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«Traîtres, pervers, homosexuels» : un ministre algérien dérape et s'en prend aux opposants

Les manifestants, dans la rue depuis 41 semaines, rejettent la présidentielle du 12 décembre et demandent le démantèlement total du «système» au pouvoir depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962. Les manifestants, dans la rue depuis 41 semaines, rejettent la présidentielle du 12 décembre et demandent le démantèlement total du «système» au pouvoir depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962. [RYAD KRAMDI / AFP]

Une sortie surréaliste. Alors que l'Algérie est en pleine crise politique, le ministre algérien de l'Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, s'en est pris violemment mardi 3 décembre aux opposants à l'élection présidentielle contestée du 12 décembre, qu'il a traités de «traîtres», de «pervers», d' «homosexuels», ou encore de «mercenaires», inféodés aux «colonialistes».

Diffusés par des chaînes de télévision privées, les propos du ministre, qui s'exprimait devant le Conseil de la Nation, la chambre haute du Parlement, ont été immédiatement largement relayés sur les réseaux sociaux où ils ont suscité des réactions très majoritairement scandalisées.

«Le colonialisme a utilisé ses enfants dans la guerre. Malheureusement, il subsiste chez certains une pensée colonialiste dans laquelle sont utilisés certains de nos enfants algériens», a d'abord déclaré le ministre, avant de gravement déraper : «Ce sont des pseudo-Algériens, des traîtres, des mercenaires, des pervers, des homosexuels. Nous les connaissons. Ils ont pris parti pour ces gens. Ils ne sont pas des nôtres, nous ne sommes pas des leurs», a-t-il poursuivi, sans nommer explicitement ceux qu'ils visaient.

Il a ensuite cité des écrits de Cheikh Bouamama et d'Abdelhamid Ibn Badis, nationalistes algériens des XIXe et XXe siècles, appelant à combattre la France coloniale, avant d'ajouter : «Nous devons être unis et donner une leçon le 12 décembre pour démontrer l'unité du peuple algérien et protéger notre indépendance.»

Une présidentielle contestée

La présidentielle du 12 décembre doit servir à élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril après vingt ans à la tête de l'Algérie, par un mouvement populaire de contestation inédit, appelé le «Hirak». Les protestataires, qui continuent à manifester de façon hebdomadaire - depuis maintenant 41 semaines -, demandent désormais le démantèlement total du «système» au pouvoir depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962 et le départ de toutes les figures de la présidence Bouteflika.

Ainsi, ils s'opposent, tout comme une large partie de la population, à la tenue de l'élection présidentielle, organisée par le pouvoir en place et vue comme une façon d'assurer la survie du «système», dont sont issus les cinq candidats, parmi lesquels figurent deux ex-Premiers ministres d'Abdelaziz Bouteflika.

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