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Mur de Berlin : une chute qui a (presque) tout changé

La rencontre entre les soldats de l’Est et les habitants de l’Ouest est restée gravée dans les mémoires, outre-Rhin.  La rencontre entre les soldats de l’Est et les habitants de l’Ouest est restée gravée dans les mémoires, outre-Rhin. [GERARD MALIE / AFP]

Un moment phare du XXe siècle. Le soir du 9 novembre 1989, le mur de Berlin est tombé, ouvrant la frontière entre l’Ouest et l’Est, après quarante ans de séparation symbolisée, dès 1961, par la frontière physique. Un événement historique, entraînant la fin de la guerre froide, qui a complètement redessiné l’Allemagne et l’Europe.

Cet épisode majeur est - c’est à noter -  survenu sans faire de victime ni d’un côté ni de l’autre, dans une joie communicative. Ce samedi, c’est toute l’Allemagne qui va célébrer les 30 ans de la fin de ce symbole funeste, longtemps surnommé «mur de la honte», qui illustrait l’affrontement entre deux idéologies depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après la chute et les embrassades, la réunification a pu être lancée dès 1990, mais le pays, qui conserve les stigmates de cette période troublée, ne veut rien oublier. 

Un choc et une impulsion

Lorsque les images des blocs de béton tombant sur le sol ont été diffusées dans les foyers du monde entier, le message était clair : l’URSS et le bloc communiste venaient de subir une large défaite. C’est ensuite tout un pays qui a dû se reconstruire, après des dizaines d’années sans communiquer.

Grâce à une forte volonté de l’Ouest d’accueillir et de fonder une nouvelle Allemagne fédérale, les changements se sont vite fait sentir. Au point de devenir la principale puissance économique et politique européenne. Le système allemand, bien qu’imparfait à plusieurs égards, est désormais régulièrement montré en exemple, que ce soit en France ou à l’étranger.

Pour cela, il a cependant fallu quelques ajustements. En tout, selon SED-Staat, une association d’économistes, la réunification a coûté 2 000 milliards d'euros au pays. «L’Allemagne était déjà un partenaire central de la France pour l’Europe, mais son importance économique a augmenté après les réformes des années 2000 pour compenser les difficultés rencontrées après l’intégration de l’Est», explique Yves Doutriaux, professeur de géopolitique et ancien diplomate.

L’un des résultats frappant de ce travail, est l’excédent budgétaire régulier du pays depuis le début des années 2010, après des décennies de déficit. En 2018, il atteignait 58 milliards d’euros. Grâce à ce succès, plus aucune décision ne semble être prise au sein de l’UE sans l’accord de la chancelière Angela Merkel.

La séparation fantôme

Tout n’est pas rose pour autant, de l’autre côté du Rhin. Si la réunification a entraîné une rapide augmentation du niveau de vie à l’Est, les différences existent toujours, au point que certains parlent de «mur fantôme». Selon l’office allemand de la statistique, la population à l’Ouest est plus jeune, moins touchée par le chômage et plus citadine.

Ces tendances créent d’ailleurs des tensions dans l’ex-Allemagne de l’est, symbolisées par les récents résultats électoraux. Depuis plusieurs années, le parti d’extrême droite AfD, créé en 2013, réalise des performances importantes dans les Länder de l’Est, à commencer par la Saxe et le Brandebourg. Actuellement, la formation est la troisième force du Bundestag, le parlement allemand, avec 91 députés sur 709.

Inquiet de la situation, le maire de Berlin a déclaré lundi, au moment d’entamer les festivités, qu’il «faut s’engager ensemble pour la liberté, la liberté de la presse, la liberté d’opinion, la liberté de culte». Il faudra donc du temps, plus que la chute d’un mur, pour unifier durablement l’Allemagne.

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