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«Fake coronavirus» : 500.000 personnes attendues à Berlin samedi pour fêter «la fin de la pandémie»

Cette mobilisation contre les restrictions sanitaires pourrait être l'une des plus grandes manifestations de ces dernières années en Allemagne. [Photo d'illustration / DAVID GANNON AFP].

Alors que l'Allemagne s'inquiète d'une recrudescence de cas sur son sol et déconseille à ses ressortissants de voyager ailleurs en Europe, Berlin, la capitale du pays, doit accueillir, samedi 1er août, un grand rassemblement contre les différentes restrictions imposées par la pandémie de coronavirus.

Lancée à l'initiative de groupes identitaires et complotistes, cette nouvelle «manifestation corona», comme le pays en a déjà connu plusieurs ces dernières semaines, pourrait rassembler jusqu'à 500.000 personnes, selon le quotidien allemand Der Tagesspiegel, ce qui en ferait l'une des plus grandes manifestations jamais organisée ces dernières années.

Environ 3.000 bus affrétés

Environ 3.000 bus ont ainsi été affrétés pour l'occasion afin de rallier le quartier central de Tiergarten, connu notamment pour son immense parc éponyme abritant le zoo de Berlin.

La foule devrait être composée de nombreux partisans de la théorie du complot, négationnistes du coronavirus et autres membres de groupes d'extrême-droite, tous fermement décidés à célébrer une «journée de la liberté», et sonner «la fin de la pandémie», quand bien même le nombre d'infections au SARS-CoV-2 repart à la hausse en Allemagne.

Des prises de paroles sont également prévues, dont celle de Stephan Bergmann, l'un des représentants du mouvement «Querdenken 711» et organisateur de l'événement. Inconnu il y a encore quelques mois, Bergmann a acquis une certaine notoriété après avoir dénoncé les règles sanitaires en vigueur dans le pays, comme la distanciation physique, et pour avoir qualifié le coronavirus de «faux (fake) virus», porté par des «faux scientifiques».

Des propos qui avaient suscité un tollé mais qui, dans le même temps, avaient su trouver un écho favorable auprès d'une partie de l'opinion publique peut-être plus inconsciente des dangers de la pandémie, l'Allemagne s'étant pendant longtemps mieux défendue contre le coronavirus comparativement à ses voisins.

Autre figure controversée qui devrait faire son apparition durant la manifestation : le polémiste Thorsten Schulte. Conférencier pour le mouvement PEGIDA (Acronyme allemand des «Européens contre l'islamisation de l'Occident», NDLR), Shulte est connu pour avoir mis en garde contre une Europe multiculturelle engendrée par l'immigration de masse «sous influence juive».

Un rappeur du nom de Kevin Mohr devrait également prendre la parole, alors que ce dernier affirme que la population est délibérément empoisonnée par des chemtrails, ces traînées blanches s'échappant des avions, émises dans le but de décimer l'humanité.

Des manifestations qui montent en puissance

En mai dernier, l'organisation «Querdenken 711» s'était déjà fait remarquer après avoir réussi à mobiliser 5.000 personnes dans son fief de Stuttgart. Un rassemblement qui avait donné le coup d'envoi à plusieurs autres manifestations anti-coronavirus du même acabit, principalement dans des villes de l'ex-RDA. 

De son propre aveu, Stephan Bergmann avait alors indiqué aux médias que les mesures sanitaires auxquelles son groupe et lui s'opposent constituaient à titre personnel son tout premier «combat politique».

Au travers de divers portraits et enquêtes, la presse allemande avait pu en apprendre un peu plus sur le parcours de cet homme, ex-fabricant de tambours et danseur, qui a également dirigé une obscure «association pour les modes de vie indiens».

A trois jours de la manifestation berlinoise, les autorités allemandes n'entendaient pas l'interdire, même si elles se réservaient le droit de le faire.

Les grands rassemblements de ce type sont pourtant en principe hors-la-loi mais les autorités les ont jusqu'à présent autorisés sous condition et avec une forte présence policière.

Le pouvoir allemand aux aguets

La manifestation de samedi devrait donc s'aligner sur ce principe, d'autant plus qu'une contre-manifestation est elle aussi prévue. 

Redoutée par les épidémiologistes qui craignent un rebond des contaminations, la manifestation de Berlin sera également très observée par le pouvoir qui redoute qu'un pallier puisse être franchi. Depuis leur apparition, ces manifestations n'ont en effet jamais cessé de gagner en intensité prenant par surprise les responsables publics.

Preuve que le sujet préoccupe jusqu'au sommet de l'Etat, la chancelière allemande Angela Merkel n'avait pas hésité à qualifier ces marches «d'alarmantes».

Il y a quelques semaines, le président de la République, Franz-Walter Steinmeier était quant à lui sorti de sa réserve habituelle pour prévenir qu'il valait «mieux porter un masque qu'un chapeau en aluminium», lequel est traditionnellement associé en Allemagne aux conspirationnistes.

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