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Conseil des ministres franco-allemand : de quoi va-t-il être question ?

Angela Merkel et Emmanuel Macron se retrouveront à Toulouse, accompagnés de douze ministres allemands et neuf Français. Angela Merkel et Emmanuel Macron se retrouveront à Toulouse, accompagnés de douze ministres allemands et neuf français. [Ludovic MARIN / POOL / AFP]

Emmanuel Macron, Angela Merkel et plusieurs membres des gouvernements français et allemand se retrouveront à Toulouse ce mercredi 16 octobre, pour le 21e conseil des ministres franco-allemand. L'occasion de relancer la coopération entre les deux pays, qui semble être à l'arrêt. Seront notamment sur la table la guerre commerciale avec les Etats-Unis, la défense ou encore Google.

défense

Il s'agit sans doute du sujet le plus sensible abordé lors de ce conseil des ministres, auquel participeront douze ministres allemands et neuf français (dont Jean-Yves Le Drian, Florence Parly, Elisabeth Borne, Christophe Castaner ou encore Bruno Le Maire). La coopération des deux pays dans le domaine de la défense sera au centre des discussions. En effet, depuis l'annonce il y a deux ans du lancement de projets d'avion de combat (SCAF) et de char (MGCS) franco-allemands, ces deux programmes patinent. Et ce, malgré la signature, le 17 juin lors du salon du Bourget, d'un accord-cadre par Paris, Berlin et Madrid sur le SCAF, qui doit remplacer les actuels Rafale et les Eurofighter.

Preuve que cela n'avance pas, les deux industriels qui dirigent le projet d'avion de combat du futur, Dassault Aviation et Airbus, ont appelé le 7 octobre Paris et Berlin à faire du conseil des ministres conjoint un «catalyseur à cette volonté commune d'aller de l'avant», en lançant «sans plus attendre» les études pour faire voler un premier démonstrateur en 2026. Les deux Etats veulent donc lever les blocages lors de leur réunion à Toulouse - où se trouve d'ailleurs le siège d'Airbus, que les deux dirigeants visiteront -, concernant notamment le partage de la charge de travail entre industriels français et allemands.

Guerre commerciale avec les états-unis

L'Elysée a confirmé que «les thématiques économiques et commerciales» seraient également discutées lors de ce conseil des ministres. Une formulation volontairement large, mais nul doute que parmi les sujets abordés figureront les tensions commerciales entre les Etats-Unis et l'UE, Paris et Berlin faisant figure de leaders de l'Union.

Le 2 octobre dernier, Washington a annoncé qu'il allait imposer des droits de douane punitifs sur 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d'euros) de produits européens importés, à compter du 18 octobre. Donald Trump y a été autorisé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui avait quelques heures auparavant jugé illégales les subventions accordées par quatre pays européens (France, Allemagne, Espagne et Royaume-Uni) à Airbus.

Emmanuel Macron et Angela Merkel devraient discuter ce mercredi lors du conseil des ministres franco-allemand de la riposte à préparer, avant de vraisemblablement l'évoquer plus longuement avec la future présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. L'Allemande rejoindra en effet le tandem franco-allemand mercredi dans la soirée, pour un dîner avec la Table ronde des Industriels européens, un club libéral qui regroupe une cinquantaine des plus grands groupes industriels et de haute technologie de l'UE. Dès l'annonce des sanctions américaines, Bruxelles avait déjà promis de répondre par des mesures similaires, tout en déclarant toujours espérer un accord avec Washington.

Google et «droit voisin»

Le ministre de la Culture français Franck Riester a indiqué le 4 octobre que la question du «droit voisin» serait au programme du conseil des ministres franco-allemand. Un sujet qui fait actuellement l'objet d'un bras de fer entre Bruxelles et Google.

Revenons au début. Le «droit voisin» pour les médias sur internet a récemment été instauré dans l'UE, après l'adoption d'une directive européenne sur le droit d'auteur sur le web en mars dernier. Concrètement, elle permet aux éditeurs de presse d'être rémunérés pour la reprise de leurs contenus par les géants du numérique américains que sont notamment Google (avec Google Actualités) et Facebook.

Sauf que Google a fait savoir fin septembre qu'il refuserait de se plier à cette nouvelle loi et n'entendait donc pas rétribuer la presse. Ainsi, lors de l'entrée en vigueur le 24 octobre dans l'Hexagone d'une loi qui transpose dans le droit français la réforme européenne, la firme de Moutain View va changer l'affichage de Google Actualités en France, de façon à contourner la réglementation. Il ne montrera plus d'extraits d'articles ou de photos miniatures dans ses résultats de recherches, mais seulement les titres et les liens, sauf si les éditeurs donnent leur autorisation.

«Inacceptable» pour la presse et le gouvernement français. Emmanuel Macron est même monté au créneau après l'annonce de Google, déclarant que l'entreprise ne pouvait «pas s'affranchir» de la loi en France et devait acquitter des droits d'auteur aux médias sous peine, dans le cas contraire, «de les tuer». Le président français essayera ce mercredi de trouver le soutien d'Angela Merkel dans ce combat, Franck Riester ayant affirmé que la France voulait agir de manière coordonnée avec les autres Etats de l'UE, notamment pour qu'ils transposent à leur tour la directive européenne dans leur droit national «avec la même ambition».

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Les chefs d'Etats et ministres français et allemands ne pourront sans doute pas passer à côté du dossier du Brexit, à la veille d'un sommet européen crucial à Bruxelles, jeudi et vendredi, qui devrait entériner l'avenir du divorce (accord, «no deal» ou nouveau report).

Après la semaine d'actions internationales pour la planète initiée par le mouvement britannique Extinction Rebellion, la question climatique sera également au cœur des débats. France et Allemagne devraient essayer de coordonner leurs efforts en faveur de la lutte contre le réchauffement, alors que Berlin vient de présenter fin septembre un plan climat ambitieux, qui a été en partie vidé de sa substance depuis.

Les deux puissances vont également évoquer la question de la coopération en matière de sécurité, notamment en ce qui concerne le terrorisme, alors que France et Allemagne ont vécu chacune un grave attentat sur leur territoire ces dernières semaines : à la préfecture de police de Paris pour la France, à Halle en Allemagne (qui visait une synagogue et un restaurant turc).

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