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Tout savoir sur le «Boogaloo», groupe d'ultra-droite américain qui infiltre les manifestations pour George Floyd

Des membres de la mouvance «Boogaloo» font face à un policier noir à Charlotte, Caroline du Nord (Etats-Unis), le 29 mai 2020. [LOGAN CYRUS / AFP].

L'inculpation, mercredi 3 juin, de trois militants d'extrême droite suspectés d'avoir voulu tirer profit de manifestations pacifiques déclenchées en réaction à la mort de George Floyd est venue braquer la lumière sur le «Boogaloo», un groupe d'ultra-droite dont ces trois hommes sont issus. Mais qu'englobe exactement ce mouvement méconnu de l'Alt-right américaine ?

Dans la galaxie des mouvements radicaux de droite et d'ultra-droite américains, le mouvement «Boogaloo» est un mouvement qui se caractérise par sa préparation intense à une seconde guerre civile.

Ses membres se distinguent ainsi par un rejet absolu de l'Etat fédéral, lequel ne peut être mis à bas uniquement que par un chaos généralisé.

Si ce groupe a récemment fait beaucoup parler de lui sur les réseaux sociaux, notamment lors de la pandémie de Covid-19 aux États-Unis par des appels au soulèvement armé contre l'Etat fédéral, il repose pourtant sur des racines anciennes comme l'ont fait remarqué plusieurs experts.

L'Etat fédéral rejeté en bloc et en détail

Interviewé par le site Atlantico, le politologue français Jean-Yves Camus explique par exemple que le mouvement «Bangaloo», à l'instar d'autres groupes extrêmistes issus des secteurs les plus ruraux des Etats-Unis, «ne tient pour légitime que le pouvoir directement issu des communautés», c'est-à-dire celui qui se limite généralement à celui du comté.

«Tout ce qui est supérieur, comme l’Etat fédéré et l’Etat fédéral est une extension indue de l’emprise de l’Etat sur les libertés individuelles», explique le spécialiste. 

Pour beaucoup de «Boogaloo Bois» («les hommes du Boogaloo» en français, soit les membres de ce groupe), l'Etat fédéral a ceci d'être corrompu qu’il serait, disent-ils, aux mains de «forces ennemies», juifs et Francs-maçons en tête.

Mais le mouvement «Boogaloo» est aussi très motivé par la défense du deuxième amendement de la Constitution des États-Unis, celui qui garantit à chaque Américain le droit de porter une arme. De ce fait, il peut ainsi agréger des membres au profil plus varié sans même qu'ils ne soient nécessairement pro-Trump ou contre les institutions en général.

Quant au nom-même du mouvement, «Boogaloo», il désignait au départ une danse dans les années 1950, faite d'un mélange de soul, de rhythm and blues et de rythmes afro-cubains.

Le terme a ensuite perdu sa définition initiale pour être progressivement repris par l’extrême-droite américaine en tant que cri de ralliement pour appeler à la guerre civile, cela sur fond de relents racistes à l'égard des minorités.

Puis, à l'ère numérique, le terme a été popularisé sous forme de mème, c'est-à-dire qu'il a été repris décliné en masse sur les réseaux sociaux, permettant aux sympathisants du mouvement de se fédérer et de se regrouper.

Plusieurs observateurs expliquent par ailleurs que les militants se réclamant du mouvement «Boogaloo» ont également adopté entre autres signe de reconnaissance le port de chemises hawaïennes.

Aujourd'hui, avec les manifestations en réaction à la mort de George Floyd, un Afro-Américain mort à Minneapolis lors d'une intervention de police controversée le 25 mai dernier, les sympathisants du mouvement «Boogaloo» sont suspectés d'infilter plusieurs rassemblements pour semer le désordre.

Concernant Stephen T. Parshall, 35 ans, Andrew Lynam, 23 ans, et William L. Loomis, 40 ans, les trois «Boogaloo Bois» inculpés mercredi 3 juin pour incitation à la violence, ils étaient notamment en possession d'un cocktail Molotov au moment de leur arrestation, a fait savoir le FBI, la police fédérale américaine.

Les autorités, mais aussi les spécialistes de l'Alt-right américaine, s'interrogent maintenant sur le rôle qu'auraient pu jouer certains de ces militants et d'autres encore dans le déclenchement des violences qui ont embrasé des dizaines de villes américaines ces derniers jours.

Retrouvez toute l'actualité sur l'affaire George Floyd ICI

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