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Trouvera-t-on vraiment un vaccin contre le coronavirus ?

Plus d'une centaine de projets de vaccins contre le coronavirus sont en cours, mais la route vers le succès promet d'être longue et semée d'embûches. Plus d'une centaine de projets de vaccins contre le coronavirus sont en cours, mais la route vers le succès promet d'être longue et semée d'embûches. [Photo d'illustration / THIBAULT SAVARY / AFP].

Les scientifiques du monde entier se sont lancés corps et âme à la recherche d'un vaccin capable d'immuniser contre le SARS-CoV-2. Beaucoup d'entre eux se sont déjà pourtant cassé les dents à tenter de trouver des sérums à même de combattre d'autres maladies. D'où cette question : trouvera-t-on vraiment un vaccin contre le nouveau coronavirus à l'origine de la maladie Covid-19 ?

Disons-le d'emblée, personne à ce stade n'est capable de répondre à cette interrogation. Il existe néanmoins des arguments penchant plutôt vers le «oui», même s'il convient d'être encore extrêmement prudent et que tout porte à croire que la route sera longue et semée d'embûches.

Un retour en arrière d'abord sur une autre pandémie, toujours en cours d'ailleurs aujourd'hui, celle du sida, le syndrome d'immunodéficience acquise.

Apparu au début des années 1980, ce syndrome se manifeste en l'absence de tout traitement adapté et est provoqué par le virus de l'immunodéficience humaine, que l'on appelle communément VIH

Une comparaison avec le VIH qui ne tient pas

En plus de quarante ans, le VIH a causé la mort de plus de 40 millions de personnes à travers le monde, soit l'équivalent de la population d'un pays comme la Pologne, et aucun vaccin, malgré de nombreux essais, n'a permis d'y mettre un terme.

Aujourd'hui, à l'aune de l'épidémie de SARS-CoV-2, d'aucuns craignent que la même situation ne se répète et qu'ainsi aucun vaccin ne soit trouvé contre le coronavirus.

D'un point de vue scientifique, cette comparaison ne tient pas la route. Raison en est que ce sont deux types bien distincts de virus.

Comme son nom l'indique, le SARS-CoV-2 est un coronavirus. On dit d'ailleurs souvent «le» coronavirus, alors qu'il s'agit en fait de toute une famille de virus. 

Un argument qui permet d'être optimiste à son sujet est que les observations ont jusqu'ici montré que, d'une façon générale, les coronavirus stimulent de fortes réponses immunitaires qui semblent capables d'éliminer le virus.

Un virus découvert récemment en attente de traitements

Seulement, on ne sait pas encore si c'est vraiment le cas du SARS-CoV-2. On sait en revanche qu'il est extrêmement contagieux et dangereux pour les personnes fragiles et / ou âgées, et que c'est pour cela qu'on ne peut pas se permettre une hypothétique immunité de groupe et que l'on confine les populations pour éviter de se retrouver avec des hôpitaux surchargés.

Pour en revenir au VIH, il appartient, lui, à une autre famille de virus, celle des rétrovirus. Et si le corps produit aussi des anticorps, tout juste ceux-ci parviennent pour un temps à contrôler le virus, sans jamais réussir à l'éliminer complètement de l'organisme.

Il existe néanmoins aujourd'hui des traitements, des tri-thérapies très efficaces, au point de rendre parfois le VIH indétectable dans le sang. Mais ces thérapeutiques sont chères et peuvent présenter aussi de lourds effets secondaires.

Ce n'est pas encore le cas du SARS-CoV-2. Pour lui, pas de traitement éprouvé à ce stade, eu égard au fait qu'il s'agit d'un tout nouveau coronavirus que l'homme vient de découvrir et que la recherche s'installe.

Il y a encore quelques mois à peine, aucun scientifique de la planète ne connaissait en effet le SARS-CoV-2, raison pour laquelle, l'homme en apprend tous les jours un peu plus à son sujet.

Apprendre de virus similaires

L'homme connaît, en revanche, déjà son «cousin», le coronavirus SARS-CoV (ou SARS-CoV-1) qui provoque le SRAS, syndrome respiratoire aigu sévère, qui parti de Chine à la fin de l'année 2002 a été la première maladie grave et transmissible à émerger au XXIe siècle.

Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, l’épidémie, faisant plus de 8.000 cas et près de 800 morts, a pu être endiguée par des mesures d’isolement et de quarantaine. Mais entre temps, des prototypes de vaccins ont tout de même émergé.

A l'institut Pasteur, à Paris, ce savoir-faire développé en 2003 contre SARS-CoV-1, a ainsi débouché sur un candidat-vaccin breveté en 2004, repris aujourd'hui par les scientifiques de l'institut sur un projet en cours de vaccin potentiel contre le SARS-CoV-2.

Même chose pour le MERS-CoV, pour coronavirus du Syndrome respiratoire du Moyen-Orient. Détecté en 2012 dans plusieurs pays de cette région, l'épidémie, responsable de 449 morts, est aujourd'hui circonscrite. Et là aussi, des compagnies telles que Inovio à San Diego ou Novavax aux États-Unis s’inspirent des essais vaccinaux effectués pour le MERS, afin de venir à bout du COVID-19.

Une centaine de projets de vaccins en cours

Et preuve que la science avance plus vite que jamais, au total, un peu plus de trois mois après le début de la pandémie, ce sont plus de 100 projets de vaccins qui sont actuellement en développement contre le coronavirus, selon l'University College de Londres.

L'Agence européenne du médicament (EMA) indique être en relation avec les responsables d'une «douzaine» de projets de vaccins dont deux sont déjà en phase d'essais cliniques.

Cela sera-t-il synonyme de succès ? Personne ne saurait le dire. Une difficulté pour mettre au point un vaccin totalement sûr tient à une caractéristique de la maladie dans ses cas graves : la sur-réaction de la réponse immunitaire avec ses «orages de cytokine», production trop abondante de substances inflammatoires pouvant tuer le malade.

Difficulté supplémentaire : les coronavirus sont des virus qui ont tendance à muter, ceci rendant plus difficile la mise au point d'un vaccin ciblé.

C'est d'ailleurs pourquoi l'institut Pasteur travaille aussi sur un «vaccin universel contre les coronavirus», dirigé contre des protéines communes à cette famille de virus. A Pasteur, des premiers tests devraient même démarrer en juillet, lorsqu'un vaccin est attendu, au plus tôt, à la fin de l'année.

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