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Pour la première fois, on a réussi à prélever de l’ADN de dinosaure

Une future étude permettrait de reconstituer ainsi tout l'arbre phylogénétique des dinosaures. (illustration) Une future étude permettrait de reconstituer ainsi tout l'arbre phylogénétique des dinosaures. (illustration) [KENZO TRIBOUILLARD / AFP]

Un nouveau Jurassic Park pourrait bien s'inspirer de cette nouvelle découverte. On aurait enfin retrouvé l'ADN d'un dinosaure dans un crâne de bébé Hypacrosaurus stebingeri, retrouvé en 1988 aux États-Unis.

Si l'on parvient à le décrypter, le matériel génétique qu'il contient pourrait révolutionner nos connaissances sur les dinosaures.

L'équipe de paléontologues américains et chinois à l'origine de cette découverte a analysé un morceau de cartilage provenant de ce crâne de bébé, rapporte le magazine Science et vie.

Alida Bailleul, paléontologue à l'Académie chinoise des sciences, a remarqué qu'à l'intérieur de certaines cellules, d'étranges taches sombres étaient visibles à l'endroit même où l'ADN est censé se condenser en chromosomes.

En injectant des molécules fluorescentes, les chercheurs ont alors constaté que le noyau à l'intérieur des cellules s'est coloré, prouvant ainsi que de l'ADN avait été détecté.

Fait rarissime, puisque l'ADN n'est pas censé survivre aussi longtemps. En théorie, il ne peut pas se conserver plus d'un million d'années.

Alors depuis les années 2000, c'est l'analyse des protéines présentes dans les fossiles et les sédiments anciens, ou «paléoprotéomique», qui est de plus en plus utilisée car ces molécules, qui se conservent bien plus longtemps que l'ADN, ne subissent pas les mêmes dégradations.

«La communauté scientifique n'en sait pas assez»

Tout ce que l'on pensait savoir sur la conservation de l'ADN serait-il faux ? Il faut peut-être accepter de ne pas tout savoir. 

«L'ensemble de la communauté scientifique n'en sait pas assez sur la dégradation du génome dans les très vieux fossiles», estime Alida Bailleul.

«Nous ne sommes pas encore prêts à envisager que de l'ADN soit conservé aussi longtemps. Mais il y a dix ans, personne n'aurait cru quelqu'un disant en avoir retrouvé dans des fragments vieux de 1 million d'années», rappelle Thierry Grange, responsable de l'équipe Épigénome et Paléogénome à l'Institut Jacques-Monod

Nous serions donc véritablement à un tournant de la recherche dans ce domaine passionnant. 

Alida Bailleul voit déjà plus loin et souhaiterait «analyser plus de fossiles et utiliser différents tests pour mieux comprendre le processus de préservation de l'ADN. Mais pour cela, il faudra l'étudier avec de nouvelles méthodes de chimie, d'histologie et de nouveaux séquenceurs, et donc innover».

L'objectif rêvé serait de pouvoir, un jour, séquencer l'ADN découvert, c'est-à-dire obtenir des informations génétiques cruciales sur le dinosaure à bec de canard.

Mais il faudra être patient. «Les technologies actuelles de séquençage d'ADN ne fonctionnent pas correctement sur les fossiles très anciens, comme celui-ci», admet Alida Bailleul.

Il faudrait donc d'abord commencer par mieux comprendre comment se dégrade le génome du dinosaure.

Une future étude permettrait de reconstituer ainsi tout l'arbre phylogénétique des dinosaures, et également en savoir plus sur leur écologie et leurs maladies. Et pour cela, les chercheurs ont déjà, à leur disposition, pléthore de musées et collections qui regorgent déjà de fossiles prêts à dévoiler tous leurs secrets. 

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