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Royaume-Uni : le Parti conservateur se fait passer pour un compte de «fact-checking» sur Twitter

Durant le débat entre Boris Johnson et Jeremy Corbyn, l'un des comptes Twitter du Parti conservateur a totalement changé d'apparence, se présentant comme un compte de «fact-checking». Durant le débat entre Boris Johnson et Jeremy Corbyn, l'un des comptes Twitter du Parti conservateur a totalement changé d'apparence, se présentant comme un compte de «fact-checking». [Capture d'écran Internet Archive]

Au Royaume-Uni, le Parti conservateur est au centre des critiques après avoir renommé mardi soir l'un de ses comptes Twitter pour le présenter comme un compte de « fact-checking », c'est-à-dire de vérification d'informations, en plein débat télévisé de la campagne des élections législatives du 12 décembre.

Le compte Twitter du service de presse du siège de campagne du Parti conservateur, nommé «CCHQ Press Office», a subitement changé de nom pour se rebaptiser «FactcheckUK» durant le débat opposant le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn au Premier ministre conservateur Boris Johnson, commentant les déclarations du premier et relayant celles du second, en mettant juste devant celles de «BoJo» le mot «FACT» («fait» en français).

Le compte, suivi par 77.000 personnes, a également changé son logo, sa bannière et sa description Twitter. Dans cette dernière pouvait-on lire : «Fact-checking du Labour par le CCHQ.» Mais sans perdre son côté partisan, le compte écrivant à la fin du débat que Boris Johnson en était «le vainqueur clair». Et sans perdre non plus son badge bleu, signalant qu'il s'agit d'un compte certifié par le réseau social et donc digne de confiance. Comme par magie, juste après le débat, le compte a retrouvé son apparence habituelle. De quoi recevoir une volée de bois vert de la part de l'opposition, des véritables sites de fact-checking mais également de Twitter lui-même.

capture_du2019ecran_2019-11-20_a_16.52.28_5dd5616c81459_0.jpgL'apparence habituelle du compte Twitter du service de presse du siège de campagne du Parti conservateur. (©Capture d'écran Twitter)

capture_du2019ecran_2019-11-20_a_16.40.03_5dd5618f4162e_0.jpgL'apparence du compte Twitter du service de presse du siège de campagne du Parti conservateur pendant le débat. (©Capture d'écran Twitter)

«Twitter s'implique pour que puisse se tenir un débat sain pendant la campagne électorale britannique. Nous avons au niveau international des règles en place qui interdisent des comportements de nature à tromper les gens, y compris avec des comptes certifiés», a déclaré un porte-parole du réseau social à l'oiseau bleu. «Toute nouvelle tentative visant à tromper les gens en modifiant des informations de profil certifié, à la manière de ce qui a été fait pendant le débat pour les élections au Royaume-Uni, entraînera des sanctions», a-t-il ajouté.

Le Parti conservateur nie toute tentative de tromperie

Le porte-parole du parti Libéral-démocrate, Tom Brake, a de son côté dénoncé une manœuvre «sortie tout droit du manuel de Donald Trump ou de Vladimir Poutine», tandis que le député travailliste David Lammy a estimé que cette affaire soulignait «le mépris» du Parti conservateur et du gouvernement «pour la vérité». Même l'eurodéputé belge Belge Guy Verhofstadt, coordinateur du Brexit pour le Parlement européen, y est allé de son commentaire, qualifiant la démarche de «dystopique». «Pas même Orban [Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, NDLR] ou le PiS polonais n'en rêveraient, et encore moins le feraient», a-t-il écrit sur Twitter.

Selon Will Moy, directeur général de Full Fact, une association indépendante de fact-ckecking qui avait dès mardi soir alerté sur cette manœuvre «trompeuse», Twitter aurait dû renommer «de force le compte», estimant qu'il s'agissait d' «une tentative pour tromper les électeurs». Même son de cloche du côté de Dawn Butler, une responsable du Labour, pour qui le réseau social américain aurait dû prendre davantage de sanctions. «Twitter aurait pu suspendre le compte» ou «lui retirer son macaron bleu», a-t-elle déclaré à la BBC.

Loin de faire son mea-culpa, le Parti conservateur a défendu sa démarche. Selon le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, il était facile de voir que le compte Twitter en cause était tenu par les Tories. «Quiconque l'a regardé plus d'une fraction de seconde ne peut être trompé», a-t-il affirmé sur la BBC, ajoutant que sa formation avait le droit de réfuter en temps réel les «absurdités» proférées selon lui par Jeremy Corbyn. Avertie, la Commission électorale britannique a déclaré qu'elle n'avait pas le pouvoir d'intervenir dans cette affaire, mais a réitéré son appel aux militants à agir de façon «responsable» et à observer la «transparence».

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