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Insultes et vengeance : après son acquittement, Donald Trump n'a pas dit son dernier mot, par Harold Hyman

Donald Trump.[AFP]

Tout le monde le sait, le président Trump aime choquer en allant toujours plus loin dans l'excès. Devant quelques centaines d'élus et de collaborateurs de son propre camp, il a prononcé, jeudi 6 février dans la East Room de la Maison-Blanche, une véritable attaque contre ses opposants politiques et évoqué une possible vengeance de sa part après le verdict de son procès en destitution.

Étrangement, la majorité de la presse américaine, pourtant rangée contre lui, n'a réagi que mollement à cette diatribe alors qu'elle est l'une des plus sauvages de son mandat. Le New York Times et la National Public Radio l’évoquent sommairement, alors que CNN, le Guardian britannique ou le Washington Post y consacrent un peu plus de place.

Seul le site de presse Axios, réputé pour son sérieux et sa pertinence, s'étend sur les menaces et les extravagances de ce discours. Il conviendrait cependant d'aller encore un peu plus loin, en se référant tout simplement au texte lui-même. Voici les trois axes de la parole de Donald Trump : l'insulte, la théorie du complot et la menace d'une vengeance. 

D'abord l'insulte : les Démocrates, «au lieu de vouloir apaiser notre pays (...) veulent me détruire», a-t-il dit alors que les Républicains ont fait montre de «sagesse, rigueur morale et force». Il a poursuivi en dénigrant le sénateur Mitt Romney, seul républicain à avoir voté en faveur de sa destitution. «Je n'aime pas les gens qui utilisent leur foi pour justifier leurs mauvaises actions», a-t-il déclaré à son sujet. Voilà donc que Romney aurait commis une espèce de forfaiture. Celui-ci avait expliqué avoir agi selon sa «conscience» et sa «foi» mormone qui l'obligent à respecter son serment d'impartialité. Quant à Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des Représentants, «elle ne sait pas prier», d’après le président américain. Début de dispute théologique et idéologique ! C’est inédit.

Par ailleurs, l'ex-magnat de l'immobilier s'est acharné sur James Comey,  ancien chef du FBI ayant étendu à Trump lui-même une enquête policière sur l'ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016. «Sleaze bag», ce que l’on pourrait traduire par «sac à ordures» : voilà le qualificatif utilisé à l'encontre de ce grand directeur de la police fédérale. Pour leur part, les proches collaborateurs de Comey sont décrits comme des «scums» (vermines). 

Ensuite, il y a le complot. Pour le président, Comey préparait sa tentative de renversement et a échoué uniquement parce que Trump l'a congédié. «Si je ne l'avais licencié je ne serais pas ici», dit-il. Puis, il raconte comment deux agents du FBI ont échangé des emails dès avant le scrutin de 2016, dans lesquels ils le qualifiaient de répugnant («loathsome»). Pour le président, cela démontre le complot ourdi par Comey et les hautes sphères du FBI, de la «vermine» détestée par la base des bons agents de la police fédérale pour le chef de l’Etat américain. Notons que les deux agents en question, Peter Strzok et Lisa Page -des «lowlifes» (crapules)-, avaient critiqué pratiquement tous les candidats, y compris démocrates, dans leur correspondance. Donald Trump a rappelé que les deux agents avaient eu une liaison amoureuse et que pour lui, Strzok cherchait à épater Lisa Page «pour des raisons évidentes».  

Enfin, pour finir il y a la vengeance. Donald Trump a fait une allusion sibylline à une enquête, qu'il aurait confiée à des gens de grand «talent» pour enquêter sur cette tentative de renversement. «It's in the hands of some very talented people. We're gonna have to see what happens.», a-t-il fait savoir. Soit en français : «C'est entre les mains de personnes très douées, nous verrons bien ce qui se passera».

Faisons donc comme le président des Etats-Unis nous a dit : attendons de voir ! Il y aura peut-être un épilogue judiciaire à cet impeachment, pourquoi pas un procès. L'innocence du président pourrait alors paraître encore plus éclatante. Du moins, du point de vue de sa logique conflictuelle.

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