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Climat : la hausse des températures va faire plus de morts que toutes les maladies infectieuses réunies

Les pays les plus pauvres et les personnes les plus vulnérables sont en première ligne. [PHILIPPE DESMAZES / AFP].

Si rien n'est fait pour contrer la hausse des températures, les fortes chaleurs et canicules à répétition pourraient tuer tout autant, voire plus, que les principales maladies infectieuses réunies. Tel est le constat, implacable et apocalyptique, dressé par des scientifiques dans une étude relayée par le quotidien britannique The Guardian mardi 4 août.

Dans ce scénario noir, où rien ne serait donc fait pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, les taux de mortalité mondiaux pourraient ainsi atteindre près de 73 décès pour 100.000 habitants d'ici à la fin du siècle.

Concrètement, cela correspond quasiment au bilan actuel réunissant les principales maladies infectieuses que sont la tuberculose, le sida, le paludisme, la dengue et la fièvre jaune.

Pour arriver à ce résultat, les scientifiques ont compilé des milliers de statistiques globales sur les décès et les ont comparées aux données sur la hausse des températures, en se concentrant notamment sur les décès attribuables directement aux coups de chaleur, mais également aux décès où le lien est probable mais moins évident tels ceux consécutifs à des crises cardiaques survenues pendant une canicule.

Les personnes vulnérables et les pays pauvres en première ligne

«De nombreuses personnes âgées meurent déjà à cause des effets indirects de la chaleur», prévient auprès du Guardian Amir Jina, économiste environnemental à l'Université de Chicago et co-auteur de l'étude publiée dans le National Bureau of Economic Research.

Pour l'économiste, en dehors des séniors, les personnes les plus vulnérables seront également celles souffrant de pathologies préexistantes ou sous-jacentes, comme un problème cardiaque par exemple. «Une situation étrangement similaire au Covid-19», commente encore le spécialiste, dressant un parallèle entre les prédictions établies et la pandémie en cours.

Et comme pour le coronavirus, les pays les plus pauvres devraient payer le plus lourd tribut, étant donné que, géographiquement, la plupart sont situés dans les régions les plus chaudes.

Dans cette configuration, des pays comme le Ghana, le Bangladesh, le Pakistan ou le Soudan pourront connaître des bonds de l'ordre de 200 décès supplémentaires ou plus pour 100.000 habitants.

Des mouvements de population sans précédent possibles

A l'inverse, des pays au climat plus froid et aux sociétés plus riches tels la Norvège et le Canada, devraient voir une légère baisse des décès, car de moins en moins de personnes périraient à cause du froid. «Et même dans le cas contraire, si les pays riches connaissent aussi une hausse des décès, ils pourront vraisemblablement payer pour s'adapter au changement», avance Amir Jina.

Mais l'économiste est formel sur un point. Dans le pire des scénarios, c'est-à-dire celui impliquant une augmentation moyenne de la température mondiale de plus de 3°C d'ici à 2100, «il est tout à fait plausible que des millions de personnes cherchent à fuir».

«Et tout comme le Covid submerge et met à l'épreuve les systèmes de soins en l'absence de mesures drastiques, il sera très compliqué de dire ce qu'il pourrait arriver lorsque le changement climatique mettra les Etats au pied du mur», dit-il.

«Nous devons donc absolument comprendre le risque climatique et investir pour l'atténuer afin d'en limiter les impacts», conclut-il.

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