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#FreeGrace : mobilisation en faveur d'une adolescente noire en détention pour ne pas avoir fait ses devoirs

Des manifestations ont eu lieu et une pétition a été signée par près de 5.000 personnes pour demander la libération de Grace. Des manifestations ont eu lieu et une pétition a été signée par près de 5.000 personnes pour demander la libération de Grace. [Capture d'écran Twitter]

«Ma mère me manque. Je peux me contrôler. Je peux être obéissante», assurait Grace, 15 ans, lors d'une audience, lundi 20 juillet, dans le Michigan. Une déclaration qui n'a pas convaincue la juge, Mary-Ellen Brennan, qui a exigé son maintien en détention juvénile. La jeune fille est incarcérée depuis mai, après avoir violé sa probation en ne faisant pas ses devoirs en ligne.

L'audience du 20 juillet devait déterminer si l'adolescente était prête à rentrer chez elle mais la juge a refusé, estimant que le mieux était qu'elle reste éloignée de sa mère pour l'instant.

Une décision qui a suscité l'indignation de milliers de personnes, parmi lesquelles beaucoup pensent que Grace serait traitée différemment si sa peau était blanche.

Des manifestations ont eu lieu pour demander la libération de l'adolescente et, sur Twitter, le hashtag #FreeGrace («Libérez Grace») est apparu. Une pétition rédigée en sa faveur a également récolté près de 5.000 signatures. Hillary Clinton elle-même s'est exprimée, demandant à la justice de la «laisser partir».

Selon les informations de NBC news, l'adolescente était déjà soumise à un suivi intensif au moment de sa mise en détention. La juge Brennan a rappelé que la police avait dû intervenir à trois reprises pour des incidents entre Grace et sa mère.

La jeune femme avait fait l'objet d'un programme de déjudiciarisation en 2018 pour «incorrigibilité». En novembre dernier, elle avait également été accusée d'agression après que sa mère a fait appel aux forces de l'ordre pour dénoncer la violence de sa fille, furieuse de ne pas avoir pu se rendre chez une amie.

Enfin, quelques semaines plus tard, Grace avait été surprise, grâce à la vidéo surveillance, en train de voler le téléphone portable d'un autre élève dans les vestiaires d'une école.

Autant d'événements qui l'ont conduite devant le tribunal pour mineurs au mois d'avril. Le procureur avait alors prescrit un suivi de sa santé mentale, ainsi qu'une formation pour lui apprendre à gérer sa colère. Pour lui éviter un centre de détention en pleine pandémie de coronavirus, son avocat avait demandé une mise à l'épreuve.

Un dispositif accepté, à condition que l'adolescente soit régulièrement contrôlée par un travailleur social, qu'elle reste à domicile, n'utilise pas de téléphone et... fasse ses devoirs.

C'est donc pour n'avoir pas respecté ce dernier engagement que Grace a finalement été mise en détention juvénile à la mi-mai. «J'ai juré que je ne serais pas influencée par les clameurs publiques ou la peur des critiques, a déclaré la juge Mary-Ellen Brennan. Mon rôle est de prendre des décisions qui sont dans le meilleur intérêt de cette jeune femme, point final. Elle n'a pas été détenue parce qu'elle n'a pas fait ses devoirs mais parce qu'elle était une menace pour sa mère.»

Ses détracteurs insistent sur le fait que l'enseignant de Grace avait écrit au travailleur social assurant son suivi pour lui dire que l'on ne pouvait pas reprocher son manque de concentration à l'adolescente dans les circonstances actuelles, alors que personne n'a «vu venir cette pandémie mondiale sans précédent». Pour lui, elle n'était «pas en décalage» par rapport «à la plupart» de ses autres étudiants.

Les défenseurs de la jeune fille indiquent qu'elle souffre d'hyperactivité avec un déficit de l'attention. Un trouble qui engendre des besoins spéciaux et des difficultés d'apprentissage peu compatibles avec l'école à domicile imposée par la crise sanitaire.

Indignés par la décision du juge Brennan, ils estiment que le cas de Grace est représentatif des préjugés raciaux au sein du système de justice pénale mais aussi, plus largement, de la façon dont les enfants sont affectés de manière disparate par la pandémie, notamment en matière d'apprentissage.

La Cour suprême du Michigan a indiqué qu'elle examinerait les circonstances entourant la détention de l'adolescente. En attendant, cette dernière devra attendre septembre pour demander une nouvelle audience afin de, peut-être, rentrer chez elle.

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