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Tout savoir sur Alexeï Navalny, l'opposant numéro un de Vladimir Poutine

Alexeï Navalny, le 29 février 2020, lors d'une manifestation anti-Poutine.[Kirill KUDRYAVTSEV / AFP]

Il est présenté comme l’opposant numéro un de Vladimir Poutine et accuse ce dernier d'avoir ordonné son assassinat au poison Novitchok, en août 2020. Qui est Alexeï Navalny, la «bête noire» du Kremlin ?

Militant anticorruption de longue date

L’avocat Alexeï Navalny a participé aux lancements de plusieurs mouvements anticorruption dès les années 2000. Son blog cible particulièrement le train de vie des politiciens et fonctionnaires de l’entourage de Vladimir Poutine. Il a également réalisé des longs métrages dénonçant les affaires secrètes de membres du Kremlin et ne manque jamais de s'en prendre au gouvernement et au président lors de chaque apparition et déclaration.

Après les soupçons de fraudes électorales aux législatives de 2011, remportées par le camp Poutine, il est devenu la principale voix de l’opposition, se lançant même politiquement dans la bataille en se présentant à l’élection municipale de Moscou en 2013. Il a terminé deuxième, derrière un proche du président russe.

Dans la foulée, il a été visé puis condamné pour détournement de fonds (400.000 euros) d’une exploitation forestière. S’il n’est pas possible de dire s’il s’agit ou non d’un coup monté (ce que lui affirme), il a été condamné en 2017 à cinq ans de prison avec sursis, ce qui l’a empêché par la même occasion de se présenter à l’élection présidentielle de 2018.

Idées nationalistes et anti-immigration

Le dissident se laisse parfois aller à des propos anti-immigration et nationalistes. Il a même été exclu du parti d’opposition libéral Iabloko en 2007 pour cela. Lors de sa campagne en 2013, il affirmait ainsi, comme le rappelle Le Figaro, que d’après les statistiques «50% des crimes graves sont commis par les migrants. (...) Les femmes ont peur de sortir le soir dans la rue».

En 2014, lors de la crise de Crimée (annexion par la Russie), il expliquait que «la Crimée restera en Russie et ne fera plus jamais partie de l’Ukraine, du moins avant très longtemps».

Habitué des condamnations, des prisons...

Interpellé à de nombreuses reprises au cours de manifestations anti-Poutine, Alexeï Navalny connaît bien les cellules du système judiciaire russe. Il y a multiplié les passages, entre 10 et 30 jours à chaque fois, pour des infractions concernant l’organisation de ces rassemblements.

En 2014, il a également été assigné à résidence, pour une autre affaire de détournement de fonds (au détriment de la filiale russe de l’entreprise Yves Rocher). Condamné à trois ans et demi de prison avec sursis (son frère a reçu la même peine, mais ferme), la Cour européenne des droits de l’homme avait alors estimé qu’il avait été privé d’un procès équitable, en évoquant des décisions de justice «arbitraires et manifestement déraisonnable». Juste avant sa condamnation, la société de cosmétique avait finalement indiqué n’avoir subi «aucun dommage».

... et des empoisonnements

En juillet 2019, déjà, son avocate avait affirmé qu’il s’était fait «empoisonner» par «une matière chimique inconnue», alors qu’il était en prison. Les autorités russes parlaient elles d’une grave réaction allergique, balayée par ses proches qui ne lui connaissait aucune allergie.

En août 2020, sa porte-parole a indiqué qu’Alexeï Navalny se trouvait inconscient et en soins intensifs, dans le service de toxicologie d’un hôpital de Sibérie. Alors qu’il voyageait en avion, il aurait «été empoisonné avec quelque chose mélangé à son thé. (...) Les médecins disent que la toxine a été absorbée plus rapidement à travers le liquide chaud», ajoutait-elle.

Tombé dans le coma, ce militant de 44 ans a été transféré et soigné pendant cinq mois en Allemagne. Trois laboratoires européens, confortés par les constatations de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), ont depuis conclu qu'il avait été empoisonné. Un agent innervant militaire de type Novitchok, développé à l'époque soviétique, aurait été utilisé.

De son côté, la Russie refuse d'ouvrir une enquête criminelle, invoquant tour à tour une maladie contractée par Alexeï Navalny, sa mauvaise hygiène de vie ou même une provocation des services secrets occidentaux.

De nouvelles accusations

Le dissident a survécu mais l'affaire ne s'arrête pas là puisqu'il a été interpellé dès son arrivée à Moscou, dimanche 17 janvier. Son avion, qui devait atterir à l'aéroport de Vnoukovo, a été dérouté après que ses partisans, venus l'accueillir, ont été arrêtés par les forces anti-émeute.

Redirigé vers l'aéroport de Cheremetievo à la dernière minute, Alexeï Navalny a été interpellé et séparé de son épouse au contrôle des passeports, sous l'oeil de nombreux journalistes.

On lui reproche d'être allé se faire soigner à l'étranger alors que des mesures de contrôle judiciaire lui étaient imposées dans le cadre d'une peine de cinq ans de prison avec sursis pour détournements de fonds.

Fin décembre, une nouvelle enquête pour escroquerie a également été ouverte à son encontre. Il est suspecté d'avoir utilisé 356 millions de roubles (3,9 millions d'euros) issus de dons pour son usage personnel.

Selon Vadim Kobze, l'avocat d'Alexeï Navalny, un tribunal s'est réuni lundi 18 janvier au commissariat de Khimki, là où est détenu son client, afin d'examiner une «demande de placement en détention».

Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre l'opposant russe, visiblement agacé, qui, dans la salle d'audience, dénonce une «parodie de justice». «C'est l'illégalité la plus totale», enchérit-il.

Sa situation est également dénoncée par plusieurs pays occidentaux. L'Union européenne, la France, l'Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni ont notamment réclamé sa libération, de même que le futur gouvernement du président élu Joe Biden. Amnesty International déplore de son côté la «campagne implacable» des autorités russes à son encontre et estime qu'Alexeï Navalny est «un prisonnier de conscience».

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