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Vladimir Poutine peut-il mettre fin à l'offensive turque en Syrie ?

Vladimir Poutine est le seul dirigeant international à parler à toutes les parties prenantes du conflit (Kurdes, Syrie et Turquie). Vladimir Poutine est le seul dirigeant international à parler à toutes les parties prenantes du conflit (Kurdes, Syriens et Turcs). [Mikhail KLIMENTYEV / SPUTNIK / AFP]

Depuis le début de l'offensive turque contre les Kurdes dans le nord de la Syrie le 9 octobre, Vladimir Poutine s'est imposé comme le médiateur entre les protagonistes du conflit. La preuve, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accepté de s'entretenir avec son homologue russe à Sotchi ce mardi 22 octobre. Une rencontre-clé durant laquelle le chef du Kremlin tentera de négocier une solution pour stopper l'opération militaire turque.

La Russie a déjà joué son rôle d'arbitre il y a une semaine à Manbij, une ville du nord de la Syrie tenue depuis trois ans par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), en permettant d'éviter un face-à-face qui s'annonçait sanglant entre l'armée turque et ses supplétifs syriens d'un côté, et les troupes syriennes de Bachar al-Assad de l'autre, appelées à la rescousse par les Kurdes. «Cet affrontement serait inacceptable», avait déclaré Vladimir Poutine depuis Abou Dhabi (Émirats arabes unis). Les soldats russes, présents en Syrie depuis 2015, avaient alors investi la ville, et empêché un bain de sang.

Mais le chef d'Etat russe va devoir de nouveau faire jouer ses talents de négociateur ce mardi avec Recep Tayyip Erdogan. En effet, ce dernier a menacé mardi de relancer l'offensive en Syrie «avec une plus grande détermination», faute d'un retrait des forces kurdes avant 19h GMT (21 heures à Paris, ndlr), soit le moment auquel la trêve négociée par les Américains doit s'achever. Le président turc a ainsi rejeté la proposition d'Emmanuel Macron, qui avait prôné auprès de Vladimir Poutine lundi une «prolongation du cessez-le-feu». Mais à son arrivée à Sotchi, il a tout de même indiqué espérer que les pourparlers avec le président russe constituent «une opportunité de paix plus solide».

La Russie veut une «stabilité durable» dans la région

La «zone de sécurité» voulue par Recep Tayyip Erdogan à la frontière turco-syrienne, côté syrien, sera au centre des discussions entre les deux présidents. Initialement, le président turc souhaitait que cette bande fasse 444 kilomètres de long. Mais après le retour des troupes syriennes dans le nord-est du pays, soutenues par Moscou, Ankara a revu son ambition à la baisse dans un premier temps, ne réclamant plus qu'une zone de 120 km de long.

Pour l'agrandir, Recep Tayyip Erdogan sait qu'il devra trouver une entente avec la Russie. Mais pas sûr qu'il y parvienne. «Pour nous, l'essentiel, c'est d'arriver à une stabilité durable de la Syrie et de la région et nous considérons que ça ne sera possible qu'en rétablissant l'intégrité de la Syrie», a expliqué lundi un conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, interrogé sur les pourparlers à venir entre Erdogan et Poutine.

L'objectif de Vladimir Poutine est en effet d'aboutir à une solution acceptable pour tous les protagonistes du conflit - Kurdes, Turquie et Syrie -, le président russe étant le seul dirigeant international à tous leur parler. Pour y arriver, il souhaite encourager le dialogue entre Damas et les Kurdes – lâchés par les Etats-Unis –, et calmer les velléités turques. Il peut compter sur ses bonnes relations avec le régime de Bachar al-Assad, qu'il a contribué à sauver en 2015 via une opération militaire, mais aussi avec Recep Tayyip Erdogan.

Des échanges multiples entre Moscou et Ankara

Malgré leurs intérêts divergents en Syrie, Moscou et Ankara ont accru leur coopération sur le dossier syrien depuis plusieurs années, et ont en parallèle augmenté leurs échanges : achat par Ankara du système de défense antimissiles russe S-400, renforcement des échanges commerciaux, ou encore construction par les Russes de la première centrale nucléaire de Turquie et du gazoduc TurkStream, reliant la Russie à la Turquie.

Vladimir Poutine apparaît donc comme le facteur X de ce conflit, celui qui pourrait mettre fin à l'offensive turque. Un tel succès pourrait permettre à la Russie de consolider sa position au Moyen-Orient, déjà bien affirmée, en renforçant son allié Bachar al-Assad, qui va pouvoir reprendre le contrôle de territoires jusque-là occupés par les Kurdes. Mais aussi d'éviter le risque de résurgence de Daesh dans la région. Une issue qui inquiète la Russie, tout comme les pays occidentaux, car les forces kurdes détiennent dans leurs prisons des milliers de jihadistes, qui pourraient s'enfuir à la faveur de l'opération militaire turque et revenir dans leur pays d'origine.

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