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Tout savoir sur le procès d'Harvey Weinstein, qui démarre ce lundi

Si le chef d'accusation de «comportement sexuel prédateur» d'Harvey Weinstein est prouvé, l'ancien célèbre producteur de cinéma risque la prison à perpétuité. Si le chef d'accusation de «comportement sexuel prédateur» d'Harvey Weinstein est prouvé, l'ancien célèbre producteur de cinéma risque la prison à perpétuité. [David Dee Delgado / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Plus de deux ans après l'éclatement de l'affaire Harvey Weinstein, qui avait provoqué la naissance du mouvement #MeToo, vient enfin l'heure du procès du producteur américain déchu, accusé d'agressions sexuelles. Après avoir été reporté, celui-ci démarre ce lundi 6 janvier à New York, et doit durer environ six semaines.

Seulement deux plaignantes à la barre

Bien que, dans la foulée des révélations du New York Times et du New Yorker en 2017, plus de 80 femmes aient publiquement accusé Harvey Weinstein d'agressions sexuelles, de viols ou de harcèlement sexuel, le procès qui démarre ce lundi ne concerne que deux d'entre elles. Un fait qui s'explique par la difficulté de construire un dossier pénal sans preuve matérielle ni témoin - le propre des scandales sexuels -, autour d'allégations qui remontent souvent à plusieurs années.

La première, Mimi Haleyi, est une ancienne assistante de production, qui accuse l'ancien grand producteur de cinéma - à qui l'on doit notamment Pulp Fiction ou The Artist - de lui avoir imposé un cunnilingus dans son appartement de New York, en 2016, après qu'elle avait refusé plusieurs fois ses avances. La seconde, qui a préféré rester anonyme, accuse le New-Yorkais de 67 ans de l'avoir violée, en mars 2013, dans une chambre d'hôtel à New York. Un acte qui était consenti, selon les avocats du producteur.

Un troisième témoignage qui pourrait être capital

En plus des deux plaignantes, une troisième femme, qui se présente elle aussi comme une victime d'Harvey Weinstein, témoignera lors de ce procès en tant que témoin, ce qui pourrait faire basculer le procès. Il s'agit de l'actrice Annabella Sciorra, 59 ans, connue notamment pour son rôle dans la célèbre série Les Soprano au début des années 2000. Faisant partie des premières à accuser publiquement le producteur en octobre 2017, elle affirme que celui-ci l'a agressée sexuellement chez elle en 1993, après l'avoir contrainte à le laisser entrer.

Des faits trop anciens pour être poursuivis, mais qui sont centraux. En effet, ce témoignage pourrait permettre à l'accusation de prouver le «comportement sexuel prédateur» d'Harvey Weinstein. Ce chef d'accusation ne peut être recevable que si au moins deux femmes ont été agressées sexuellement par le même accusé. Et il pourrait faire la différence, puisque si le cofondateur des studios Miramax et The Weinstein Company est déclaré coupable de ce chef d'inculpation, il risque la prison à perpétuité. Annabella Sciorra n'a pourtant failli jamais pouvoir témoigner, après avoir contacté tardivement la justice. Son témoignage a finalement pu être pris en compte, mais cela a eu pour conséquence le report du procès, qui devait initialement démarrer le 9 septembre dernier.

Une avocate vedette pour défendre harvey Weinstein

«Le bouledogue des salles d'audience.» Le surnom de Donna Rotunno, l'avocate principale d'Harvey Weinstein, en dit plus que mille mots. Son style féroce et agressif a contribué à faire de cette spécialiste des affaires sexuelles une star du barreau. Mais pas que, son talent étant également unanimement reconnu. Il faut dire que les chiffres parlent pour elle. En plus de quarante procès, cette ex-procureure de 42 ans n'en a perdu qu'un seul, une histoire de viol commis par un lycéen de 17 ans, qui a été condamné à 16 ans de prison. Une affaire qui continue encore aujourd'hui de la «hanter», de son propre aveu.

Alors qu'elle s'apprête à défendre l'homme qui a entraîné la naissance de #MeToo, Donna Rotunno n'est - sans surprise au vu de sa spécialité - pas très fan de ce mouvement de libération de la parole des femmes. Très attachée au principe de présomption d’innocence, l'avocate fustige le fait que les réseaux sociaux aient remplacé les tribunaux, et que «beaucoup de ces supposées plaintes viennent de personnes qui ont dénoncé des échanges embarrassants mais pas illégaux», a-t-elle déclaré en juillet dans une tribune publiée par Newsweek.

Les accusatrices stars absentes

Parmi les plus de 80 femmes ayant accusé Harvey Weinstein de les avoir agressées, violées ou harcelées figurent de nombreuses stars du cinéma : Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Ashley Judd, Léa Seydoux, Asia Argento... Mais aucune ne témoignera à la barre, même en tant que simple témoins. Seules quelques unes, comme Rosanna Arquette, ont prévu d'assister à certaines audiences. 

Pour certaines, traumatisées, impossible pour elles de se trouver dans la même pièce que leur agresseur présumé. C'est notamment ce qu'a raconté Rose McGowan. «Cela ressemble à un film d'horreur, vous savez. C'est juste tellement dur», a déclaré l’actrice, connue notamment pour son rôle dans la série Charmed, citée par Sky News. Celle-ci a tout de même fait partie des signataires d'un communiqué, aux côtés de Rosanna Arquette et Ashley Judd, répliquant à une interview d'Harvey Weinstein au New York Post, dans laquelle il affirme avoir été l'un des pionniers de la promotion des femmes à Hollywood.

«Il dit dans une nouvelle interview qu’il ne veut pas qu’on l’oublie. Eh bien, il ne le sera pas. On se souviendra de lui comme d’un prédateur sexuel et d’un abuseur non repenti qui prend tout et ne mérite rien», écrivent ces 23 femmes, membres de la fondation Time's Up, créée dans le sillage du mouvement #MeToo pour soutenir les femmes victimes d'agressions ou de harcèlement sexuels.

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