chinoise. En 2018, Amnesty International était incapable de donner le nombre d’exécutés dans le pays, qui pourrait s’élever à plusieurs milliers.

Un avenir en pointillé

Malgré la censure politique, la population chinoise est de plus en plus aisée, et de plus en plus citadine (50 % environ vit dans les villes). Deux critères qui caractérisent souvent les populations demandant plus de démocratie, comme à Hong Kong. De là à voir les Chinois se soulever ces prochaines années ? «La population demande un mélange de prospérité, de liberté individuelle et de stabilité. Tant que le parti maintient cette garantie, les Chinois n’ont pas de raison de se révolter», explique Jean-Joseph Boillot.

Concernant l’économie, si elle est moins performante, la croissance reste élevée. Pour y parvenir, il a fallu laisser une certaine place à l'entreprenariat privé. «On a laissé l'économie privée se développer, mais malgré tout, l'État reste à tous les échelons. C'est un paradoxe qui rend l'économie chinoise unique», explique l'expert. Le pays tente actuellement de se diversifier pour rester pérenne avec des partenariats comme les «nouvelles routes de la soie», visant à améliorer le commerce. Malgré les nuages au-dessus de Xi Jinping, un grand nombre de feux sont donc au vert pour cet anniversaire.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités