En Bolivie, après de départ d'Evo Morales suite à ce qui s'apparente à un coup d'Etat, une nouvelle élection présidentielle devrait se tenir en 2020. Luis Fernando Camacho va s'y présenter. Portrait.
LEADER DE LA CONTESTAtION ANTI-MORALES
Luis Fernando Camacho est une figure très radicale de la contestation anti-Morales. Le 21 octobre, alors que les résultats officiels du scrutin présidentiel n'étaient pas encore connus, il appelait à la grève générale illimitée, soupçonnant une fraude dans le décompte des voix.
Dès lors, Camacho devient la tête de gondole d'une opposition bien plus radicale que l'adversaire centriste d'Evo Morales lors de l'élection, Carlos Mesa. Quand ce dernier demandait début novembre la tenue de nouvelles élections, Camacho souhaitait que l'armée «se range aux côtés du peuple».
Charismatique, cet avocat de 40 ans entreprend des actions politiques très médiatiques : le 5 novembre, il entame une marche jusqu'au palais présidentiel pour faire signer à Evo Morales une lettre de démission. Dans son sillage, de nombreux Boliviens manifestent, parfois violemment.
Finalement, Evo Morales consent à convoquer de nouvelles élections ; une mesure qui ne suffit pas à calmer la rue. Alors que des mouvements de mutinerie commencent à toucher les commissariats, le 10 novembre, Morales annonce sa démission et fuit quelques jours plus tard au Mexique en dénonçant un coup d'Etat. Mission réussie pour Camacho.
Le 29 novembre, il annonce sur les réseaux sociaux qu'il se déclare officiellement candidat pour l'élection présidentielle qui devrait avoir lieu en 2020.
Desde hoy empezamos a trabajar en un gran proyecto por un mejor país. Es un anhelo servir con todas mis fuerzas para ver a mi Patria unida y libre.
Gracias al pueblo boliviano por su confianza para dirigir la noble institución del Comité pro Santa Cruz.
¡Dios bendiga a Bolivia! pic.twitter.com/a1mJVhJUg8— Luis Fernando Camacho (@LuisFerCamachoV) 30 novembre 2019
Un Fanatique religieux
Dans le civil, Luis Fernando Camacho place Dieu au centre de sa vie et de son engagement politique, identifié très à droite. Lorsqu'il rentre au palais présidentiel, peu après le départ de Morales, il s’agenouille et affirme vouloir «ramener Dieu au palais».
Camacho est né dans une famille aisée de la ville de Santa Cruz, très prospère économiquement. Dans sa jeunesse, il a été vice-président de l'Union des jeunes Crucenistes, une organisation paramilitaire raciste selon la Fédération internationale pour les droits humains.
Sa foi évangéliste, son comportement machiste et raciste lui valent le surnom de «Bolsonaro bolivien», en référence au président brésilien.
En octobre, s'est tenue l'élection présidentielle en Bolivie. Evo Morales, le président sortant, se présentait pour un quatrième mandat consécutif. Dès le premier tour, il arrive en tête du scrutin avec plus de 40 % des voix et 10 % de plus que son poursuivant. Ses détracteurs l'accusent de fraude, la rue s'embrase, la violence monte, Evo Morales doit fuir au Mexique pour sa sécurité. Devant la soudaine vacance du pouvoir et la fuite de ses potentiels successeurs, une sénatrice de droite, Jeanine Anez, en profite pour s'autoproclamer présidente.