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Notre cerveau nous empêche de penser à notre propre mort, mais pas à celle des autres selon une étude

ce mécanisme nous protègerait ainsi des menaces existentielles qui pourraient avoir un impact sur notre santé psychologique.[©Fred TANNEAU / AFP]

Nous allons tous mourir un jour. Pourtant, notre cerveau nous empêche de penser à la fin de notre existence en nous faisant croire que la mort n’arrive qu’aux autres. C’est en tout cas ce que révèle une récente étude menée par des chercheurs français et israéliens en neuroscience.

Dans une publication de la revue scientifique NeuroImage, ces derniers expliquent que le pouvoir de persuasion de cet organe est tel, qu’il est capable de rendre la réalité de notre dernier soupir complètement abstraite.

Un mécanisme primitif et de défense

«Le cerveau n’accepte pas que la mort soit liée à nous», a expliqué à The Guardian Yair Dor-Ziderman, de l'Université Bar Ilan en Israël. «Nous possédons ce mécanisme primitif selon lequel lorsque le cerveau reçoit une information qui lie le soi à la mort, cela nous parait douteux et nous ne devrions pas croire à cette éventualité», a-t-il ajouté.

Autrement dit, en prévenant la concrétisation du rapport entre le soi et la mort, ce mécanisme, qui se développerait dès le plus jeune âge, nous protégerait ainsi des menaces existentielles qui pourraient avoir un impact sur notre santé psychologique.

En revanche, l'irrémédiable mortalité des autres nous paraît bien réelle. Et pour cause, le déni de notre mort certaine se traduit par une plus grande probabilité de la mort d'autrui. «Nous ne pouvons pas rationnellement nier que nous allons mourir, mais nous percevons plutôt notre mortalité comme quelque chose qui arrive aux autres», précise Yair Dor-Ziderman.

Pour arriver à ses conclusions, les chercheurs ont mis au point un test basé sur l’association d’images de personnes à des mots liés à la mort. Lorsque les participants voyaient apparaître leur propre visage projeté sur un l’écran à côté de mots relatif à la mort comme «enterrement», leur cerveau ne montrait aucune réaction. Cette expérience a montré que le système de prédiction de leur cerveau se fermait dès que leur propre personne était associée au concept de la mort.

A contrario, à chaque fois qu’on leur montrait le visage d’un inconnu avec ces mêmes mots liés à la mort, un signal de surprise était détecté. Selon Yair Dor-Ziderman, le cerveau active un mécanisme de défense pour lutter contre la phobie grandissante de la mort dans notre société.

Le psychologue Arnaud Wisman, psychologue à l'Université du Kent, explique que dans les sociétés modernes, la population a tendance à s’éloigner du concept de fin de vie à travers la surconsommation, l’usage des téléphones portables, ou encore en s'investissant à outrance dans le travail. En clair, on s'occupe par tous les moyens pour ne pas avoir le temps de craindre le passage de la faucheuse.

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