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Le Chili va bien mettre en place des «passeports d'immunité», malgré les mises en garde de l'OMS

La décision du Chili est controversée mais sera suivie avec grand intérêt par la communauté scientifique. [Photo d'illustration / MARTIN BERNETTI / AFP].

Santiago persiste et signe. Les autorités chiliennes ont confirmé, dimanche 26 avril, qu'elles allaient bien mettre en place des «passeports d'immunité» permettant aux patients déclarés guéris du coronavirus de sortir plus rapidement du confinement.

Une décision prise en dépit des mises en garde de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui, à plusieurs reprises, a indiqué qu'il n'y a aucune preuve que les personnes concernées soient réellement protégées contre une deuxième infection.

En officialisant la décision de l'exécutif chilien, Paula Daza, sous-secrétaire d'Etat à la Santé, a déclaré que si de nombreuses incertitudes demeurent autour de la pandémie mondiale, d'autres données scientifiques orientent également vers une réduction significative du risque après avoir été infecté une première fois par le SARS-CoV-2.

«Ce que nous savons, c'est que lorsqu'une personne a vécu la maladie Covid-19, elle est moins susceptible de retomber malade», a-t-elle déclaré.

Une carte «Covid-19»

La certification de ce statut sérologique, qu'elle a appelé «carte Covid-19» sans préciser s'il s'agissait là du nom officiel, est «en cours de développement et sera bientôt délivré» aux personnes concernées, a-t-elle ajouté, dans des propos rapportés notamment par l'agence de presse britannique Reuters.

Concrètement, le principe de cette carte est simple puisqu'elle constitue une  attestation à toute personne guérie du coronavirus, pour que celle-ci puisse retourner travailler ou sortir dehors presque normalement.

L'idée étant que l'ex-patient en question ne peut plus tomber malade grâce aux anticorps développés par son organisme. Seulement, si cela est effectivement le cas pour une grande part des maladies, rien ne prouve encore que tel est le cas pour le coronavirus. 

Les propos tenus par Paula Daza contrastaient énormément avec ceux tenus, la veille, par l'OMS qui a assuré de son côté que la délivrance de «passeports d'immunité» aux personnes infectées n'étaient pas fiables car ils ne pouvaient garantir à 100 % que son détenteur ne soit effectivement plus contagieux.

Un pari très risqué, selon l'OMS

L'Organisation a même ajouté que cela pouvait inspirer au contraire «une fausse crédibilité» et ainsi augmenter le risque de propagation du virus. 

«Il n'y a actuellement aucune preuve que les personnes qui se sont remises du Covid-19 et qui ont des anticorps sont protégées contre une deuxième infection», a-t-elle résumé par voie de communiqué.

Les scientifiques, qui travaillent toujours pour comprendre au maximum comment le Covid-19 opère, n'ont en effet pas tranché définitivement sur la question.

Au cours des premières semaines qui ont suivi le début de la pandémie, l'OMS avait d'abord affirmé qu'il était «probable» que les anticorps immunisent un ancien malade. Mais elle a depuis revu sa position après que des rechutes ont été recensées à plusieurs endroits, et notamment en Corée du Sud. 

Dans ce contexte, la décision prise par le Chili s'apparente à un pari risqué sur l'avenir.

Impossible de savoir à ce stade si les malades qui ont été infectés peuvent l'être une deuxième fois. 

La possible contre-offensive du virus dans le pays sud-américain, via une éventuelle deuxième vague, sera quoi qu'il en soit très scrutée par les scientifiques du monde entier, pour orienter les futures recherches sur l'immunité face au Covid-19.

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