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Il pourrait ne pas y avoir d'immunité contre le Covid-19, selon une étude

Si l'étude interpelle, elle doit encore être validée par tous les scientifiques. [Photo d'illustration / MAURO PIMENTEL/ AFP].

La nouvelle a de quoi interpeller au moment où l'Inde et la Chine affrontent une expansion inquiétante du nombre de cas de coronavirus et qu'en Europe les foyers épidémiques se multiplient. Ainsi, à en croire une nouvelle étude sino-américaine, les humains pourraient ne jamais développer d'immunité contre le Covid-19.

Telle est la conclusion des travaux menés par une équipe de chercheurs chinois, dirigée par le professeur Wang Xinhuan de l'hôpital Zhongnan de l'université de Wuhan, et de scientifiques américains de l'université du Texas, à Galveston, relayée ce vendredi 19 juin.

Pour arriver à ce résultat, les scientifiques ont cherché à déterminer dans quelle mesure les soignants de l'hôpital de Wuhan, ville chinoise d'où est partie la pandémie à la fin de l'année 2019, avaient développé des anticorps, eux qui avaient été directement et dès le départ exposés à des patients infectés. 

Aussi, d'après leurs recherches, si au moins un quart des plus de 23.000 échantillons qu'ils ont testés auraient pu, disent-ils, être infectés par le coronavirus SARS-CoV-2 à un moment donné, seuls 4 % de l'ensemble ont développé des anticorps en avril. Autrement dit, «il est peu probable que les gens produisent des anticorps protecteurs durables contre ce virus», résument les scientifiques dans leur rapport.

Pour autant, si la bataille contre le coronavirus s'annonce compliquée, cela ne veut pas forcément dire que l'humanité tout entière est condamnée.

Une étude qui doit encore être validée

Tout d'abord, et cela est important à souligner, l'étude du professeur Xinhuan est encore au stade de préimpression. En effet, elle n'a été publiée que mardi 16 juin sur le site spécialisé medRxiv.org. Concrètement, cela signifie qu'elle n'a pas encore été confrontée et décortiquée précisément par la communauté scientifique internationale comme le veut la règle en la matière.

D'autre part, si l'étude semble en effet plutôt montrer qu'il n'y pas d'immunité totale et générale, cela n'en fait pas pour autant une règle absolue. Dans le détail, l'étude du professeur Xinhuan indique d'ailleurs elle-même et très précisément que 4 % des agents de santé et 4,6 % du personnel hospitalier de l'hôpital de Wuhan ont développé des anticorps IgG, connus pour rester plus longtemps dans l'organisme. Des chiffres certes faibles mais qui ne posent pas la question de la fiabilité même des tests de dépistage.

D'autre part, ailleurs dans le monde et dans le cadre d'autres études, on constate que les thérapies au plasma, qui consistent, comme leur nom l'indique, à transférer du plasma de patients guéris du coronavirus vers des patients souffrants, ont jusqu'à maintenant donné des résultats encourageants.

L'immunité croisée également à considérer

Par ailleurs, selon d'autres chercheurs et médecins, ce n'est pas parce qu'on est exposé, parfois en première ligne comme les soignants, au coronavirus, que l'on est forcément contaminé. C'est la fameuse théorie de l'immunité croisée défendue, en France, notamment par Yonathan Freund. 

«Cela veut dire qu’on est immunisé contre un virus sans avoir été infecté par celui-ci, mais par un virus qui lui ressemble», explique ce médecin urgentiste qui exerce à l'hôpital de La Pitié Salpetrière, à Paris, et qui enseigne également à l'université de la Sorbonne.

En clair : certains individus pourraient ne pas avoir besoin de produire des anticorps spécifiquement dirigés contre le coronavirus SARS-CoV-2, simplement parce que l'organisme dispose déjà d'anticorps efficaces élaborés dans le passé après avoir été en contact avec d'autres virus similaires.

L'inintérêt des passeports d'immunité

En revanche, l'étude du professeur Xinhuan, comme d'autres études du même genre avant elle, remet à mal l'idée d'une immunité collective de groupe possible contre le coronavirus ainsi que la stratégie des passeports d'immunité.

Du Royaume-Uni à l'Allemagne en passant par le Chili, de plus en plus de gouvernements ont en effet ainsi émis l'idée de délivrer des documents attestant de l'immunité des personnes sur la base de tests sérologiques, de façon à permettre peu à peu leur retour au travail et la reprise de l'activité économique.

Une stratégie qui finalement n'aurait aucun intérêt s'il s'avère de façon sûre et admise par tous qu'une majorité de personnes contaminées, puis guéries, du coronavirus n'ont des anticorps que pour une durée extrêmement limitée.

Le 25 avril dernier, l'OMS, l'Organisation mondiale de la Santé, s'était d'ailleurs montrée très réticente à l'utilisation de tels documents. «Il n'existe pas d'éléments suffisants» pour évaluer la fiabilité de «passeports immunitaires» et «l'utilisation de tels certificats pourrait augmenter le risque de transmission», les personnes «se pensant immunisées» ignorant alors les consignes sanitaires, avait-elle mis en garde.

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