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Liban : l'explosion de Beyrouth aggrave la situation d'un pays en proie à de nombreuses crises

Les manifestations contre le pouvoir, les élites et les banques sont courantes ces derniers mois Les manifestations contre le pouvoir, les élites et les banques sont courantes ces derniers mois. [ANWAR AMRO / AFP]

Crise économique, institutionnelle, sanitaire et humanitaire... Depuis près d'un an, le Liban fait face à des problèmes particulièrement graves qui ont notamment entraîné des manifestations monstres dans la capitale du pays. L'explosion qui a eu lieu ce 4 août au port de Beyrouth vient donc accentuer une situation proche de la catastrophe.

Bien avant la crise économique mondiale engendrée par le coronavirus, le pays était déjà au bord de l'effondrement. Preuve du caractère plus qu'urgent du cas libanais, la haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, alertait sur le risque de famine chez les habitants les plus pauvres le 10 juillet dernier. 

Tout a débuté avec une crise du secteur financier, qui est au centre de l'économie du pays. La dette publique a explosé au fil des années, à tel point que les liquidités des banques, qui finançaient le pays, se sont taries, entraînant par extension un effondrement de la monnaie locale. Depuis plusieurs années, le Liban était parvenu à attirer des capitaux étrangers, qui maintenaient le pays en perfusion. Mais la crise du secteur bancaire a causé une fuite massive de cet argent. Malgré des restrictions, plus de 5,2 milliards d'euros s'étaient envolés en janvier et février 2020. En mars, le Liban s'est déclaré en défaut de paiement.

Il faut dire que face à la crise économique, les autorités n'ont pas montré un visage rassurant pour les investisseurs. Alors que le premier ministre Saad Hariri a annoncé sa démission le 29 octobre 2019 en plein soulèvement populaire, il a fallu attendre le 20 décembre pour voir Hassan Diab nommé en remplacement. Le système politique complexe du Liban rendant la nomination du chef de gouvernement particulièrement difficile. 

Depuis, les négociations entre le pays et les banques pour mettre en place un plan de sauvetage n'avancent pas. Le Fonds monétaire international (FMI) a d'ailleurs récemment proposé son aide pour débloquer la situation. Du côté de la France, toujours très proche du Liban, Jean-Yves Le Drian a récemment fait part de son agacement face à la gestion du dossier lors d'une visite sur place. «Il faut que des mesures de redressement sérieuses soient mises en œuvre. (...) Aidez-nous à vous aider», a-t-il ainsi déclaré lors d'un point presse. 

Le port de Beyrouth, une perte économique monstre

Pour la population libanaise, les mesures sont très concrètes. Les produits de première nécessité deviennent rares ou inabordables, l'électricité est rationnée, l'armée a supprimé la viande dans les repas de ses soldats et les suicides seraient en augmentation drastique, selon l'Orient-Le Jour qui parlait de «série noire» en février dernier. Et les plus pauvres ne sont pas les seuls touchés, puisque la classe moyenne s'est paupérisée à grande vitesse. Aujourd'hui, environ la moitié des habitants vit sous le seuil de pauvreté.

Dans ce contexte, avec une crise du coronavirus qui amplifie les problèmes pré-existants, l'explosion du port de Beyrouth ne va rien arranger. En effet, les réserves en blé du pays sont stockées à cet endroit, et une grande partie des produits alimentaires sont importés en passant par la voie maritime. Ces dernières années, le port était en effet devenu un enjeu économique particulièrement important, permettant au pays de se développer économiquement jusqu'à la crise. Avec la reconstruction qui s'annonce longue, le Liban s'est donc approché, encore un peu plus, d'un effondrement total de son économie. 

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