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Des patients guéris du coronavirus peuvent avoir des tests positifs sans pour autant être contagieux, selon des médecins sud-coréens

La Corée du Sud a fait le choix de tester massivement sa population. [ED JONES / AFP].

Un virus des plus déconcertants. Des responsables sanitaires sud-coréens se penchent actuellement sur de récentes études suggérant que la moitié des patients du pays remis du covid-19, la maladie provoquée par le SARS-CoV-2, conserverait des traces du nouveau coronavirus même après avoir produit des anticorps. Les risques de contamination à d’autres personnes demeureraient toutefois peu élevés, voire inexistants, selon eux.

«Les patients déclarés guéris du coronavirus mais qui ensuite ont été de nouveau testés positifs au SARS-CoV-2 ont très peu, voire pas du tout, de contagiosité», a ainsi affirmé, jeudi 23 avril, le docteur Jung Eun-kyeong, qui dirige le centre coréen de prévention et de contrôle des maladies (KCDC).

Une nouvelle rassurante, mais peut-être en apparence seulement tant elle soulève nombre de questions comme celle de savoir si les patients considérés guéris, mais qui conservent des traces du virus, peuvent être à nouveau infectés, voire surinfectés.

Des problématiques qui, si elles se vérifient, obligeraient les chercheurs à redoubler d’efforts pour mettre au point un vaccin efficace, voire retarder la mise au point de sérums en cours de développement puisqu’il faudrait les repositionner.

Reste qu'en attendant, les scientifiques sud-coréens cherchent toujours à savoir pourquoi certains patients sont à nouveau testés positifs au coronavirus, alors que physiquement ils semblent rétablis.

La question des tests également posée

La réinfection, qui suppose d’avoir été à nouveau en contact avec le SARS-CoV-2, ainsi que la piste d’une réactivation du virus qui n’aurait donc pas été complètement éliminé de l’organisme, figurent sur la liste des hypothèses privilégiées. Mais la question de la fiabilité même des tests reste aussi posée.

Comme la plupart des autres pays dans le monde, la Corée du Sud utilise en effet principalement des tests PCR qui consistent à rechercher la présence du virus SARS-CoV-2 dans le mucus nasal grâce à un long coton-tige, appelé écouvillon, celui-ci étant introduit dans le nez. Or, il peut arriver que sur plusieurs prélèvements faits sur la même personne, les résultats soient incohérents.

Par ailleurs, même si les scientifiques sud-coréens extrapolent leurs observations à l’ensemble du pays, leurs analyses pourraient bien être biaisées puisque l’une des études considérées a été menée sur 25 patients seulement.

Une cohorte modeste, il est vrai, mais dont les premiers retours sont plutôt réconfortants. «Sur ces 25 patients considérés guéris, il s’est avéré que tous avaient produits des anticorps neutralisants contre le coronavirus», a expliqué le docteur Jung Eun-kyeong.

«Cependant, 12 d’entre eux ont à nouveau été testés positifs par tests PCR pharyngé-nasal, donc l'une des suppositions que nous pouvons faire est que certaines personnes nécessitent plus de temps que d'autres pour que leurs anticorps parviennent à totalement éliminer le virus», a-t-il ajouté.

Positifs mais peu contagieux ?

Mais, a-t-il encore ajouté, «lorsque nous avons cultivé ces 12 prélèvements en laboratoire, nous les avons mis en culture et les culturs n’ont pas reproduit de virus, ce qui peut aussi signifier que le virus était déjà mort même si le test PCR a réagi à quelques fragments».

Bien que les recherches se poursuivent, «il est donc très peu probable que ceux qui ont été retestés positifs par PCR aient été à nouveau infectés et qu'ils seraient au final peu voire pas du tout contagieux», conclut-il.

L’un de ses confrères, le professeur émérite Lee Hoanjong de l'hôpital pour enfants de Séoul a aussi semblé aller en ce sens puisque l’éminent médecin a déclaré que si certains virus tels que le VIH et l'herpès restent, eux, en permanence dans le système sanguin d'un patient, ce n’était pas le cas de la plupart des virus à l’origine des infections respiratoires.

Reste donc à savoir si le nouveau coronavirus, qui était inconnu il y a à peine quatre mois encore, rentre dans cette case.

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