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Le méthane de l'Arctique commence à se libérer selon les membres d'une expédition scientifique

Le méthane a un effet de réchauffement 80 fois plus fort que le dioxyde de carbone sur 20 ans.[Capture d'écran Twitter ©ISSSarctic2020]

Les scientifiques les savaient là, gelés au fond de l'eau en Arctique, mais ils n'avaient pas imaginé que ces gigantesques gisements de méthane avaient déjà commencé à se libérer. Pourtant, des chercheurs ont relevé des niveaux élevés de ce gaz à effet de serre au large de la côte de la Sibérie orientale et craignent que cela accélère le phénomène de réchauffement climatique.

La présence de méthane, en quantité importante, a été détectée jusqu'à une profondeur de 350 mètres dans la mer de Laptev, près de la Russie, selon le Guardian. Ce gaz, ainsi que d'autres, est présent dans les sédiments des pentes de l'Arctique, sous forme d'hydrate. L'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) explique que les hydrates de gaz ont «l'apparence et la consistance de la glace. Ce sont des molécules de gaz (comme le méthane) entourées par un réseau de molécules d'eau disposées en cage».

L'Ifremer précise également que «de très grandes quantités de gaz peuvent être stockées sous forme d'hydrates». C'est justement le cas en Arctique et c'est bien ce qui inquiète les scientifiques.

Sachant que le méthane a un effet de réchauffement 80 fois plus fort que le dioxyde de carbone sur 20 ans, sa libération massive est préoccupante. D'ailleurs, la déstabilisation des hydrates de l'Arctique a été répertoriée comme l'un des quatre scénarios les plus graves de changement climatique brutal par l'Institut d'études géologiques des Etats-Unis.

L'équipe du programme d'étude internationale du plateau sibérien (ISSS) a vu des nuages de bulles se dégager des sédiments en six points de surveillance différents, sur une zone de 150km de long pour 10 km de large.

Si la plupart des bulles de gaz se dissolvent pour l'instant dans l'eau, les chercheurs ont néanmoins enregistré des concentrations de méthane allant jusqu'à 1.600 nanomoles par litre, à une profondeur d'environ 300 mètres. C'est 400 fois plus que ce à quoi on peut s'attendre. Ce gaz à effet de serre a également été détecté en grande quantité à la surface, à des niveaux quatre à huit fois plus élevés que la normale.

Interrogé par le Guardian, Igor Semiletov, scientifique en chef à bord du navire d'étude et membre de l'Académie russe des sciences, juge que ces rejets sont «nettement plus importants» que ce qui a pu être relevé auparavant. Il développe : «C'est une nouvelle page. Ils peuvent potentiellement avoir de graves conséquences sur le climat, mais nous avons besoin d'études supplémentaires avant de pouvoir le confirmer».

En attendant d'y voir plus clair, la meilleure hypothèse de l'équipe du programme d'étude est que cette instabilité est dûe à une intrusion de courants chauds venus de l'Atlantique, dans l'est de l'Arctique. Le scientifique suédois Orjan Gustafsson, de l'Université de Stockholm, estime qu'il est «peu probable» que le phénomène «ait un impact majeur sur le réchauffement climatique» dans l'immédiat. Mais le «processus est maintenant déclenché», ajoute-t-il.

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