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Joe Biden : quelles relations aura le président américain avec la France ?

Un nouveau chapitre des relations franco-américaines pourrait s'ouvrir avec la victoire de Biden. [BRENDAN SMIALOWSKI / AFP].

Sous Donald Trump, les relations entre la France et les Etats-Unis ont connu ces quatre dernières années quelques hauts et surtout beaucoup de bas. Mais alors que Joe Biden vient d'arriver au pouvoir, la situation semble être sur le point de se calmer. Un appel entre le nouveau président et Emmanuel Macron doit d'ailleurs être organisé ce 24 janvier.

Des relations diplomatiques normalisées

Là où Donald Trump s'est illustré par son utilisation compulsive du réseau social Twitter, Joe Biden, lui, devrait ainsi d'abord renforcer l'usage des canaux diplomatiques traditionnels, en respectant les us et coutumes et les techniques de négociations en la matière, sans les remettre en cause à la dernière minute.

Emmanuel Macron avait donc déjà pu discuter avec le démocrate quelques jours après l'annonce de sa victoire en novembre dernier. L'Américain voulait soigner ses relations avec la France, le «plus vieil allié» des Etats-Unis. Le président le lui a bien rendu, en le félicitant à nouveau ce 20 janvier sur les réseaux sociaux, date à laquelle lui et Kamala Harris ont fait leur entrée à la Maison Blanche. Pour autant, après l'investiture, c'est Boris Johnson qui, parmi les dirigeants européens, aura eu l'opportunité d'être le premier à converser avec le pensionnaire du bureau ovale. 

Le retour des Etats-Unis dans l'accord de Paris

Autre point, et non des moindres, le candidat démocrate a amorcé par décret présidentiel le retour dans l'accord de Paris sur le climat, dont les Etats-Unis sont officiellement sortis mercredi 4 novembre. Cela était un engagement de longue date, qu'il a respecté dès le premier jour de son arrivée au pouvoir. «Welcome back», a d'ailleurs tweeté Emmanuel Macron à ce sujet.

Pour rappel, c'est en juin 2017 que Donald Trump avait déjà annoncé, là encore de façon tonitruante,  son souhait de quitter l’accord de Paris, indiquant avoir été élu «pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris». 

Joe Biden pourrait avoir une vision proche de celle d'Emmanuel Macron concernant l'agenda climatique. Le démocrate a en effet promis de s'engager sur cette urgence, sans pour autant engager un «Green New Deal» souhaité par les plus progressistes de son camp. Reste à savoir si cela se traduira par de nouveaux accords sur la question dans les quatre années à venir. 

Des relations commerciales assainies

L'aspect le plus concret dans l'immédiat, est un assainissement des relations commerciales qui, entre la France et plus largement l'Europe et les Etats-Unis, se sont beaucoup crispées ces dernières années. Les constructeurs automobiles, aéronautiques, les géants du luxe ou le secteur de la vigne et du vin, qui exportent massivement vers les Etats-Unis ont rudement eu maille à partir avec Trump, et sont à ce sujet d'autant plus dans l'expectative.

Pourtant, et aujourd'hui encore davantage dans la conjoncture déjà tendue de l'épidémie de coronavirus, le gouvernement démocrate donnera sans doute plus de temps aux négociations, tout en restant ferme sur ses positions. 

Dans ce contexte, rien ne dit que les surtaxes douanières, enchaînées massivement ces dernières semaines à coups de dizaines de milliards d'euros de biens par le pouvoir républicain, soient significativement allégées. Joe Biden n'a en effet réalisé aucune déclaration allant dans ce sens depuis le 20 janvier. Emmanuel Macron pourrait bien décider d'en discuter avec lui, d'autant plus que la France est particulièrement visée avec les 25% d'imposition douanière sur les vins et spiritueux annoncée fin 2020 par l'administration de Donald Trump.  

Des dossiers en commun

Outre ce «retour à la normale» généralisé pour les relations entre les deux pays, Emmanuel Macron et Joe Biden devront réussir à s'entendre sur des objectifs communs. En effet, les Etats-Unis et la France sont des alliés sur plusieurs dossiers, à commencer par celui du nucléaire iranien. Les Etats-Unis sont sortis de l'accord de Vienne de 2015 sur le sujet, mais l'administration démocrate s'est récemment dite prête à y revenir, à condition que les Iraniens respectent leurs engagements. Des négociations importantes doivent avoir lieu sur une potentielle levée des sanctions contre Téhéran, mais pourraient être parasitées par la prochaine élection présidentielle organisée en république islamique.  

Une autre question est celle du terrorisme. Donald Trump n'hésitait pas à prendre des décisions de manière unilatérale sur ce sujet, ce qui pouvait compliquer la tâche des Européens sur la question. Alors que la France et l'Allemagne rencontrent régulièrement les Egyptiens sur la question, nul doute que la participation active des Américains à cette lutte serait la bienvenue du côté européen. 

Enfin, concernant les intérêts et inquiétudes en commun, Joe Biden et Emmanuel Macron pourraient discuter de la Chine. L'Union européenne s'inquiète autant que les Etats-Unis de la montée en puissance de Pékin. À ce titre, Anthony Blinken, le nouveau secrétaire d'Etat, a par exemple expliqué que la fermeté de Donald Trump sur le sujet était la bienvenue, même s'il n'était pas pour autant d'accord sur la manière de procéder. De quoi donner le ton pour les semaines et mois à venir. 

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