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Un ancien gardien de camp nazi condamné à la prison avec sursis

Tout au long des audiences, démarrées en octobre dernier, Bruno Dey a caché son visage derrière une chemise cartonnée. Tout au long des audiences, démarrées en octobre dernier, Bruno Dey a caché son visage derrière une chemise cartonnée. [DANIEL BOCKWOLDT / POOL / AFP]

Peut-être l'un des derniers procès portant sur les atrocités commises par les nazis sous le IIIe Reich. Un ancien gardien de camp de concentration, aujourd'hui âgé de 93 ans, a été condamné ce jeudi 23 juillet à deux ans de prison avec sursis par la justice allemande.

Bruno Dey, apparu depuis le début du procès il y a neuf mois en fauteuil roulant, caché derrière une chemise cartonnée, a été reconnu coupable de «complicité dans 5.232 cas de meurtres et tentatives de meurtres», perpétrés entre août 1944 et avril 1945 au sein du camp de Stutthof, en Pologne, alors occupée par les nazis.

«C'était mal. C'était une terrible injustice. Vous n'auriez pas dû participer à Stutthof», a estimé la présidente du tribunal de Hambourg Anne Meier-Göring. «Vous vous considérez comme un observateur. Mais vous étiez un soutien de cet enfer créé par des hommes», a-t-elle dit.

En effet, l'accusé, qui à Stutthof était chargé d'empêcher toute révolte ou fuite, posté sur l'un des miradors, avait affirmé le 20 mai dernier lors d'une audience qu'il ne se sentait «en rien coupable pour ce qui s'est passé à l'époque». «Je n'y ai en rien contribué autrement que par le fait d'être garde», s'était-il défendu. 

Jugé sur la base de la législation pour mineurs

Dans sa dernière prise de parole lundi, il a également assuré que jamais il ne s'était «porté volontaire pour servir dans les SS ou dans un camp de la mort», mais a affirmé ne pas avoir eu d'autre choix, tout en s'excusant auprès des victimes de l'Holocauste et de leurs proches. «Une telle chose ne doit plus jamais se reproduire», a-t-il appelé. 

Son avocat Stefan Waterkamp avait réclamé un non-lieu pour son client, estimant difficile d'attendre d'un adolescent de 17 ans - son âge au moment des faits -, qu'il ose «se démarquer» en demandant sa réintégration dans l'armée, qui aurait sans doute signifié pour lui être envoyé sur le front est. 

Un élément qui explique le peine avec sursis, pour celui qui était jugé sur la base de la législation pour mineurs. Il s'est trouvé «confronté à une situation humainement très difficile», a reconnu la juge, estimant tout de même qu'il «faut veiller à la dignité humaine à tout prix», même «si le prix à payer est sa propre sécurité». 

L'avocat de Bruno Dey s'est déclaré «d'accord avec le jugement». Concernant un éventuel appel, il a indiqué qu'il devait auparavant consulter son client, «épuisé» et très «affecté» après l'audience.

Un autre ex-gardien de camp mis en accusation

Soixante-quinze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce procès pourrait bien être le dernier du genre en raison du grand âge des protagonistes. Une trentaine de procédures sont encore en cours, selon des médias allemands.

Dont celle visant un autre ancien gardien du camp nazi de Stutthof, aujourd'hui âgé de 95 ans, mis en accusation par le tribunal de Wuppertal, en Allemagne, la semaine dernière, là aussi pour complicité de plusieurs centaines de meurtres. Mais la tenue d'un procès est loin d'être assuré en raison de son âge. 

Ces dernières années, l'Allemagne a jugé et condamné plusieurs anciens SS et élargi aux gardiens de camps de la mort le chef d'accusation de complicité de meurtre, illustrant la sévérité accrue, quoique jugée très tardive par les victimes, de sa justice. Le cas le plus emblématique a été la condamnation à 5 ans de prison de l'ancien gardien du camp d'extermination de Sobibor, John Demjanjuk, en 2011. Il est décédé l'année suivante avant son procès en appel. 

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