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Primaire démocrate : pourquoi (presque) tous les candidats utilisent leur prénom pour faire campagne

Les prénoms chez les candidats américains sont légion en 2020. Les prénoms chez les candidats américains sont légion en 2020. [JOHANNES EISELE / JOSEPH PREZIOSO / DREW ANGERER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Amy, Tulsi, Bernie, Pete, Tom, Mike... Quasiment tous les candidats à l'investiture démocrate ont fait le choix de faire campagne en utilisant avant tout leur prénom ou surnom. Sur les affiches, les pupitres et les badges, il est impossible de retrouver leur nom de famille. Une tendance qui n'est cependant pas nouvelle et qui date déjà de 2016.

L'explication se cacherait en premier lieu dans la culture américaine. «Aux Etats-Unis, dans la vie courante, on utilise davantage le prénom voire le "middle name" ou le surnom», explique Elodie Mielczareck, semiolinguiste et auteur de La stratégie du caméléon (Editions Cherche Midi). C'est vrai en politique et dans la vie de tous les jours. Un exemple parmi tant d'autres, LeBron James est presque toujours appelé par son prénom dans les médias.

Mais ce n'est pas tout. «D’un point de vue plus politique, le système américain valorise idéologiquement et dans l’imaginaire un système plus horizontal que vertical, même si dans les faits, on peut observer l’inverse», explique la spécialiste. Utiliser son prénom permet donc de se rapprocher de sa base. D'ailleurs, chez les démocrates, il n'y en a que deux qui n'ont pas cette stratégie. Joe Biden, qui joue la carte du «vice-président Biden», n'a aucun intérêt à se concentrer sur son prénom. Elizabeth Warren, en revanche, n'avait pas cette justification. «Elle a commis sans doute ici une erreur, une opportunité manquée de casser une candidature trop froide», selon Elodie Mielczareck. 

Cette volonté de normaliser sa candidature est donc l'une des explications, mais elle ne peut pas être la seule. Lorsque l'on regarde parmi les favoris des dernières élections présidentielles depuis 2012, une tendance se dégage. Si les démocrates utilisent en grande majorité les prénoms, les républicains restent attachés à leur nom de famille : Cruz, Kasich, Trump, Rubio, Romney... Une manière pour eux de montrer leur attachement aux valeurs familiales. 

Pour la sémiolinguiste, cela peut d'ailleurs être relié à une théorie développée par Roy Lewis, auteur de Pourquoi j'ai mangé mon père. «L’aîné a plutôt tendance à défendre les valeurs patriarcales, associées au clan, à la famille, aux ancêtres, car il est souvent considéré comme le digne héritier. Certaines études montrent que les aînés américains ont ainsi davantage tendance à voter Républicain. Peut-être est-ce en mémoire de cet héritage familial et clanique que le nom est davantage valorisé chez les républicains», analyse donc Elodie Mielczareck.

Le prénom pour se différencier

Si ces théories semblent se vérifier dans la plupart des cas, certains candidats n'ont pas vraiment de choix. C'était par exemple le cas de Jeb Bush en 2016. Il ne faut pas aller chercher très loin pour chercher l'explication, car il cherchait à s'éloigner tant que possible de son frère George W. Bush, qui possédait alors une cote de popularité relativement faible chez les Américains après son double mandat. Une stratégie qui a été utilisée en France en 2017, puisque Marine Le Pen effaçait son patronyme pour se différencier de son père. De son site de campagne à ses affiches, c'est toujours le prénom qui était mis en avant. 

Autre cas où le patronyme n'était pas envisageable chez les démocrates cette année : Pete Buttigieg. Son nom, d'origine maltaise, est quasi imprononçable par une majorité d'Américains. À tel point que sa biographie Twitter comprend un tutoriel pour le prononcer (Boot-Edge-Edge). Ce n'est donc pas un hasard si les badges de campagne parlaient de Pete dans ce contexte. Une nouvelle preuve, s'il en fallait, que tout se joue dans les détails en politique, des vêtements aux couleurs, en passant par le prénom.

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