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La candidature de Thierry Breton à la Commission européenne peut-elle être rejetée ?

Le passé de Thierry Breton, ancien PDG de l'entreprise Atos, est au cœur des critiques de certains députés européens de gauche. Le passé de Thierry Breton, ancien PDG de l'entreprise Atos, est au cœur des critiques de certains députés européens de gauche. [ERIC PIERMONT / AFP]

Thierry Breton, candidat français à la Commission européenne, a franchi mardi 12 novembre une première étape vers sa nomination, en obtenant l'aval de la commission juridique du Parlement européen. Mais le vote a été extrêmement serré, ce qui promet un grand oral devant les eurodéputés, prévu jeudi, difficile pour l'ancien ministre français de l'Economie.

Sur les 23 députés européens de la commission des Affaires juridiques (Juri) chargés d'examiner les possibles conflits d'intérêts de Thierry Breton, seulement 12 ont jugé qu'aucune question écrite ni audition supplémentaire n'était nécessaire le concernant, tandis que 11 y étaient favorables. Un écart de seulement une voix, alors que les deux autres candidats dont les déclarations d'intérêt étaient épluchées en même temps - le Hongrois Oliver Varhelyi et la Roumaine Adina Valean - ont obtenu l'un et l'autre 21 voix pour et zéro contre.

Ce résultat serré s'explique par le passé de Thierry Breton, qui a dirigé le groupe de services informatiques français Atos pendant onze ans, et le portefeuille qu'il se verrait confier à la Commission européenne. En charge du marché intérieur, il s'occuperait au sein de l'UE de toutes les questions relatives à la politique industrielle, au numérique, à la défense et à l'espace, des thématiques en lien avec les activités d'Atos. De quoi créer des soupçons de conflits d'intérêts, pointés notamment par les eurodéputés La France insoumise (LFI) Manon Aubry et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Yannick Jadot.

Un grand oral qui s'annonce périlleux

Pour que sa candidature soit définivement validée, Thierry Breton va maintenant devoir passer l'obstacle de l'audition formelle devant les députés européens des commissions en lien avec son portefeuille, qui aura lieu jeudi de 13h à 16h. Mais c'est loin d'être gagné, les eurodéputés verts, sociaux-démocrates et d'extrême gauche souhaitant remettre la question des conflits d'intérêts sur le tapis lors de ce grand oral, qui doit normalement permettre de juger seulement les compétences des candidats.

Pour réussir cette audition, l'ex-patron d'Atos, qui a également dirigé Thomson et France Télécom, devra réunir les deux tiers des voix des coordinateurs des deux commissions leaders qui l'entendront, à savoir les commissions Marché intérieur et Industrie. Ce qui semble difficile à atteindre si tous les eurodéputés de gauche votent contre, et que seuls les élus appartenant aux groupes politiques du PPE (droite) et Renew Europe (centre) donnent leur approbation.

Plutôt que de rejeter la candidature de Thierry Breton, les députés européens pourraient sinon choisir de redécouper le super-portefeuille de l'ancien ministre de l'Economie sous Jacques Chirac (2005-2007), et lui retirer certaines thématiques, comme le numérique ou la défense. C'est notamment le souhait de Yannick Jadot. Hors de question pour l'Elysée. «On ne va pas dépecer un portefeuille qui a une cohérence d'action», justifie au Parisien un conseiller ministériel.

Il a vendu toutes ses actions

Mais, pour cela, il va falloir convaincre les députés européens réticents. Thierry Breton tente depuis plusieurs jours de mettre toutes les chances de son côté, pour éloigner les soupçons de conflits d'intérêts. Il a annoncé avoir vendu toutes ses actions Atos, qu'il a quitté le 31 octobre, et de son ex-filiale Worldline. Il a également quitté les mandats qu'il exerçait au sein des conseils d'administration de différentes entreprises (comme Carrefour).

Enfin, l'ex-chef d'entreprise de 64 ans a promis, s'il entre à la Commission européenne, de ne pas participer aux décisions financières qui pourraient concerner Atos et de «ne pas percevoir sa retraite complémentaire au cours de son mandat». Histoire de ne pas revivre la même mésaventure que Sylvie Goulard, premier choix d'Emmanuel Macron pour prendre le poste de commissaire européen alloué à la France, mais dont la candidature avait été rejetée par le Parlement européen à cause notamment de son implication dans l'affaire des emplois présumés fictifs d'assistants d'eurodéputés du MoDem.

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