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Coronavirus : y a-t-il plus d'enfants hospitalisés au Royaume-Uni à cause de la mutation du virus ?

L'interview d'une infirmière britannique, qui décrivait des «salles entières» remplies d'enfants malades du Covid-19, a semé la panique outre-manche. [JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Apparu outre-manche au mois de décembre, le variant britannique du coronavirus suscite l'inquiétude. En particulier depuis que l'infirmière en chef du King's College Hospital de Londres, Laura Duffell, a laissé entendre, lors d'une interview pour la BBC Radio vendredi 1er janvier, que cette mutation avait entraîné une hausse «effrayante» des hospitalisations d'enfants. Une affirmation rapidement démentie par les pédiatres britanniques.

Ils ont tenté d'endiguer la vague de panique causée par l'intervention de Laura Duffell qui décrivait «des salles entières» d'enfants atteints du Covid-19, alors même qu'«ils n'étaient que très peu affectés lors de la première vague». Ses déclarations ont fait monter l'angoisse d'un cran, au moment où le Royaume-Uni connaît un rebond épidémique en partie imputé a ce nouveau variant jugé plus contagieux.

Le Collège royal de la pédiatrie et de la santé infantile s'est opposé aux propos de l'infirmière en chef dans un communiqué publié le lendemain. Russell Viner, le président, rappelle que «les services pour enfants sont généralement occupés en hiver» et ajoute : «Pour le moment, nous ne constatons pas de pression significative du Covid-19 en pédiatrie à travers le Royaume-Uni».

En parallèle, une étude menée par le Centre d'analyse des maladies infectieuses de l'Imperial college de Londres souligne néanmoins une propagation accrue du variant britannique du coronavirus chez les moins de 20 ans. Une donnée que Russell Viner ne nie pas puisqu'il reconnaît que «la nouvelle variante semble toucher tous les âges».

Il nuance néanmoins l'information puisque, selon lui, il y aura nécessairement «une légère augmentation du nombre d'enfants» testés positifs au Covid-19 «au fur et à mesure que les cas dans la communauté augmentent». De plus, le pédiatre insiste sur le fait qu'un tel diagnostic n'implique pas forcément une hausse des hospitalisations d'enfants puisque «l'écrasante majorité» de ces derniers «ne présentent aucun symptôme ou une maladie très légère» lorsqu'ils sont infectés.

Les chiffres des services de santé britanniques, relayés par le Parisien, semblent pour l'heure confirmer cette tendance. Ces trois dernières semaines, le nombre quotidien d'admissions d'enfants de 5 ans ou moins pour Covid-19 est passé de 7 à 19, contre une moyenne de 12,5 hospitalisations chaque jour lors de la première vague, du 1er au 7 avril.

Il y a donc bel et bien une augmentation mais qui constitue toujours une part minime par rapport au total des admissions pour Covid-19. A titre d'exemple, sur les 2.859 entrées à l'hôpital enregistrées en Angleterre le 29 décembre, 37 concernaient des jeunes (22 enfants de 5 ans ou moins et 15 autres âgés de 6 à 17 ans).

Sur Twitter, Laura Duffel se défend d'avoir voulu «effrayer les gens». Mais, selon elle, ils doivent «savoir que cette nouvelle vague ne concerne pas que les générations les plus âgées». Les internautes lui reprochent surtout d'avoir parlé de «salles entières» remplies de petits malades du Covid et dénoncent un discours alarmiste. En réaction, plusieurs soignants britanniques se sont manifestés sur le réseau social à l'oiseau bleu, afin de prôner l'apaisement.

A l'image de Ronny Cheung, pédiatre consultant, qui a qualifié l'intervention de Laura Duffell de «fausse» et «irresponsable« puisqu'elle «terrifie les parents» et «nourrit les négationnistes du covid». Suggérant une «citation sélective ou erronée», le médecin indique qu'il n'accuse pas l'infirmière de mentir. Néanmoins, le message rapporté est selon lui bon pour la «poubelle» et «il est important qu'il ne soit pas mal interprété par des parents inquiets».

«Je ne dis pas non plus que les enfants ne contractent pas le covid, ni que le nouveau variant ne se propage pas plus facilement (nous ne le savons pas encore avec certitude). Mais ils ne tombent pas tous gravement malades et ne sont pas tous admis à grande échelle, et cela est corroboré par mes collègues de Londres», poursuit-il en partageant les chiffres officiels.

D'autres lui ont emboité le pas, assurant que leurs services ne sont pas submergés d'enfants infectés par le coronavirus. «Mon hôpital est plein de Covid. Mais les patients ne sont pas des enfants», écrit Luci Etheridge du Saint George's Hospital ; «Je continue de m'inquiéter pour mes aînés, par pour mes enfants», enchérit Liz Whittaker, qui travaille au Saint Mary's Hospital.

En France, le président du Conseil national de la pédiatrie, Robert Cohen, se range du côté de ses homologues anglais qui n'ont signalé aucun «surrisque pour les enfants» selon lui. Néanmoins, il estime que «la transmissibilité augmentée» de ce variant du virus, «aussi bien chez l'adulte que chez l'enfant», est un problème. C'est pourquoi il insiste auprès du Parisien pour qu'une «vigilance supplémentaire» soit mise en place vis-à-vis des jeunes.

Il ne craint pas que cette mutation soit source de formes plus graves pour les enfants, mais met en garde contre le fait que ces jeunes malades puissent «contaminer davantage de personnes» en raison de la contagiosité supposée accrue. Pour contenir le phénomène, le pédiatre conseille de tester davantage les petits lorsqu'ils présentent des symptômes et de les garder impérativement chez eux si le résultat s'avère positif.

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