En direct
A suivre

La République tchèque envoie 110.000 masques en Italie en dédommagement d'un don humanitaire chinois saisi par erreur

Environ 100.000 masques, ainsi que des respirateurs, envoyés par la Chine ont été interceptés par la République tchèque. [MIGUEL MEDINA / AFP].

De quoi réchauffer les relations diplomatiques entre Rome et Prague. Alors que la semaine dernière, la Chine avait envoyé à l'Italie des milliers de masques, ainsi que des respirateurs afin de l'aider à combattre l'épidémie de coronavirus sur son sol, le précieux matériel avait été, par erreur, récupéré par la République tchèque. Mais ce lundi 23 mars, Prague a finalement décidé d'envoyer à Rome 110.000 masques pour prouver sa bonne foi.

Retour sur une semaine rocambolesque. L'affaire, révélée par plusieurs médias italiens dont les quotidiens La Repubblica et La Stampa, avant d'être confirmée dimanche 22 mars par le vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur tchèque Jan Hamacek en personne, avait jusqu'alors beaucoup de mal à passer dans l'opinion publique italienne, même si Prague a tenté ces derniers jours de jouer la carte de l'apaisement.

Tout a démarré le mardi 17 mars. Ce jour-là, les autorités publiques tchèques s'étaient vantées d'avoir réussi à saisir des masques et des respirateurs qui, disaient-elles alors, avaient été «volés à des entreprises tchèques par des criminels sans scrupule qui voulaient les vendre à des tarifs majorés sur le marché international».

Le lendemain, l'agence de presse britannique Reuters indiquait d'ailleurs dans une dépêche que la République tchèque avait saisi près de 700.000 masques, en prenant le soin de souligner que leur provenance n'était pas claire.

Des cartons avec des inscriptions en mandarin

Dans la foulée, la nouvelle n'a surtout pas échappé à l'oeil aiguisé d'un chercheur tchèque, Lukas Lev Cervinka, qui a été le premier lanceur d'alerte dans cette affaire, comme l'a relaté la presse italienne.

Lukas Lev Cervinka, par ailleurs membre du parti Pirate tchèque, doutant de la version officielle après avoir vu des cartons estampillés des drapeaux italiens et chinois, a en effet décidé d'envoyer des photos des masques et des respirateurs à plusieurs ONG européennes.  

Tout s'est emballé lorsque plusieurs organisations ont indiqué que certains cartons avaient des inscriptions en mandarin signifiant : «aide humanitaire chinoise pour l'Italie».

Le ministère de la Santé tchèque a ensuite commencé par démentir les informations du lanceur d'alerte mais des médias du pays se sont emparés de l'histoire et ont diffusé à leur tour les images.

Après enquête, les autorités tchèques ont finalement décidé d'admettre vendredi 20 mars qu'après avoir procédé «à des investigations plus poussées», il s'est avéré «qu'une partie de ces masques» provenaient d'une cargaison de la Croix-Rouge de la province chinoise du Zhejiang à destination de l'Italie. Prague ne précisant alors toutefois pas comment cette cargaison s'est retrouvée sur son territoire.

100.000 masques au total

Toujours selon les médias tchèques, ce don chinois représentait un peu plus de 100.000 masques du total. Les autorités locales avaient annoncé de leur côté que sur l'ensemble de la saisie, 380.000 masques seraient distribués aux hôpitaux locaux. 

«Nous essayons de comprendre ce qu'un don chinois pour l'Italie faisait sur notre sol. Mais nous sommes en discussions avec les deux pays et je peux assurer qu'il n'y aura aucune perte pour l'Italie», avait assuré le ministre.

Le résumé de ce retentissant cafouillage pouvait alors s'écrire ainsi : Pour les Italiens, les autorités tchèques ont détourné des masques chinois destinés aux hôpitaux du pays, mais selon Prague, ces masques se sont retrouvés dans un stock saisi dans le cadre d'une opération contre des trafiquants, et Rome, martelaient les autorités tchèques n'auront pas à souffrir de cet incident.

Un dédommagement de 110.000 masques 

Chose promise, chose due ce lundi 23 mars puisque Prague a consenti à envoyer au total 110.000 masques en signe de dédommagement.

Avec un «bonus» en prime : une quarantaine de touristes italiens bloqués jusqu'alors en République tchèque.

«Nous venons d'envoyer 110.000 masques en Italie par bus en direction de Rome ... ainsi que 43 touristes italiens qui n'ont pas pu rentrer chez eux», a déclaré le ministre tchèque des Affaires étrangères Tomas Petricek.

«La République tchèque n'a certainement rien volé», a insisté l'officiel, ajoutant que Prague avait envoyé à Rome 10.000 masques supplémentaires de «même type».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités