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Qui pour remporter le prix Nobel de la paix 2019 ?

Le pape François, la militante écologiste Greta Thunberg et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed font partie des favoris pour le prix Nobel de la paix 2019. Le pape François, la militante écologiste Greta Thunberg et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed font partie des favoris pour le prix Nobel de la paix 2019. [Tiziana FABI / AFP, Minas Panagiotakis / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP, Jung Yeon-je / AFP ]

Ils sont 301 candidats sur la ligne de départ. Le prestigieux prix Nobel de la paix sera décerné ce vendredi 11 octobre, à Oslo (Norvège). Même si la liste des nommés est secrète, plusieurs favoris se dégagent pour succéder au médecin congolais Denis Mukwege et à la Yazidie Nadia Murad, ex-esclave de Daesh, distingués l'an dernier.

Greta Thunberg

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(©Minas Panagiotakis / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Elle est la grande favorite. On se présente plus Greta Thunberg, jeune égérie suédoise (16 ans) du combat climatique et initiatrice d'un mouvement international de grève scolaire pour la planète, appelé «Fridays for future» («Les vendredis pour l’avenir»). Elle a notamment fait descendre dans la rue 4 millions de jeunes aux quatre coins du monde le 20 septembre dernier - selon ses chiffres -, à l'occasion d'une manifestation mondiale.

Plusieurs signes laissent à penser que l'adolescente, qui participe dorénavant à la plupart des grands sommets mondiaux (COP24, Sommet de l'ONU sur le climat...), a de grandes chances de remporter le Nobel de la paix cette année. Premièrement, elle est la favorite des bookmakers (même si ce n'est pas une garantie de victoire). De plus, elle a reçu fin septembre le prix Right Livelihood, considéré comme un «Nobel alternatif» et décerné par une fondation privée suédoise. Une distinction à laquelle il faut ajouter le prix d' «ambassadeur de la conscience» de l'ONG Amnesty International, reçu mi-septembre.

Si elle remportait le prix Nobel, Greta Thunberg, atteinte du syndrome d'Asperger, deviendrait la plus jeune lauréate de l'histoire, devant la militante des droits des femmes pakistanaise Malala Yousafzai, qui l'avait obtenu en 2014 à l'âge de 17 ans. Un jeune âge qui pourrait être un obstacle selon le directeur de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo (Prio), Henrik Urdal, qui juge «extrêmement improbable» que l'adolescente obtienne le prix, faisant également valoir que le lien entre réchauffement et conflit armé reste à prouver.

Abiy Ahmed

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(©MICHAEL TEWELDE / AFP)

Un nom moins connu que celui de Greta Thunberg, mais lui aussi a toutes ses chances. Abiy Ahmed, Premier ministre de l'Ethiopie depuis avril 2018, a été à l'origine en juillet 2018 de la réconciliation de son pays avec l'Erythrée voisine. Un rapprochement qui s'est traduit par la signature historique le 9 juillet 2018, avec le président érythréen Isaias Afwerki, d'une «déclaration conjointe de paix et d’amitié», mettant fin à vingt ans de déchirements entre les deux Etats. De 1998 à 2000, l’Ethiopie et l’Erythrée s'étaient livrées à une guerre sanglante, en raison notamment d’un désaccord sur leur frontière commune, qui avait fait quelque 80.000 morts.

Pacificateur, Abiy Ahmed ne s'est pas arrêté en si bon chemin, et a par la suite signé plusieurs accords de paix avec des groupes régionaux rebelles, actifs en Ethiopie. D'abord avec les combattants du Front de libération Oromo (FLO), principal groupe ethnique du pays, en août 2018, puis avec le Front national de libération de l’Ogaden (FNLO) en janvier 2019. Le Premier ministre réformateur a également permis la libération de plusieurs centaines de prisonniers politiques. De quoi lui faire gagner en mai dernier un prix de l'Unesco «pour la recherche de la Paix». Malgré tout, les tensions interethniques demeurent fortes, comme le prouvent notamment les assassinats en juin dernier du chef d'état-major de l'armée et du président d'un Etat régional, vus comme une «tentative de coup d'Etat» par le pouvoir.

Le Pape François et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (hcr)

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(©Tiziana FABI / AFP)

Comme l'an passé, le Comité Nobel norvégien, qui décerne le prix, pourrait décider de récompenser deux personnes ou entités qui se battent pour la même cause. En 2018, il avait choisi Denis Mukwege et Nadia Murad pour leur combat contre les violences (notamment sexuelles) infligées aux femmes de par le monde. En 2019, certains imaginent que le pape François et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) puissent être conjointement distingués pour leurs efforts en faveur de l'accueil des migrants.

