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Brésil : vers la destruction des réserves naturelles ?

[LULA SAMPAIO / AFP]

Les députés de l’État du Rio Grande du Sud, au Brésil, ont voté le 11 décembre dernier pour des modifications du code de l’Environnement. Le texte, approuvé à 37 voix contre 11, met en péril la faune et la flore de la région, selon les députés de l'opposition. Il permet en effet, pour les entrepreneurs, d’obtenir plus rapidement des autorisations pour s’implanter, même dans les réserves protégées.

Le projet de loi 431/2019, proposé par le gouverneur du Rio Grande du Sud Eduardo Leite, était pourtant loin de faire l’unanimité. En effet, un amendement déposé par les députés de la majorité introduit près de 75 modifications au texte initial. Ces points n’ont pas été débattus lors de la session plénière, car la proposition n’a été transmise qu’à la dernière minute à l’ensemble des députés. Plusieurs élus de la majorité, qui ont voté pour le texte, ont tout de même regretté l'absence de débat à l'Assemblée. 

Un point central du nouveau texte, qui a suscité de vives polémiques, est l’instauration de la «licence sur engagement» : cette nouvelle procédure permet en effet aux entrepreneurs d’obtenir les licences et autorisations nécessaires pour ouvrir leurs entreprises, dans un délai maximum de 24 heures, sur présentation d’un document où ils s’engagent à respecter les législations en vigueur sur la protection de l’environnement. Cette démarche se fera dorénavant sur internet, sans que la Fondation de Protection de l’Environnement, qui contrôlait les projets et l’implantation des entreprises sur le territoire jusqu’à présent, ne puisse intervenir, explique Jornal do Comércio

nature en danger

L’objectif pour le gouverneur : faciliter l’implantation des entreprises dans l’État du Rio Grand du Sud en réduisant les démarches administratives, et ainsi encourager le développement économique de la région. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, Eduardo Leite félicite les députés ayant voté en faveur du texte, et affirme que «protéger l'environnement ne signifie pas laisser la nature intacte, mais l’utiliser de manière responsable, pour que les générations futures puissent la préserver, grâce au développement économique et à à la création d’emplois et de richesses, qui sont aussi des manières de protéger la nature». 

Les députés de l’opposition ne l’entendent cependant pas de cette oreille. Jeferson Fernandes, député du Parti des travailleurs, affirme que ces nouvelles dispositions permettent l’exploitation des zones préservées, et «le commerce et le transport d’arbres et d’espèces en voie de disparition», mais surtout qu'elles retirent à l'État son rôle de régulateur et son pouvoir de contrôler l'exploitation de la nature, rapporte Brasil de Fato

Cette nouvelle loi serait un pas de plus vers une catastrophe environnementale, selon les militants écologistes, alors même que la déforestation au Brésil n'a jamais été aussi importante : depuis le début de l'année, qui coincide avec l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, président climatosceptique, 8.970 kilomètres carrés de forêt ont été dévastés. C'est deux fois plus que l'année dernière. 

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