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Union européenne : l'immigration en débat

Le mécanisme actuel de demande d'asile est jugé inégalitaire par l’Italie et la Grèce, deux pays en première ligne face aux migrants. Le mécanisme actuel de demande d'asile est jugé inégalitaire par l’Italie et la Grèce, deux pays en première ligne face aux migrants. [John Liakos/Intime/Athena Pictures/Shutterstock]

Un dossier explosif. Prenant acte de l’échec de la politique migratoire de l’UE, la Commission européenne va présenter ce mercredi 23 septembre un «nouveau pacte sur la migration et l’asile».

Ce texte majeur est censé remplacer le fameux règlement de Dublin sur les demandes d’asile, critiqué de toutes parts, depuis la crise migratoire de 2015, et que la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen a annoncé la semaine dernière vouloir «abolir». Pour Bruxelles, il s’agit d’un véritable défi, alors que les divisions des Etats membres sur le sujet ont, jusque-là, empêché tout projet de réforme.

Un système à réinventer

Véritable pilier de la politique migratoire européenne, le règlement de Dublin, dit «Dublin III», donne au pays d’entrée d’un migrant en Europe la responsabilité de traiter sa demande d’asile. Deux ans à peine après la signature de ce texte, en 2013, ses failles ont été mises au jour à l’occasion de la crise migratoire, qui a vu débarquer sur le Vieux Continent plus d’un million de réfugiés, fuyant notamment la guerre en Syrie. Les pays situés aux frontières extérieures de l’UE, au premier rang desquels l’Italie, la Grèce ou Malte, se sont retrouvés à devoir gérer un fardeau migratoire important, simplement du fait de leur situation géographique. Ils se sont sentis abandonnés par leurs voisins et n’ont eu de cesse, depuis, de dénoncer un système jugé inégalitaire.

Au-delà de ces critiques sur le principe du mécanisme, son inefficacité est pointée du doigt. La France et l’Allemagne, qui concentrent l’essentiel des demandes d’asile dans l’UE, peinent à renvoyer les «Dublinés» vers leur pays d’entrée, et ils s’entassent dans des camps. Sans compter les demandes d’asiles multiples effectuées dans plusieurs pays par de nombreux réfugiés, pourtant impossibles en théorie selon les règles en vigueur.

Présentée comme l’une des priorités de son mandat lors de sa prise de fonctions fin 2019, la réforme migratoire voulue par Ursula von der Leyen inclura «un nouveau mécanisme fort de solidarité», a-t-elle assuré la semaine dernière, tenant à rassurer les pays du sud de l’UE, en première ligne dans l’accueil des migrants. Cette solidarité «doit être obligatoire», a affirmé samedi la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, tout en évoquant des pistes pour aider les Etats «sous pression» : «relocalisations» de migrants vers d’autres pays de l’UE et aides «au retour» de personnes déboutées du droit d’asile vers leur pays d’origine.

Une Europe divisée

Malgré la volonté affichée de la Commission européenne, ce nouveau projet de réforme n’est pas certain de voir le jour. Il doit en effet être voté à l’unanimité par les Vingt-Sept puis être approuvé par le Parlement européen, ce qui est loin d’être gagné.

«Certains pays de l’Est, notamment la Hongrie et la Pologne, sont réticents car ils ne veulent plus accueillir de migrants», explique Yves Doutriaux, professeur de géopolitique à l’Université Paris-Dauphine. Après la crise migratoire de 2015, ces mêmes Etats avaient déjà précipité l’échec des quotas de répartition de migrants décidés par l’UE en refusant d’en assumer leur part. Le ministre adjoint grec des Migrations, Giorgos Koumoutsakos, s’attend donc à des négociations «compliquées et difficiles» entre les Vingt-Sept.

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