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Contrats, Centre Pompidou, environnement, Ouïghours... Les enjeux de la visite d'Emmanuel Macron en Chine

Emmanuel Macron est arrivé ce lundi 4 novembre à Shanghai, pour sa deuxième visite d'Etat en Chine, un voyage à forte dimension commerciale et culturelle. Entre signature de contrats, inauguration d'une antenne du Centre Pompidou, échanges autour de la question de l'environnement et sujets sensibles (Ouïghours, Hong Kong...), les enjeux de ce déplacement de trois jours sont multiples.

Signature de contrats et accès au marché chinois

La visite d'Emmanuel Macron en Chine est placée prioritairement sous le signe du business. Pour preuve, le chef de l'Etat est accompagné dans l'Empire du milieu d'une délégation de chefs d'entreprise du CAC 40 (L'Oréal, Suez, BNP Paribas, Airbus, Sanofi...), mais également de dirigeants de petites et moyennes entreprises françaises (Limagrain, Bigard, Babilou, Deezer...). De plus, il participera ce lundi soir, avec d'autres dirigeants internationaux, à la cérémonie d'ouverture de la deuxième édition de la Foire internationale des importations de Chine (CIIE) à Shanghai. Un grand rendez-vous commercial, destiné pour la Chine à montrer que le pays a la volonté d'ouvrir son marché, et dont la France est l'un des «invités d'honneur» cette année avec 70 entreprises tricolores inscrites. Emmanuel Macron et son homologue chinois Xi Jinping visiteront ensuite ensemble mardi les pavillons chinois et français de la foire, et prononceront tous deux un discours.

L'Elysée indique qu'«une quarantaine de contrats» devraient être signés, dans des secteurs aussi variés que l'agroalimentaire, le tourisme, la santé, l'aéronautique, l'espace ou l'énergie. «On espère des avancées» sur l'ouverture du marché chinois aux entreprises françaises et européennes, a également confié la présidence, notamment pour les produits agricoles et agroalimentaires. C'est dans ce cadre qu'Emmanuel Macron a invité en Chine Phil Hogan, futur commissaire européen au commerce dans l'équipe d'Ursula von der Leyen, et la ministre allemande Anja Karliczek, en charge de l'Education et de la Recherche. En effet, deux accords, actuellement en discussions entre l'UE et la Chine, devraient être évoqués lors de cette visite : le premier concerne les indications géographiques protégées (IGP), le second la protection des investissements.

Par ailleurs, Paris espère avancer sur le projet d'usine de traitement de combustibles nucléaires usagés en Chine, porté par l'entreprise française Orano (ex-Areva). En négociation depuis une dizaine d'années, les discussions «s'accélèrent», selon l'Elysée.

Inauguration d'une antenne du Centre Pompidou à Shanghai, guillaume canet dans la délégation

Emmanuel Macron ne se rend pas seulement en Chine pour améliorer les liens commerciaux franco-chinois, mais également pour «renforcer le partenariat culturel» entre les deux pays. Ainsi, il inaugurera mardi le «Centre Pompidou West Bund Museum Project» à Shanghai, la première antenne du célèbre musée parisien d'art moderne et contemporain à s'implanter hors d'Europe (il en existe deux en Europe, à Malaga et Bruxelles). Y seront exposées des œuvres prêtées par Beaubourg.

A cette occasion, Emmanuel Macron déjeunera avec des artistes chinois, dont certains travaillent en France. Une délégation culturelle l'accompagnera, dans laquelle on retrouvera notamment l'acteur et réalisateur Guillaume Canet. Une présence qui s'explique par le fait que ce dernier réalisera le prochain film des aventures d'Astérix (qu'il incarnera à l'écran), «Astérix & Obélix, l'Empire du milieu», où le célèbre Gaulois se frottera à la culture chinoise. Le compositeur de musique électronique Jean-Michel Jarre, l'architecte Jean Nouvel ou encore les artistes Annette Messager et Sophie Calle feront également partie de la délégation.

Un «agenda euro-chinois» pour le climat et la biodiversité

La protection de l’environnement sera aussi l'un des thèmes abordés par Emmanuel Macron lors de sa visite, selon l'Elysée. Un sujet désormais incontournable sur le plan international, d'autant plus dans un pays qui est le plus gros émetteur de CO2 de la planète (devant les Etats-Unis et l'Inde).

Au cours d'entretiens formels à Pékin mercredi, le président français et son homologue chinois Xi Jinping tenteront de pousser «un agenda euro-chinois» pour le climat et la biodiversité. Selon l'Elysée, «un texte commun» sur la biodiversité est en discussions, la France devant accueillir à Marseille en juin 2020 le congrès mondial de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et la Chine la COP15 sur la biodiversité en octobre 2020 à Kunming, dans le sud du pays. «Ensemble, nos deux pays ont la capacité de créer un effet d’entraînement d’autres pays pour qu’ils s’engagent davantage pour le climat et la biodiversité», affirme l'Elysée.

Hong Kong, OUïghours, droits de l'homme... Des sujets tabous ?

Même si l'Elysée a affirmé qu'Emmanuel Macron devrait aborder «sans tabou», «dans un cadre respectueux et franc», les questions sensibles des droits de l'Homme, de la situation à Hong Kong et au Xinjiang (avec les Ouïghours), ou encore des accusations de cyber-attaques venant de Chine, ces sujets pourraient être passés sous silence. C'est ce qui ressort en tout cas des différentes déclarations côté chinois et côté français.

«Hong Kong et le Xinjiang relèvent des affaires intérieures de la Chine, il n'est pas pertinent que ce soit à l'ordre du jour diplomatique», a averti un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhu Jing.

Sur la mobilisation pro-démocratie à Hong Kong, où la répression musclée des forces de l'ordre a amené l'UE à juger dans une déclaration «extrêmement préoccupants l’escalade de la violence et les troubles qui se poursuivent», l'Elysée semble être sur la même ligne. La présidence a en effet déclaré au Huffington Post que la visite en Chine d'Emmanuel Macron n'était pas forcément le «bon cadre» pour évoquer le sujet. Quant au sort des Ouïghours, une minorité musulmane opprimée par Pékin dans la région du Xinjiang (nord-ouest de la Chine) car soupçonnée de velléités islamistes et séparatistes, l'Elysée a seulement indiqué que le sujet avait déjà été évoqué lors de la visite de Xi Jinping à Paris au mois de mars.

Pas de quoi rassurer les ONG de défense des droits humains, comme Human Rights Watch (HRW), qui a demandé dans un communiqué à Emmanuel Macron de «tenir ses promesses et appeler à des améliorations majeures en matière de droits humains» lors de sa visite en Chine. Celle-ci a sommé le chef de l'Etat de «faire pression publiquement sur le président Xi Jinping pour la fermeture des camps 'd'éducation politique' dans le Xinjiang [où plus d'un million de Ouïghours seraient détenus, NDLR], la libération de tous les activistes injustement détenus ou emprisonnés et le respect du droit des habitants de Hong Kong à la participation politique».

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