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Brexit : un nouveau report inéluctable ?

Le Brexit ressemble de plus en plus au scénario du film «Un jour sans fin». Après avoir déjà été reporté à deux reprises, le divorce du Royaume-Uni avec l'UE, fixé au 31 octobre, pourrait de nouveau être repoussé. En cause, le revers de Boris Johnson au Parlement mardi 22 octobre, qui a vu ce dernier rejeter le calendrier serré d'examen de l'accord de sortie proposé par le Premier ministre.

Après que les députés ont approuvé mardi sur le principe, par 329 voix contre 299, le compromis de retrait conclu par Londres et Bruxelles la semaine dernière - une grande victoire pour Boris Johnson, car c'était la première fois que le Parlement britannique donnait son aval à un accord -, le dirigeant conservateur a reçu une douche froide : la Chambre des communes a en effet refusé, par 322 voix contre 308, de voter sur ce texte d'ici à jeudi soir, un délai jugé trop court pour débattre d'un pavé de 110 pages (auxquelles il faut rajouter de longues notes explicatives).

En conséquence, Boris Johnson a annoncé qu'il suspendait l'examen de l'accord par le Parlement, jusqu'à ce que l'UE prenne une décision sur un report de la date du divorce. Tout est donc désormais entre les mains de Bruxelles. Les dirigeants de l'Union doivent déterminer s'ils accordent une nouvelle extension du Brexit à Londres - qui serait la troisième - et, le cas échéant, de sa durée.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, leur a recommandé mardi «d'accepter la demande britannique pour un nouveau report de la date de sortie» du Royaume-Uni de l'UE, Boris Johnson ayant été contraint samedi par les députés britanniques d'envoyer une lettre à Bruxelles réclamant une prolongation. Un courrier accompagné d'une deuxième missive, dans laquelle le dirigeant conservateur disait ne pas vouloir de ce report, celui-ci pensant toujours pouvoir sortir le 31 octobre.

Paris et Berlin en faveur d'une extension courte

La recommandation du président du Conseil européen sera débattue lors d'une réunion des ambassadeurs des pays membres auprès de l'UE, planifiée mercredi soir, mais durant laquelle rien ne sera décidé, a averti un représentant. La durée d'une éventuelle extension - pas précisée par Donald Tusk - devrait également être au menu des discussions.

La France et l'Allemagne poussent pour une prolongation courte. Paris est en effet prêt à un report «technique» de «quelques jours» afin que la procédure parlementaire puisse s'achever à Londres, mais s'opposera à une extension destinée à «rediscuter de l'accord», a déclaré mardi la secrétaire d'Etat française aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin.

Quant à Berlin, son ministre des Affaires étrangères Heiko Maas a affirmé mercredi qu'un report «de deux ou trois semaines pour permettre aux parlementaires à Londres de mettre en œuvre la ratification du texte de loi sur la sortie [...] ne serait pas un problème».

Un report flexible de trois mois ?

Mais selon certains médias britanniques, l'UE pourrait tout aussi préférer une prolongation de trois mois, c'est-à-dire la durée que Boris Johnson a été contraint de solliciter par le Parlement britannique en raison d'une loi adoptée début septembre. Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar s'y est dit favorable, tout comme le président du Parlement européen David Sassoli.

«Bruxelles ne veut pas s'immiscer dans un débat houleux au Royaume-Uni, donc il semble probable qu'il dira oui à cela (le report de trois mois) plutôt que 'd'imposer' sa propre 'extension européenne'», estime Katya Adler, journaliste spécialiste de l'Europe à la BBC. Mais selon les informations de la BBC, ce report jusqu'au 31 janvier 2020 serait flexible : le Royaume-Uni pourrait quitter l'UE avant cette date, dès la ratification du «deal» par les députés britanniques.

Dans cette hypothèse, Boris Johnson pourrait être tenté de réclamer la convocation d'élections générales anticipées dans ce laps de temps de trois mois, d'après la presse britannique. Un tel scrutin «semble être le seul moyen de sortir de l'impasse», a souligné sur la BBC le ministre de la Justice Robert Buckland. Sauf que le Premier ministre a besoin du soutien des députés pour mettre en œuvre son projet. Ce qu'il pourrait obtenir.

Le Parti travailliste, principale formation d'opposition, voterait pour, a annoncé le député Richard Burgon sur la BBC mercredi. Tout comme les Libéraux-Démocrates et le Parti national écossais (SNP), selon des sources interrogées par la BBC. En plus d'avoir un impact sur le Brexit, la durée du possible report pourrait donc également totalement chambouler le paysage politique britannique.

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