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France, Turquie, Italie… De nombreux pays libèrent des détenus pour limiter la contagion du coronavirus dans les prisons

France, Italie, Etats-Unis, Royaume-Uni, Turquie, Iran, Birmanie, Maroc... La liste de pays ayant désengorgé leurs prisons pour lutter contre la propagation du Covid-19 est longue. France, Italie, Etats-Unis, Royaume-Uni, Turquie, Iran, Birmanie, Maroc... La liste de pays ayant désengorgé leurs prisons pour lutter contre la propagation du Covid-19 est longue. [Ina FASSBENDER / AFP]

Le 25 mars dernier, l'ONU réclamait la libération urgente de détenus à travers le monde pour éviter que le coronavirus ne fasse des «ravages» dans les prisons, souvent surpeuplées. Un appel suivi par de nombreux pays, parmi lesquels la France, l'Italie, la Turquie ou l'Iran, qui ont désengorgé leurs établissements pénitentaires ces dernières semaines.

En France, le nombre de détenus dans les prisons a ainsi diminué de près de 10.000 en un mois, a annoncé le 15 avril le directeur de l'Administration pénitentiaire Stéphane Bredin, auditionné par la commission des lois de l'Assemblée nationale. La conséquence d'un ralentissement de l'activité judiciaire lié au confinement - tous les tribunaux ont été fermés, seules les audiences concernant le traitement de «contentieux essentiels» ont été maintenues -, mais surtout de mesures de libérations anticipées décrétées par les autorités.

Une ordonnance prise par le gouvernement dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire facilite notamment la libération de détenus qui sont à moins de deux mois de leur fin de peine. Une circulaire mi-mars demandait par ailleurs de différer l’exécution des courtes peines d’emprisonnement, et de réserver la détention provisoire aux faits les plus graves.

Enfin, il y a eu des suspensions de peines pour raisons médicales, et des remises en liberté pour des personnes en détention provisoire. Résultat, le taux de population carcérale est passé de 119 % en janvier à 103 %, et pourrait même tomber prochainement à 100 % selon Stéphane Bredin.

En Italie, deuxième pays du monde le plus endeuillé par le coronavirus (près de 25.000 morts) derrière les Etats-Unis, les prisons comptent 6.000 détenus en moins par rapport à fin février. Un projet de loi est en discussions pour en placer en liberté surveillée 6.000 de plus, grâce à des bracelets électroniques. Une mesure qui ne concernerait que les prisonniers ayant moins de 18 mois à purger.

La Turquie va libérer 90.000 détenus

Quant aux Etats-Unis, désormais l'épicentre de l'épidémie (près de 45.000 décès), plusieurs villes et Etats ont également pris des mesures pour réduire la population carcérale. C'est le cas de la Californie, dont le nombre de détenus a diminué de 4.000 le mois dernier, et qui prévoit la libération anticipée de 3.500 prisonniers supplémentaires dans les deux prochains mois. Dans la plus grande prison de Chicago (Illinois), plus d'un quart des détenus ont été libérés le mois dernier (1.300 sur 4.200), principalement des personnes en attente d'un jugement et des délinquants non-violents, relate CNN. C'est dans le cadre de cette politique de libération anticipée que le rappeur new-yorkais 6ix9ine a été libéré au début du mois. Il passera le reste de sa peine, soit quatre mois, chez lui, en liberté surveillée.

Au Royaume-Uni, le gouvernement prévoit de libérer de façon anticipée 4.000 détenus, a-t-il annoncé au début du mois. Une mesure qui concerne seulement les délinquants «à faible risque», qui n'ont plus que moins de deux mois de prison à purger. Des détenus qui, une fois dehors, resteront en résidence surveillée, avec traçage électronique. 

La Turquie, pays du Moyen-Orient le plus touché par le coronavirus en termes de nombre de cas (95.000 confirmés), est allée encore plus loin que tous ces pays. Ankara a adopté le 13 avril une loi permettant la libération de 90.000 détenus, soit près d'un tiers de sa population carcérale, la moitié d'entre eux bénéficiant d'une libération anticipée, et l'autre moitié d'une assignation à résidence. Mais le texte a été critiqué par les ONG de défense des droits de l'Homme, car il exclut les milliers de prisonniers politiques détenus dans les prisons turques (journalistes, avocats, opposants politiques), condamnés en vertu de lois antiterroristes controversées prises après le coup d'Etat manqué survenu en 2016.

Des grâces en Birmanie et au Maroc

En Iran, l'un des pays du monde les plus affectés par le Covid-19 (près de 5.400 morts et 86.000 cas), une permission de sortie a été accordée à 100.000 prisonniers en mars. Une libération temporaire qui concerne notamment 1.000 détenus étrangers, et qui vient d'être prolongée jusqu'au 20 mai. Et 10.000 prisonniers devraient bénéficier d'une grâce, a indiqué l'Autorité judiciare iranienne en mars. 

En Birmanie, ce sont près de 25.000 détenus qui se vont vus offrir une grâce présidentielle la semaine dernière, soit plus d'un quart de la population carcérale du pays, à l'occasion d'une amnistie accordée tous les ans dans le cadre du Nouvel an bouddhique. Un nombre très élevé comparé aux années précédentes, près de trois fois supérieur à celui de 2019 (plus de 9.000), qui pourrait s'expliquer par l'appel d'organisations de défense des droits humains à désengorger les prisons birmanes surpeuplées, qui abriteraient 90.000 personnes pour une capacité de 62.000, afin d'y limiter la propagation du coronavirus. Mais trop peu de prisonniers politiques (18 sur environ 70) font partie des graciés, selon l'ONG birmane AAPP.

Le même outil a été utilisé au Maroc par le roi Mohammed VI, qui a accordé sa grâce le 5 avril à plus de 5.000 détenus pour éviter que le coronavirus ne contamine les prisons marocaines. Une mesure qui n'a pas été suffisante pour empêcher l'apparition d'une soixantaine de cas dans la prison de Ouarzazate ces derniers jours, dont six concernent des détenus. 

La liste de pays ayant libéré des milliers de détenus est encore longue. On pourrait citer notamment le Soudan (qui a annoncé fin mars qu'il allait libérer 4.000 détenus), le Nicaragua (qui a fait sortir 1.700 prisonniers pour les assigner à résidence, mais aucun opposant politique) et la République démocratique du Congo (qui a libéré un peu plus de 2.000 personnes depuis la fin mars). Le Mexique va s'ajouter à cette liste, après avoir voté une loi d'amnistie le 20 avril, tout comme le Pérou, qui a annoncé mercredi 22 avril qu'il allait amnistier environ 3.000 détenus «vulnérables au coronavirus».

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