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Coronavirus : le port prolongé du masque ne peut pas entraîner de manque d'oxygène

Les experts assurent que le port prolongé d'un masque de protection ne peut pas engendrer d'hypoxie.[Fabrice COFFRINI / AFP]

Largement partagées sur les réseaux sociaux, des publications alertent les internautes sur un supposé risque d'hypoxie (un manque d'apport en oxygène) dû au port prolongé d'un masque de protection. Une affirmation non seulement fausse mais dangereuse en cette période de pandémie.

«L'utilisation prolongée du masque produit de l'hypoxie [...] Respirer encore et encore l'air exhalé devient du dioxyde de carbone, c'est pourquoi nous sentons étourdissements. Cela intoxique l'utilisateur et bien plus encore lorsqu'il doit être mobilisé, réaliser des actions de déplacement. Ça provoque le malaise, la perte de réflexes et de pensée consciente. Ça génère une grande fatigue. En outre, le manque d'oxygène produit une décomposition du glucose et la montée dangereuse de l'acide lactique», peut-on lire sur Facebook ou Twitter.

La plupart du temps signé par un certain «Dr Dennis A Castro B», ce texte est également diffusé en anglais, espagnol et portugais.

Selon le laboratoire hypoxie et physiopathologies de l'université Grenoble-Alpes, «l'hypoxie survient lorsque l’apport en oxygène est trop faible par rapport à la demande au niveau cellulaire».

Il s'agit d'un état qui peut effectivement provoquer des évanouissement, de la désorientation et même des troubles cardiaques mais ni l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ni les autorités sanitaires américaines (CDC) ne signalent l'hypoxie comme un effet possible du port du masque.

Interrogé par l'AFP, le docteur Emilio Herrera, professeur de physiopathologie et expert en hypoxie à l'université du Chili à Santiago assure que ces protections ne peuvent pas générer un tel manque d'oxygène. «Il faudrait que le masque soit hermétiquement collé à notre peau».

Il ajoute que, contrairement à ce qu'affirme la publication virale, le dioxyde de carbone ne s'accumule pas entre la bouche et le masque, tant que ce dernier est constitué d'un matériau qui permet l'échange d'air.

Claudio Méndez, professeur de santé publique à l'université australe du Chili contacté par l'AFP, va dans son sens. Il explique notamment que les masques portés par les professionnels de santé (chirurgicaux ou FFP2 et équivalents) ont, bien entendu, «été testés pour ne pas altérer les fonctions physiologiques des personnes».

Il précise que les protections utilisées par les soignants «ne sont généralement pas portées plus de sept heures». Non pas pour éviter un quelconque risque d'hypoxie, mais seulement parce que «la durée de vie d'un masque» est limité car il «perd son efficacité» lorsqu'il est «exposé depuis longtemps au virus».

D'ailleurs, «il y a de très longues interventions chirurgicales et le médecin n'a pas besoin de retirer le masque», relève de son côté le Dr Emilio Herrera, de l'Université du Chili.

Les deux experts désapprouvent donc totalement les recommandations de ce message largement partagé sur les réseaux sociaux, qui conseille notamment d'utiliser un masque «seulement si vous avez quelqu'un en face ou très proche». Le texte affirme par ailleurs qu'il est «important de se souvenir de le lever toutes les 10 minutes pour continuer à vous sentir en bonne santé».

«Plus vous enlevez votre masque, plus il y a de risque de contamination», prévient au contraire Claudio Méndez. Le Dr Emilio Herrera renchérit en expliquant que les masques de protection limitent «l'entrée de molécules plus grandes», c'est à dire celles qui pourraient contenir des traces de virus.

A l'inverse de ce qui est présenté dans cette publication largement diffusée, Claudio Méndez et Emilio Herrera insistent sur la nécessité de ne plus toucher le masque après l'avoir installé sur son visage. Leurs recommandations rejoignent celles de l'OMS qui conseille de toujours se laver les mains «avec un désinfectant à base d'alcool ou du savon et de l'eau», avant de manipuler son masque de protection.

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