Depuis le début de son pontificat en mars 2013, le souverain pontife argentin se pose en grand défenseur des réfugiés. Quelques mois après son élection, il s'était rendu sur l’île italienne de Lampedusa, qui constitue l'une des principales portes d’entrée des migrants en Europe. En avril 2016, il était rentré d’une visite sur l’île grecque de Lesbos avec trois familles de réfugiés syriens musulmans à bord de son avion. En plus de ces gestes forts, le pape n'hésite pas à tancer les dirigeants internationaux pour leur inaction en faveur des migrants. Fin juillet, il a par exemple appelé la communauté internationale à agir «avec promptitude et décision» pour éviter de nouveaux naufrages de navires de migrants. Fin septembre, il a exhorté à «accorder une attention particulière à l’étranger» et à tous ceux qui sont rejetés, à l'occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, lors de laquelle il a inauguré une sculpture rendant hommage aux migrants sur la place Saint-Pierre au Vatican.

Quant au HCR, dirigé actuellement par l'Italien Filippo Grandi, la protection des réfugiés est sa mission première. Créé en 1950, il a déjà reçu le prix Nobel de la paix une fois, en 1954. A l'époque, le Comité du prix Nobel avait déclaré, après avoir récompensé l'agence onusienne, que le HCR «nous montre que l’étranger est l’un d’entre nous ; il nous aide à comprendre que la compassion envers les êtres humains, même s’ils sont séparés de nous par des frontières nationales, est la base sur laquelle une paix durable doit être construite».

Reporters sans frontières (rsf)

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(©BERTRAND GUAY / AFP)

Une organisation basée en France parmi les favoris. Comme presque tous les ans, l'ONG de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF), dont la direction est située à Paris, figure dans les noms qui reviennent pour le Nobel de la paix. Pour certains commentateurs, distinguer RSF serait un signe fort, alors que le journalisme a été très peu mis en avant depuis la création du Nobel de la paix en 1901. «Une victoire pour RSF serait méritée et récompenserait le travail des journalistes du monde entier qui consacrent leur vie à la couverture de questions importantes», estime l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo (Prio).

Dernièrement, RSF a entre autres participé au combat pour la libération de Wa Lone et Kyaw Soe Oo, deux journalistes birmans travaillant au sein de l'agence Reuters. Condamnés à sept ans de prison en septembre 2018 pour avoir enquêté sur un massacre commis contre la minorité musulmane des Rohingyas, ils ont finalement été libérés en mai 2019. RSF, qui réalise un classement mondial de la liberté de la presse chaque année, exige par ailleurs que toute la lumière soit faite sur l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué dans le consulat de son pays à Istanbul en octobre 2018.

Le Comité Nobel pourrait également décider d'honorer les médias en distinguant le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une association basée aux Etats-Unis qui défend les journalistes et la liberté de la presse. Il pourrait sinon choisir un ou plusieurs journalistes en particulier, tels que Wa Lone et Kyaw Soe Oo, qui ont reçu un prix Pulitzer en avril pour leur enquête sur le massacre de Rohingyas en Birmanie.

Jacinda Ardern

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(©Marty MELVILLE / AFP)

Après les attentats de Christchurch, en mars dernier, une pétition avait été lancée sur le site Change.org pour qu'elle ait le prix Nobel de la paix, qui a recueilli plus de 80.000 signatures. Jacinda Ardern, la Première ministre néo-zélandaise, pourrait être distinguée pour sa réaction pleine de solidarité et de compassion après la tuerie dans deux mosquées, perpétrée par un suprémaciste blanc, qui a fait 51 morts le 15 mars.

Dès le lendemain de la tuerie, la dirigeante travailliste de 38 ans, voile noir sur la tête, était notamment allée réconforter les proches des victimes. Des images qui avaient fait le tour du monde. Elle avait également refusé de prononcer le nom du terroriste, et avait multiplié les messages d'unité à destination des musulmans, déclarant au Parlement «Ils sont nous». Un apaisement et une retenue qui avaient été salués par la presse du monde entier, le Washington Post titrant par exemple l'un de ses éditoriaux «Le monde regarde Jacinda Ardern» quelques jours après le double attentat.

Et contrairement à Donald Trump, qui refuse toujours de restreindre l'accès aux armes malgré la multiplication des tueries de masse aux Etats-Unis, Jacinda Ardern avait immédiatement pris des mesures : interdiction des armes semi-automatiques de type militaire, création d'un registre national des armes et renforcement des règles d'obtention des permis de port d'armes. Aux côtés d'Emmanuel Macron, elle a par ailleurs lancé en mai dernier l'«appel de Christchurch», visant à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme en ligne.

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