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Un homme condamné à mort via l'application Zoom à Singapour

Le confinement lié au coronavirus a été prolongé à Singapour jusqu'au 1er juin. Le confinement lié au coronavirus a été prolongé à Singapour jusqu'au 1er juin.[Roslan RAHMAN / AFP]

La justice chamboulée par la crise du coronavirus. Un Malaisien de 37 ans a été condamné à mort la semaine dernière à Singapour, via un simple appel vidéo sur l'application Zoom. Il était accusé d'avoir joué un rôle dans une opération de vente d'héroïne en 2011.

«Pour la sécurité de toutes les personnes impliquées dans la procédure, l'audience du procureur général contre Punithan Genasan s'est déroulée par vidéoconférence», a déclaré un porte-parole de la Cour suprême de Singapour, en réponse aux questions de l'agence de presse Reuters, citant les restrictions imposées à Singapour pour freiner la pandémie de Covid-19.

La cité-Etat asiatique de 5,6 millions d'habitants a instauré un confinement de sa population début avril et l'a prolongé au début du mois jusqu'au 1er juin, après une deuxième vague de contaminations. Après avoir été longtemps cité en exemple de la lutte contre l'épidémie, Singapour compte aujourd'hui le taux d'infection par habitant le plus élevé d'Asie, avec près de 30.000 cas confirmés, pour seulement 22 morts.

Un précédent au Nigeria

Le cas de ce Malaisien de 37 ans, Punithan Genasan, est inédit à Singapour, puisque c'est la première fois qu'une condamnation à mort est prononcée à distance dans le pays. Un cas similaire s'est produit au Nigeria plus tôt dans le mois. Afin de respecter la distanciation physique, un homme, Olalekan Hameed, a été condamné à la pendaison via la même application de visioconférence, Zoom, après avoir été reconnu coupable du meurtre de l'employeur de sa mère en 2018.

A l'annonce de cet épisode, les ONG de défense des droits humains s'étaient élevées contre cette condamnation, réclamant l'abolition de la peine de mort dans le pays et critiquant le caractère virtuel de l'audience. Le nouveau cas, à Singapour cette fois, a suscité les mêmes réactions indignées. «Le recours à la peine de mort par Singapour est intrinsèquement cruel et inhumain, et l'utilisation de technologies à distance comme Zoom pour condamner un homme à mort l'est encore plus», a dénoncé Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie de l'ONG Human Rights Watch (HRW).

A l'inverse, l'avocat du condamné, Peter Fernando, a déclaré qu'il ne s'opposait pas à l'utilisation de la visioconférence pour l'audience de son client, car elle n'a servi qu'à recevoir le verdict du juge, qui pouvait être entendu distinctement, aucun argument juridique n'ayant été présenté. 

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