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Automobile, pêche, agriculture… Quels secteurs ont le plus à perdre d'un Brexit sans accord ?

L'industrie automobile européenne pourrait essuyer une perte de 110 milliards d'euros sur cinq ans en cas de «no deal». L'industrie automobile européenne pourrait essuyer une perte de 110 milliards d'euros sur cinq ans en cas de «no deal». [PATRIK STOLLARZ / AFP]

Entre le projet de loi de Boris Johnson revenant sur certaines dispositions du traité de Brexit conclu l'an dernier et les négociations sur un accord de libre-échange au point mort, la perspective de voir un «no deal» advenir à la fin de l'année apparaît de plus en plus probable. Un scénario catastrophe pour plusieurs secteurs économiques.

Automobile

Un cri d'alarme. L'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) a averti lundi qu'un Brexit sans accord infligerait au secteur automobile européen (en comptant le Royaume-Uni) des pertes commerciales de l'ordre de 110 milliards d'euros sur cinq ans. Cela serait un nouveau coup dur pour une filière déjà frappée de plein fouet par la pandémie de coronavirus, qui lui a coûté 100 milliards d'euros d'après l'ACEA.

Sans accord, l'Union européenne et le Royaume-Uni seraient contraints, à partir du 1er janvier 2021, de commercer selon les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Elles prévoient notamment des droits de douane de 10 % sur les voitures et jusqu'à 22 % sur les fourgons et camions. «De telles taxes, bien plus élevées que les petites marges de la plupart des constructeurs, devraient très certainement être répercutées sur les consommateurs, rendant les véhicules plus chers, réduisant le choix et affectant la demande», estiment les 23 organisations signataires dans leur communiqué.

Pêche

Une profession en première ligne. Les pêcheurs européens font partie des plus inquiets à l'idée d'un Brexit sans accord. En cas d'échec des négociations entre Londres et Bruxelles, le gouvernement britannique serait en effet libre d'interdire aux pêcheurs des 27 Etats membres de l'UE d'accéder à ses eaux territoriales, très poissonneuses. C'est de là que viennent, à l'heure actuelle, environ 40 % des poissons pêchés dans l'Union européenne. Les pêcheurs français seraient particulièrement affectés, puisque 30 % de leur pêche provient des eaux britanniques.

Pour atténuer l'impact potentiellement dévastateur d'un Brexit sans accord, la Commission européenne a adopté en janvier 2019 une proposition permettant aux pêcheurs européens de recevoir une compensation financière en cas de fermeture soudaine des eaux britanniques. Bien qu'ils ne seraient plus limités par des quotas de pêche, les pêcheurs britanniques souffriraient également d'un «no deal». En effet, 80 % des produits de la pêche britannique sont exportés, en grande partie vers l'UE. L'imposition de droits de douane engendrée par un Brexit sans accord réduirait les débouchés vers le continent, en augmentant les prix des poissons.

Agriculture

Le Royaume-Uni est un marché important pour les agriculteurs européens. Pas moins de 9 % des exportations agricoles de l'UE sont en effet envoyées outre-Manche. «En augmentant les coûts au commerce (droits de douane, réglementations…) avec les 27, le Brexit aura des conséquences visibles pour les principaux produits agricoles traversant la Manche, pour l’essentiel issus de l’industrie agro-alimentaire», note l'économiste Lionel Fontagné, professeur à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dans une chronique publiée dans Les Echos en février 2019, ajoutant que les pays les plus touchés seront l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Irlande, mais aussi la France.

Les agriculteurs français risquent gros, car le Royaume-Uni constitue leur troisième marché, après la Belgique et l'Allemagne. Ils y exportent quelque 5 milliards d'euros de produits agroalimentaires par an, pour un excédent commercial d'environ 3 milliards d'euros. Pour les producteurs hexagonaux de vins et spiritueux, le Royaume-Uni est même le deuxième marché d'exportation derrière les Etats-Unis. Du côté des agriculteurs britanniques, un «no deal» pourrait leur coûter 850 millions de livres (920 millions d'euros) l'année suivant le Brexit sans accord, à cause des taxes douanières, selon une étude du cabinet de conseil The Andersons Centre parue l'an dernier.

Tourisme

Déjà fortement secouée par la pandémie de coronavirus (460 milliards de dollars de pertes selon l'Organisation mondiale du tourisme, soit 390 milliards d'euros), l'industrie touristique pourrait prendre un nouveau coup derrière la tête en cas de «no deal». Selon une étude du cabinet Oxford Economics publiée en décembre 2018, ce scénario ferait chuter de 5 % le nombre de voyages à l'étranger réalisés par les Britanniques, l'année suivant la sortie. Une estimation qui ne prend en compte que les effets économiques d'un Brexit sans accord (baisse du pouvoir d'achat des ménages britanniques à cause de la baisse de la livre sterling, hausse des prix des biens de consommation...).

Oxford Economics souligne que l'impact négatif sur le tourisme pourrait être plus important en cas de perturbations du transport aérien causées par le «no deal» ou de problèmes liés à la validité des passeports et des visas. Sans compter les probables longues files d'attente aux douanes, provoquées par le rallongement des contrôles. Destination préférée des vacanciers britanniques, l'Espagne est le pays ayant le plus à craindre d'un «no deal». Madrid pourrait perdre un million de touristes l'année suivant le divorce selon Oxford Economics. En termes de pourcentages, l'Irlande serait le pays le plus touché, avec une baisse de 3 % des arrivées.

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